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C'est à partir de là que les ennuis commencèrent. Tout d'abord, elle frauda dans le bus, n'ayant pas sa carte. Comble du malheur, c'est précisément dans ce bus que les contrôleurs décidèrent de rendre une petite visite. Elle joua sans grand peine les jeunes femmes éplorées pour attendrir le contrôleur. For heureusement il n'eut pas de mal à se faire convaincre et elle pu échapper à l'amende. Ensuite, elle se rendit à son rendez-vous avec une bonne demi-heure de retard. Elle arriva à la terrasse du café "chez Bruno" et chercha du regard un très vieil homme plein de petites rides, au cheveux blanc et aux yeux pétillants. 

Il attendait seul, devant une tasse de café serré. 

- Grand-père ! Comme je suis heureuse de te voir, s'exclama Mando en lui déposant un bisou sur la joue.

C'était ses grands-parents qui s'étaient occupés d'elle durant l'année suivant la mort de ses parents. Elle avait alors 17 ans et s'était effondrée en apprenant le décès de son père et de sa mère dans un crash d'avion. Sans jamais se l'avouer vraiment, elle s'était toujours sentie coupable. C'était à cause d'elle qu'ils avaient voulus rentrer précipitamment en Angleterre de leur voyage de noce. Mando était logée chez ses grands parents le temps pour ses parents de faire leur voyage de noce à Venise, mais, au bout de quelques jours, l'adolescente qu'elle était avait été prise d'une forte fièvre et elle était tombée gravement malade. Fous d'inquiétude, ses parents avaient sauté dans le 1er avion dans le but de rejoindre le chevet de leur fille souffrante. Malheureusement, l'avion s'était crashé dans des circonstances inconnues et il n'y avait eu aucuns survivants.

En apprenant la mort de sa sœur, Tante Glenda avait nourrie une haine sans nom à l'égard de sa nièce. Il faut savoir qu'elle adorait sa sœur, et lors du choc de son décès, la femme souriante et avenante s'était transformée en une créature aigrie et sans pitié, renfermée sur elle même. 

Les grands-parents de Mando avaient alors prit leur petite fille sous leurs ailes jusqu'à ce qu'elle décide de partir vivre de façon indépendante, un an plus tard.

Mando leur avait toujours été très reconnaissante, et elle avait beaucoup pleuré lors de la mort de sa grand mère, il y a 2 ans. 

- Mando, mon ange. Comment vas-tu ? 

La voix fatiguée la reconnecta au monde et elle s'apperçut qu'elle avait les larmes aux yeux. Mando se força à sourire et appela le serveur pour se commander un café, le temps de discuter un peu avec son grand père. 

Puis, comme sa journée avait mal commencé et devait mal se terminer, en rentrant à son appartement elle tomba devant tout le monde en trébuchant contre un trottoir. Épuisée et meurtrie, elle se glissa dans son bain.

                     ***

C'est son voisin de palier qui à 8h du matin, la réveilla de son doux sommeil. Alors qu'il rentrait d'une boîte de nuit, il eut la formidable idée de se tromper de porte, d'essayer d'ouvrir la sienne avec sa clé et de tambouriner comme si la vie en dépendait sur la pauvre porte.

Mando, en pijama combi licorne, armée d'un balai avait dû le raccompagner jusqu'à son appartement et le lui ouvrir.

Puis tel un zombie, avait puisé dans ses dernières sources d'énergie pour revenir à son lit et s'écrouler dessus.

C'est donc avec un grand mécontentement qu'elle décrocha trente minutes plus tard son portable qui vrombissait sur sa table de chevet. 

- Allô ? Grogna t-elle 

- Bonjour, ici le commissaire Lamatraque, je vous appelle car je m'occupe de l'enquête qui repose sur le meurtre d'une jeune femme ressemblant à votre amie ...

- Manda ?

- Oui, c'est cela, je tenais à vous demander de venir au commissariat cet après midi, à partir de 14h. Nous parlerons de l'enquête puis je vous poserai quelques questions...

Allons bon...

 -Mais ... Les policiers du commissariat m'ont déjà interrogé ! protesta t-elle.

- Bien sûr ! , il hésita, mais ce serai pour des questions plus... personnelles.

Elle n'avait pas le choix, le commissaire lui forçait la main.

- Très bien , j'y serai ,assura t-elle

- Magnifique ! A cet après midi mademoiselle ! 

Et il raccrocha .

- C'est ça, à cet après midi ... grommela t-elle 

Et elle se rendormi dans son oreiller.

                  ***

Le commissariat était à trois rue de l'appartement de Mando, elle y alla donc a pied. Il était 14h20 et elle venait à peine de se réveiller. Sa nuit avait été incomplète et elle s'était donc levée épuisée. Elle avait essayé de cacher en vain ses cernes bleuâtres sous une couche de fond de teint mais le résultat était raté. 

Le commissaire se tenait debout sur les marches, en pause cigarette. Il regardait l'horizon et ne l'avait pas encore vu. 

- Aaaah ! 

Il exécuta un bon de deux mètres et écarquilla les yeux. Mando lui avait seulement tapé sur l'épaule. Il s'approcha lentement d'elle et, la fixant droit dans les yeux, il inspira une ultime bouffée de cigarette, jeta le mégot par terre et lui souffla la fumée au visage. Mando garda la tête droite et déglutit difficilement.

Le commissaire soupira en secouant la tête l'air de se dire : Ce qu'elle est bête !

 Puis il la guida dans une salle pour lui poser des questions. Mando redoutait ce moment, elle savait qu'il serait gênant à souhait.

Les deux personnes s'assirent face à face, autour d'une table métallique. 

- Je ne vais pas tourner autour du pot : je vous ai appelée pour une raison précise, articula l'homme bedonnant. 

- Oui, et vous m'avez réveillée par la même occasion !

Le commissaire leva les yeux au ciel en grommelant. 

- J'avance sur mon enquête, grâce à mon talent elle sera bientôt classée. Donc si je dois vous appeller, je suis prioritaire et je fais ce que je veux. Vous n'êtes qu'une pauvre fille paumée qui ne peut évidemment pas comprendre mes brillantes déductions, vous serez donc priée de laisser travailler ceux qui savent y faire et de ne pas rechigner quand vous avez la chance d'aider une personne telle que moi. 

Mando se demanda ce qu'il avait fumé pour être aussi exécrable et prétentieux. Elle décida de le haïr et lui jeta un regard assassin. Pourtant, au téléphone, il avait l'air plutôt aimable.



MandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant