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Quatre histoires et c'est parfait. Saviez-vous que le chiffre quatre avait une symbolique mystique dans de nombreuses cultures ? Considéré comme le chiffre du mal, notamment en Asie. J'aurais pu continuer plus loin, ajouter plus d'intrigues, ou m'arrêter en cours de route. Ainsi il y eût un long écart temporel entre la publication de Butterfly Drink et d'Ariane. Mais je savais que je me devais de sortir cette nouvelle finale avant de conclure en beauté ce recueil.

Ces quatre nouvelles ont chacune une ambiance et une thématique différente. Plusieurs choses distinguent notamment les récits de Jardin d'Ombres de mes autres livres. Premièrement, j'emploie rarement le point de vue interne, à l'exception de Je m'appelle Caroline, toutes mes histoires sont racontées d'un point de vue omniscient. Ces histoires sont néanmoins rédigées au temps passé, comme narrées par quelqu'un contrairement au récit de Caroline conté au présent puisqu'il est sensé être sous forme de journal intime.

Également, les quatre protagonistes de ce recueil sont masculins, sachant que j'ai tendance à mettre en vedettes des personnages féminins ; ils se rapprochent ainsi plus de ma personnalité puisque je m'inspire de moi et de ma vie. Enfin, les conteurs de ces récits sont des personnes ordinaires, lambdas. Contrairement à Caroline Pernaud enfermée dans un hôpital psychiatrique et perdue entre le passé et le présent, Dania Ellard ainsi que son don de médiumnité ou la terrible et tourmentée Daisy Sauvage en quête de sang ; les protagonistes de Jardin d'Ombres sont littéralement des Messieurs Tout-le-monde, ce qui j'espère, accentue l'immersion dans l'horreur.

Gorgone, dans mes souvenirs était une idée que j'avais eu en voulant utiliser un monstre rarement mis en scène. Enfant, j'adorais la mythologie et Méduse a toujours été l'une de mes créatures favorites. M'est ainsi venue l'idée de l'inclure dans un récit d'horreur, dans un contexte contemporain. Fini les sorcières et les démons, place aux femmes serpents dont le regard de basilic vous sera fatal ! Je n'ai d'ailleurs pas choisi de mettre en scène une escouade de militaires pour rien. Je voulais faire une histoire avec des hommes forts terrorisés et tourmentés par un monstre féminin ; ce qui habituellement est l'inverse. J'aime jouer avec le sexe de mes personnages afin de bousculer les codes.

En boucle possède un scénario très simple. Une pièce à deux portes dont on ne peut pas sortir. Connaissez-vous le terme de l'apéirophobie ? Il s'agit de la peur irrationnelle de l'infini ou de l'éternité. L'espace-temps est un concept terrifiant puisqu'il puise ses ressources dans l'indescriptible. Ainsi, une simple pièce blanche devient un cauchemar pour mes personnages qui tombent dans la folie. Il n'y a plus d'échappatoire et on se demande quand est-ce que le manège claustrophobique s'arrêtera. En conclusion l'infini sera toujours plus terrifiant que l'éphémère puisqu'il est impossible de le maîtriser.

Pour Butterfly Drink, je dédie ce récit à une amie puisqu'il est parti d'une blague avec cette dernière. D'après un post que nous avions vu sur Instagram, composer une série de chiffres précis sur les distributeurs automatiques pouvait servir une boisson gratuite. Fake ou non, une idée a émergé : celle d'un rituel consistant en entrer une série de chiffres ésotériques et recevoir une boisson venue de l'au-delà. C'est drôle que j'en sois venu à écrire une si longue nouvelle juste pour cela, histoire que je n'ai d'ailleurs pas relu depuis longtemps. En réalité, je trouve Butterfly Drink terriblement triste puisque j'y ai abordé un thème qui obsède l'homme depuis la nuit des temps : Le désir d'être éternel.

Enfin, Ariane était pour moi la nouvelle qui devait achever ce livre, un peu comme un climax final. C'est une histoire qui ne possède pas réellement de début ni de fin, c'est plutôt une sorte de feu d'artifice, une apothéose. J'ai longtemps écrit des poèmes à mes heures perdues, hobby que j'ai laissé de côté depuis lurette. On peut le voir dans Elephant Girl que des vers sont insérés dans les moments où Daisy danse afin de la mettre en valeur. J'aime parfois jouer avec le texte, et c'est peut-être ce qui a fait qu'Elephant Girl s'est inutilement éternisé, me faisant perdre la moitié de mes lecteurs... J'en ai trop fait. Ainsi, je conclus sur une boucherie mais derrière laquelle se cache une morale bien plus véritable : l'humain ne peut pas changer le passé et le temps perdu restera perdu. Ariane voulait changer le cours des choses, comme on l'a tous voulu une fois dans notre vie ; mais cette obsession la mena à revivre en boucle ses traumatismes jusqu'à abandonner son goût pour la vie et sombrer dans la folie. Une fin pessimiste, certes, mais qui à mes yeux déborde de sens.

Sur cette petite note d'auteur, je vous souhaite un bon mois de mars. Je suis paré à reprendre l'écriture malgré les terreurs nocturnes qu'elles me procurent - oui l'écrivain aussi est sensible. Je me rends compte que c'est bientôt mon anniversaire. Dix-neuf ans, déjà ? Bon, il est peut-être temps d'aller chercher du travail...

- Gabin Degrandi.

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