L'autre famille

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~Erell~

Le week-end dernier, j'étais avec ma famille et j'ai retrouvé mes habitudes. C'est-à-dire aller à la messe. Je me souviens être allée parler au garçon que j'avais aperçu et que je n'ai malheureusement pas revu. Il avait eu l'air content que quelqu'un lui parle. Même si, aux premiers abords, il avait voulu me fuir. Il n'avait pas beaucoup parlé mais tout le monde ne peut pas être bavard comme moi. Heureusement, puisque sinon je ne pourrais jamais parler !

Enfin bref, après la messe, nous étions rentrés dans la bonne humeur. Presque, parce qu'Alba boudait encore. Mais ça, ça ne changeait pas de d'habitude. Nous avions passé la soirée dehors, dans notre jardin. Ce soir-là, c'était badminton ! Alba, maman et moi d'un côté contre Marc, Iseult et Lucille. Il ne faut pas se méprendre, ce n'est pas parce qu'Iseult et Lucille sont plus petites qu'elles sont plus faibles. Au contraire ! Leur seul point faible était Marc qui, après des années d'entraînement, peine encore à toucher le volant avec sa raquette. Il préfère faire le clown et relancer l'objet avec ses mains, ses pieds ou sa tête. C'est une assez bonne technique en réalité parce qu'il déconcentre beaucoup ses adversaires. Ainsi, il peut gagner plus facilement.
Evidemment, nous faisons toujours tourner les équipes, de sorte à changer régulièrement de partenaires. Cette fois, je voulais Alba dans mon équipe pour lui remonter le moral. Et la faire sourire, au moins un court instant.

J'avais rassemblé mes troupes (maman et Alba) et leur avais fait un beau discours encourageant. Maman, très compétitive, avait secoué ma sœur pour lui donner de l'énergie. Ça a marché et elle a dit qu'elle était prête pour leur mettre une bonne raclée. Et grâce à mes cris de guerre, les encouragements de maman et la volonté d'Alba, nous avions gagné. Alba avait été la première à sauter de joie et elle était venue nous taper dans les mains. Je l'avais rejointe avec maman pour faire des grimaces aux perdants, et j'avais songé que j'avais réussi ma mission. J'avais mis un peu de joie dans le cœur de ma petite sœur.

Aujourd'hui, je suis avec ma quatrième petite sœur, chez mon père. Elle s'appelle Adélaïde et a deux ans. Autant dire que cette sœur-là n'est pas la plus intéressante. Entre nous deux, c'est elle qui parle le plus et on ne comprend rien à ce qu'elle raconte. Je suis sans cesse en train de la rattraper pour éviter qu'elle tombe. Cela fait deux semaines à peine qu'elle sait marcher mais elle n'a pas l'air d'avoir compris qu'il faut éviter les obstacles. En-dehors de ça, elle est adorable. Elle me fait des sourires toutes les deux secondes, ça en devient presque lourd, et elle veut toujours que je la fasse tourner dans mes bras. J'adore quand elle se met à éclater de rire et qu'elle s'agrippe de toutes ses forces à mon tee-shirt pour ne pas tomber. A ce moment-là, sa mère rapplique assez rapidement pour la reprendre et me sermonner de faire attention. Mon père n'oublie jamais d'intervenir et d'embrasser la petite. Et moi, j'essaie de faire taire mon envie que mon père m'embrasse comme Adélaïde.

Mes parents se sont séparés quand je n'étais encore qu'un bébé. J'avais précisément dix mois. Je ne me souviens pas du tout de cette période. Je n'ai jamais vu mes parents amoureux l'un de l'autre. Après leur divorce, je suis allée vivre chez mes grands-parents. Pourquoi ? Ma mère avait décidé de partir en Espagne. Je suppose que ce devait être difficile d'élever un bambin, seule, alors que son cœur était brisé. Je voyais mon père une semaine sur deux, et puis un week-end sur deux lorsque ma mère est revenue un an et demi plus tard, avec un nouveau bébé. Tout frais venu d'Espagne. C'était Alba. On a vécu quelques temps juste toutes les trois. Je me rappelle de ces deux années comme d'une période douce et heureuse. Alba était ma meilleure amie et nous faisions le plus de bêtises possibles. Qu'est-ce que ma mère nous a crié dessus. Nous recommencions toujours même après les punitions et les engueulades. Nous aimions trop semer le désordre.

Nos sentiments voilésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant