Chapitre XVII

853 40 7
                                    

A 6 heures c'est un appel de l'hôpital qui me réveille. Sentant l'alpha grogner je décide de me lever pour ne plus le déranger avec la sonnerie. Je m'extirpe de notre cocon de chaleur, la fraicheur du matin me fait immédiatement regretter mon geste. Quand je quitte les bras du brun celui-ci se met encore une fois à ronchonner. J'attrape mon téléphone de la main gauche et décroche.

_ Allo ? Je fais d'une voix encore endormie.

_ Ah bah enfin ! Ta mère est dans le coma et monsieur ne daigne même pas en informer son père. Je suis le premier concerné par ça je te rappel.

Mon père. Quelle plaie, il est obligé de gueuler comme ça ?

_ Tu es vraiment un incapable ! Même pas apte à passer un simple coup de fil ! Braille mon paternel. C'est quel genre de fils ça hein ? Et tu n'es même pas à l'hôpital ! Où est-ce que tu es encore fourré ? Dans un bordel je sup-

Je lui raccroche au nez, la gorge serré de larmes et repose à côté de moi. Mes yeux commencent lentement à me piquer et se remplissent d'eau. Je lutte pour ne pas les laisser sortir mais faible comme je suis, mes larmes dévalent bien vite mes joues. Je suis ridicule, pleurer pour ça. Pleurer parce qu'il m'a crié dessus, je suis trop fragile, trop sensible. Je pensais m'être endurcie depuis que j'ai quitté la maison, mais rien du tout. Je suis toujours aussi faible et incapable. Incapable ? Oui surement. Mes épaules commencent alors à se secouer et je finis par exploser en sanglots. Laissant mes pleures m'envahir. Comme alerté par mes couinements, je sens le lit bougé derrière moi. Soudain deux mains viennent m'attirer en arrière, je tombe alors sur le corps de l'alpha encore à moitié endormie. Ce geste a le mérite de mettre un terme à mes sanglots.

_ Mmmh, grogne le brun, (T/p)...

Je renifle grassement.

_ Q-quoi ? Je lui crache sans trop le vouloir. Qu'est-ce que tu me veux ?

Suite à cela l'Uchiha change nos positions de fait qu'il se trouve au dessus de moi alors que je suis plaqué contre le lit. J'allais protester mais je suis coupé dans mon élan par le regard noir que me lance l'homme. Immédiatement mes pleurs s'arrêtent, et une certaine crainte s'installe. Pourquoi il me regarde comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Est-ce qu'il va encore utiliser ses phéromones sur moi ? Troublé je décide d'ouvrir la bouche mais aucun son ne sort.

_ Qui t'as fait pleurer ? M'interroge-t-il très sérieusement.

_ Laisse tomber Itachi... J'articule la gorge serré après quelques secondes d'hésitation.

Je vois son visage se fermer encore plus, devenir plus dur. Je n'ai pas envie de ça, de cette situation. Je n'ai pas envie de lui expliquer mes problèmes de famille, pas encore. Bien que je ressente ce sentiment de bien être quand il est à mes côtés et de désir parlons honnêtement, je ne veux pas encore l'inclure véritablement dans ma vie. Ce n'est pas le bon moment et j'ai besoin de temps pour confier mes tourments à quelqu'un. Il sait pour ma mère et c'est déjà bien comme ça. Mais évidemment il n'est pas du même avis que moi.

_ Ne commence pas (T/p), qu'est-ce qui t'as fait pleurer ? Il repend plus durement cette fois.

_ Mais putain lâche moi les basques, qu'est-ce que ça peut bien te faire hein ? Je m'énerve soudainement.

Je n'ai pas de patience lorsque je viens de me réveiller, et l'appel de mon père et Itachi ne font qu'aggraver les choses. Ses yeux s'arrondissent, c'est je pense la première fois que je me comporte méchamment depuis notre discussion après le kébab. Ca me fait de la peine au fond de le voir comme ça, je ne veux pas qu'il pense qu'il m'exaspère, même si c'est un peu le cas. Uchiha Itachi vous n'avez pas choisi le poisson le plus facile des mers, je suis complexe, encore plus, je pense, que votre ancienne femme. Doucement il se redresse et s'assoie sur mes jambes en ne me quittant pas des yeux. Je peux y desseller une certaine peine, ou plutôt de la déception. Nous nous fixons ainsi pendant de longs moments, sans parler, mais j'ai l'impression que nous discutons au travers de nos interminables regards. Des regards qui parlent pour lui. Des émotions qu'il communique de part ses beaux yeux noirs. Au bout d'un moment je me romps notre contact visuel et soupire.

_ Est-ce que monsieur veut bien daigner laisser mes jambes respirer parce que là je ne les sens presque plus. Je lance les yeux fixés sur le plafond.

Je le vois du coin de l'oeil faire une grimace et finalement l'Uchiha se dégage. A présent libre de mes mouvements je me redresse à mon tour et sort du lit pour rejoindre la salle de bain. Mais brusquement sa main m'attrape le poignet.

_ Tu vas où ? Il me demande précipitamment.

Agacé, je me retourne prêt à lui balancer mon exaspération à la gueule. Pourquoi devrait-il savoir tout mes faits et gestes ? Veut-il les contrôler. Mais aussitôt nos regards se croisent, aussitôt je prends conscience de l'intonation avec laquelle il m'a adressé ses mots. Ses yeux sont tristes, comme sa voix l'était. Subitement je me rends compte de mon erreur et vient entourer son visage avec mes mains. Furtivement je dépose mes lèvres sur les siennes, pour ensuite baiser son front.

_ Itachi, je vais juste me débarbouiller un peu, je le rassure, j'ai besoin d'un peu de temps seul tu comprends ? Avec tout ce qu'il se passe en ce moment mon cerveau n'arrive pas à suivre.

Ma tête désormais sur la sienne, le brun enroule ses bras autour de mon corps me serrant fortement contre lui. Itachi est quelqu'un de sensible, je le savais, mais tant que ça non. Il s'est fait abandonner d'une certaine façon et il a peur que je l'abandonne à mon tour. La plaie de la mort de sa femme n'est toujours pas bien cicatrisée, et le deuil pas totalement surmonté. Je dois donc peser mes mots, gérer mes émotions quand ça le concerne. Lui comme moi avons besoin de temps pour cette relation, nous devons avancer petit à petit pour qu'on se fasse confiance mutuellement. Il a voulut rentrer trop vite dans mes problèmes et j'ai pris peur, et j'ai voulu prendre trop vite un peu de distance et à son tours il a eu peur. C'est une histoire d'équilibre, qui va surement engendrer bien des disputes mais j'ai foi qu'ensemble et qu'en communiquant sur nos limites nous pourront avancer dans cette relation.

Finalement Itachi est parti travailler en m'obligeant à garder sa veste prétextant qu'elle m'allait mieux qu'à lui. J'ai râlé parce que je l'avais lavée, il a rit et il est parti sans plus de cérémonie, sans baiser juste un regard du coin de l'oeil, s'assurant que j'allais bien. Ca, je ne sais pas si c'est vrai, je me sens vide, pas triste, mais entièrement vide. J'ai la tête débordante de pensées, l'estomac vide mais pourtant en vrac, les yeux qui piquent. Enfin la totale. Le matin je décide d'aller en cours, n'ayant pas vraiment autre chose à faire. La journée s'est passé, je n'étais pas forcément exciter d'y aller ni de rentrer chez moi c'est pour ça que je m'arrête à l'atelier de Sai. En entrant le gérant m'accueille chaleureusement, mais un instant plus tard, il s'écarte pour me laisser rentrer. Surement a-t-il remarqué les cernes qui commencent à s'agrandir sérieusement. Et encore il n'a pas vu le reste de mon visage à cause du masque. Ce matin devant le miroir je me serais moi-même confondu avec un être sans vie, alors les autres...

Je m'assoie alors à ma place habituelle, mais Sasuke n'est pas là cette fois, un soupire de soulagement m'échappe. Pas que je n'apprécie pas sa présence mais seulement que je souhaite être seul. Je n'ai pas envie de quelqu'un qui me caresse le dos, je ne veux pas qu'on me touche. C'est bizarre, hier j'aurais tout donné pour voir Itachi et si je le revoyais à cet instant je serais dégouté de sa présence. Avec un lenteur qui m'est devenu normal ces derniers jours je sors mes écouteurs et mon matériel de mon sac, puis me plonge entièrement dans mon monde. Je n'ai envie de penser à rien, rien que la mine du crayon qui glisse sur le papier. Ce simple petit geste qui peut me faire me sentir libre et capable de tout affronté. Mais rien ne vient. Ma tête est vide, si vide que je ne perçois rien. Aucune image ne se dessine dans mon esprit. Aucun visage, ni paysage ou formes abstraites. Seulement le vide et le noir. Ma tête est vide, comme mon esprit. Je n'arrive à penser à rien... d'autre que ma capacité à tout foiré et à ma vie merdique. Doucement mes mains se mettent à trésailler et ma vue se trouble de larmes. Je continue de fixer ma main, crayon en main, sur le papier vierge. Même dessiner je ne sais pas faire, alors que je suis dans une classe d'art. Classe que j'ai d'ailleurs repiquée à plusieurs reprises.

Qu'est-ce qui va pas chez moi ?  

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 26, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Alpha [ Itachi x mâle reader ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant