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- Je disais donc, que je soupçonne votre amie de s'être enfuie .... déclara le très "aimable" commissaire.

- Nous n'avons pas retrouvé de traces sur toutes les vidéos surveillances du département, l'informa un jeune gendarme, armé d'un bloc-notes.

- Je n'avais pas finis ma phrase ! rugit le vieux schnock impulsif, la faisant sursauter.

Des cours de yoga ou de gestion de la colère lui serait utile. Ou un bon coup dans son égo.

Mando soupira, elle ne supportait plus cet homme et l'entretien s'éternisait. Le commissaire Lamatraque, remarquant son comportement, s'énerva de plus belle : 

- Je vois que tous le monde ici se fiche de moi ! Ça vous fait rire de vous payer de ma tête, hein ! Mais vous ferez moins les malins quand, vous , jeune homme vous serez à la circulation et toi la petite teigne tu n'aura plus que tes yeux pour pleurer lorsque ton amie sera notée "disparue à jamais " lui cracha t-il au visage . 

Là s'en était trop , elle se leva pour lui déclarer ses quatres vérités , lorsque la porte du bureau s'ouvrit sur un mastodonte en costard qui, un café à la main, s'approcha du commissaire et d'une voix lourde de sens l'avertit : 

- Ceci est la dernière chance de garder votre poste, cette enquête vous devez la réussir ...

Il lui planta un doigt dans le flanc, Lamatraque grimaça et ses doigts, crispés sur le dossier de sa chaise, blanchirent dangereusement.

-Donc, reprit la masse humaine, si vous injuriez et discriminez tous les membres de l'affaire, le résultat ne conviendra pas au Chef' et je vous préviens qu'elle n'aura aucun remords à vous virer.

Il le menaça une dernière fois du regard puis jeta un coup d'œil au gendarme, qui manquait de s'évanouir. Son regard devint compatissant, il prit le jeune homme par le bras et la salua en sortant.

- Au revoir mademoiselle, puis tout en refermant la porte , viens mon petit on va te donner un petit remontant.

Ces derniers partis, le commissaire, encore livide, bouillait de rage et de honte. C'est alors qu'il fit ce qu'elle n'aurait jamais imaginé : 

- Venez avec moi, on retourne sur les lieux du crime ... Et je vais vous montrer de quel bois je me chauffe.

Bon bon bon... Mieux vaut-il ne pas le contrarier...

Quelque minutes plus tard, Mando descendit de la voiture de police. Dans une pathétique tentative de paraître charismatique, le commissaire tenta de s'extirper d'un seul mouvement de la voiture. Résultat : il s'écrasa lamentablement par terre, à plat ventre ( qui dans son cas n'était pas très plat). Son embonpoint avait amorti le choc et il se redressa furieusement, en soufflant comme un bœuf.

 Le visage rouge, Mando s'efforça vainement de ne pas rire, mais la tension monta et, n'y pouvant plus, elle explosa dans un fou rire colossal sous le regard noir du commissaire. Finalement, elle se calma et fixa l'homme en face d'elle qui tentait de garder un peu de dignité. 

- Alors, que faisons nous ici ? 

- Un meurtrier revient toujours sur les lieux du crime, affirma Lamatraque. On va se cacher... là !

Il désignait un buisson touffu, à côté d'un banc. Mando tourna la tête vers l'endroit, puis vers le commissaire. 

C'est une blague ?

- Hum, j'ai, comment dire, d'autres choses à faire. Et puis, ce n'est pas mon métier. 

- Et vous ne vous sentez pas un tout petit peu responsable quand même ? C'est vous qui avez trouvé le corps ! 

Mando fronça les sourcils.

- Je veux seulement retrouver Manda. Je n'ai jamais demandé à être mêlée à cette histoire de meurtre. 

Le commissaire l'ignora superbement et alla se poster dans le buisson avec des jumelles. Il devait penser que la discussion était terminée et que la jeune femme allait le suivre bien sagement. 

Alors, Mando fit demi tour et commença à partir en claquant des talons. 

-T-t-t... Où croyez-vous aller ? L'interrompit le commissaire en jubilant.

-Je retourne chez moi, ma présence ici n'est pas requise.

-Aha ! (le commissaire accompagna son exclamation d'un large geste d'autosatisfaction)  Vous avez sans doute oublié que je peux toujours classer cette affaire de disparition sans suite. Et vous discréditer dans tout le commissariat.

C'est ça, personne ne te prend au sérieux, mon pauvre.

Soudain, un bruit stoppa son monologue. Tout les deux se turent et se figèrent.

Se concentrant sur l'homme vêtu de noir, le commissaire sortit un mini appareil photo avec lequel il entreprit de prendre en flagrant délit le nouveau venu. Ce dernier à quatres pattes sur le sol terreux prélevait des grains de sable et se retournait régulièrement, fixant nerveusement le parc. Il faillit par deux fois les apercevoir.

Mando étudiait ces traits, elle avait l'impression de les avoir déjà vu. Alors qu'elle réfléchissait, le commissaire, en ayant assez vu, se leva pour l'interpeller.

Il s'élança en avant et surgit du buisson, faisant bondir le suspect.

- Halte, mon bonhomme ! Vous êtes en état d'arrestation ! 

L'homme, ayant pris peur, recula et se prit les pieds dans des cailloux, il bascula en arrière et s'affala de tout son long dans un bruit sourd. La sacoche qu'il portait se déversa et c'est au journal percé de deux trous qu'elle le reconnue.

- Détective Will ! Mais... que faites vous là ? S'exclama Mando en écarquillant les yeux.

Il se releva, sorti un cigare de son imperméable, le glissa dans sa bouche puis lui répondit :

- J'examine, très chère. Et je trouve des preuves. 

- Vous avez retrouvé Manda ?!

- Pas encore mais ça ne saurait tarder. Je fais d'une pierre deux coup : je m'efforce de retrouver Marca, et j'enquête sur le meurtre. 

Le commissaire se planta devant le détective.

- Ça c'est mon boulot, gros malin. Je suis on ne peut plus compétent que toi alors tu va me faire le plaisir de déguerpir et te ne plus te mêler de cette affaire. 

Ensuite, il se tourna vers Mando et lui conseilla de virer ce " détective amateur", ce qu'elle refusa évidemment de faire.

Les trois se retrouvèrent là, les bras ballant. La lumière de l'après midi commençait déjà à décliner et l'air s'était légèrement rafraîchit. Le commissaire se racla la gorge et proposa finalement de rentrer. Avec un haussement d'épaule, Mando et détective chose approuvèrent et tout ce petit monde alla s'entasser dans la voiture. 

MandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant