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Le manoir des G. était une grande bâtisse, constituée de plusieurs tours et d'un grand donjon, du style gréco-romain.

Les gargouilles gothiques faisaient revivre les plus grands mythes, leur aspect terrifiant étant censé éloigner les ennemis d'un autre temps. Les murs de la demeure, malgré le lierre qui les recouvrait, étaient bien entretenus. De larges fenêtres permettaient d'entrevoir des pièces spacieuses, enduites de tapisseries. Les toits en chapiteaux, faisaient office de champs aux grandes cheminées en granit qui poussaient là, s'élevant vers le ciel, fièrement dressées.
Tout cet ensemble reposait dans un large parc, vaste étendue d'herbe verte qui arborait de splendides conifères et feuillus, répondant aux normes de la mode des jardins à l'anglaise. Des parterres de fleurs, un fouillis coloré et irrégulier, tranché par des haies et séparation, donnait l'impression à la personne qui rentrait dans la propriété d'être dans une jungle élégante. La grande allée centrale, pavée, bordée de bosquets traversait le ''jardin'' jusqu'à la grande porte du manoir. 

Mando s'avança, marchant d'un bon pas en se remémorant de vieux souvenirs, ce lieu lui en ressassait tant.
Arrivée à la grande porte en chêne, elle souleva le heurtoir orné d'arabesques et le pressa plusieurs fois contre le bois mort.

La porte s'ouvrit sur une femme âgée, aux cheveux gris tirant sur le blanc. Ses lèvres pincés et ses yeux reflétaient un mépris certain.

- Bonjour, ma chère, grinça t-elle.

- Bonjour ma tante, tout le plaisir est pour moi.
 

                         ***

Mando et sa tante se faisaient à présent face autour d'une petite table basse en verre. La vieille dame porta sa tasse de thé à sa bouche et y trempa les lèvres. Puis elle la reposa délicatement dans sa soucoupe, troublant ainsi le silence pesant d'un bruit de porcelaine.

 Mando gigotait sur son fauteuil en velours, elle n'osait pas interrompre sa tante. Elle porta son regard sur les lourdes tentures faites à la main qui décoraient les murs. Elles étaient très anciennes et très coûteuses. Tout dans l'immense manoir était cher. Il faut dire que tante Glenda était très riche. Et très radine. Bien peu pouvaient se vanter d'avoir réussi à lui extorquer de l'argent, elle le protégeait avec zèle et ardeur. 

Mando avala sa salive difficilement et regarda sa tante. Celle ci était en train de rajuster son tailleur gris de haute couture. 

Baissant les yeux sur son jean et son pull simple, Mando se sentit un peu coupable, mais elle prit son courage à deux mains et demanda :

- Ma tante, je ne vais pas y aller par quatre chemins ni tourner autour du pot. Voilà... Manda, une très chère amie à moi , a disparue et j'ai besoin d'argent pour continuer les recherches, plus précisément pour payer le détective s'occupant de l'affaire et...

- Assez ! 

La tonalité avait résonné avec force dans le salon. Le ton sec montrait combien la maîtresse des lieux était en colère.

- La grande majorité des gens qui m'approche veut seulement voir la couleur de mon argent, ce sont des hypocrites et tu n'es pas différente d'eux, reprit-elle d'une voix glaciale.Tu n'auras pas un centime de ma part, ni maintenant ni jamais ! J'aurai dû me douter que tu n'étais venue que pour me soutirer quelque chose, petite ingrate. Tu me déçois tellement, tu m'a toujours déçu. Maintenant, sors immédiatement de ma propriété ! 

Mando, qui avait courbé l'échine sous de tels reproches, redressa la tête. Elle affronta sans sourciller le regard hautain et froid de tante Glenda, puis sans rien dire, elle se leva et quitta le manoir.

Tandis qu'elle traversait le parc à toute allure et qu'elle arrivait au portail, un son déchira le silence :

- Mando ! 

La jeune fille se retourna, elle écarquilla les yeux en rencontrant son Oncle Gustave.

Ce dernier était essoufflé, une barbe naissante de 5 jours s'étalait sur son visage rougeaud. Il avait un nez droit, des yeux olives reflétant une grande sagesse et de courts cheveux crépus.

Heureuse, elle lui sauta dans les bras :

- Mon oncle, comme vous m'avez manqué !

Le vieil homme, mal à l'aise, lui tapota maladroitement le dos.

- Mais moi de même, ma grande

Se séparant, ils marchèrent jusqu'à un petit banc, en fer qui reposait sous un haut saule pleureur, où ils s'assirent.

- Je suis sincèrement désolé de la réaction de ta tante, tu la connais...quand on lui parle d'argent..., commença t-il

- Je le sais bien, mais j'espérai qu'elle ferait preuve de sympathie pour mon amie, elle n'a même pas daigner m'écouter ! se désola Mando.

-Hem...

Son oncle s'agita, son regard fuyant le sien.

- J'aimerais beaucoup t'aider en te donnant tout ce dont tu as besoin....mais ta tante ne me laisserai pas faire, je peux juste te proposer d'essayer de la convaincre

Il lui fit un sourire contrit.

- Merci mon oncle, mais je vais me débrouiller seule , vous n'arriverez jamais a persuader votre revêche de femme , rigola t-elle

- Ne dis pas cela , je peux tout de même essayer, affirma t-il désespéré

- Si vous voulez mais depuis l'accident....

Gus fronça les sourcils et s'insurgea : 

- Ah ! Malheur, ne parlez pas de ça ! Ça ne nous as apporté que des ennuis !

- C'est vrai.

Elle remercia et salua Gustave, puis quitta la propriété par le majestueux portail.

Malheureuse, elle repensa a cet entretien qui n'avait servi à rien, de plus son oncle était gentil mais trop lâche, il n'osait pas s'imposer face à sa tante, toute sa vie il sera resté sous son contrôle.

Elle souffla puis en apercevant l'heure sur l'écran de sa montre, accéléra le pas. Elle allait encore être en retard.

MandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant