~Solal~Le devoir que je déteste le plus mais que les professeurs s'acharnent à me donner, ce sont les exposés. D'une part, parce qu'il faut être en groupe, et d'autre part parce qu'il faut passer devant toute la classe. Je déteste travailler avec d'autres personnes, parce que je ne connais pas leur méthode et c'est beaucoup plus efficace si je fais le travail seul. C'est d'ailleurs ce que j'ai toujours fait, surtout au collège. C'était moi qui rédigeais l'exposé et j'essayais de donner le plus de texte à dire à mes camarades. J'avais toujours la pire note, parce que je parlais à peine.
L'autre raison qui fait que je déteste les exposés, c'est que j'en ai été dégoûté. Quand j'étais plus jeune, j'étais enthousiaste à l'idée d'en faire parce que j'étais optimiste dans l'idée que l'oral m'enlèverait toute trace de timidité. Je me souviens très bien, à mes huit ans, j'avais travaillé d'arrache-pied pour rédiger le meilleur exposé de la classe sur la Révolution Française. Je ne faisais que ça : travailler. Si bien que ma famille d'accueil de l'époque insistait pour que j'arrête. Dans mon entêtement, je n'avais rien écouté – de toute façon, je ne les écoutais jamais – et avais travaillé encore plus pour que tout soit parfait. Tout devait être parfait. Par chance, la visite que je devais faire à ma mère tombait pile avant la date prévue de l'exposé. Tout fier, j'avais ramené à l'hôpital ma grande affiche où j'avais dessiné la bastille et la guillotine et toutes mes notes. C'était la troisième fois que je la voyais depuis qu'elle était entrée à l'hôpital.
Comme dans mes souvenirs, elle était allongée sur son lit, en tenue d'hôpital. J'avais commencé par lui offrir mes cadeaux : un bouquet de fleurs et un dessin. Et puis, j'avais accroché mon affiche sur le mur en face d'elle et je lui avais expliqué ce que j'allais faire. J'avais commencé à parler, tout fier de mon travail. Je lui avais expliqué dans quel état était la France avant 1789, qui dirigeait le pays, et lorsque j'étais arrivé à la raison de la révolte des Français, elle m'avait interrompu. Solal, tu me donnes mal à la tête, avait-elle lâché. Et puis, comme si tout était normal, elle m'avait prise dans ses bras et dit au revoir. J'étais parti si brusquement, sans pouvoir lui raconter autre chose que mon exposé. Parce que j'avais plein d'autres choses à lui dire. Je m'étais fait plein d'espoir pour cette rencontre, je voulais même lui demander quand est-ce que je reviendrais vivre avec elle. Le jour de l'exposé avait été lui aussi horrible. J'avais bafouillé et n'avais même pas fini ma présentation tellement j'avais été tétanisé. Tous les autres enfants me fixaient et la phrase que m'avait dit ma mère ne m'avait pas quittée. Solal, tu me donnes mal à la tête. Comme si tout ce que je venais de dire n'avait pas d'importance. Depuis, j'essaie d'éviter au maximum les exposés, parce que je sais très bien que ce n'est pas fait pour moi cet exercice.
C'est pour cela que, quand Madame Cilla annonce qu'on va devoir faire un exposé, je me crispe. Le début du lycée m'a toujours épargné cette épreuve et ce n'est pas Madame Cilla qui va commencer. J'irais lui dire que je suis indisposé, que je suis muet ou que sais-je encore, mais hors de question de me plier à cet acte de torture.
— Avant d'entendre toutes vos questions, précise Madame Cilla, tout le monde, sans exception, devra faire ce travail et passer à l'oral. Ceux qui ratent le cours passeront la fois d'après et ainsi de suite jusqu'à ce que tout le monde soit passé.
Je soupire intérieurement. Elle sait très bien que tout le monde déteste ça et pourtant elle continue à nous y contraindre. A croire qu'elle aime faire du mal aux élèves.
— De plus, c'est un entraînement pour le Grand Oral, que vous aurez à la fin de l'année. Et je tiens à rappeler que nous passerons les mois suivants mars à nous entraîner aux oraux. Autant nous y mettre tout de suite.
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Nos sentiments voilés
Teen FictionGAGNANT DES WATTYS DANS LA CATÉGORIE YOUNG ADULTE :) Samedi 22 août, 18 : 59. Une simple décision peut changer le cours d'une vie. Erell a depuis quelques années l'habitude de saisir toutes les occasions qui se présentent à elle. Hors de question de...