Chapitre 6 : Pluie de déclaration et long silence

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( J'aime les longs titres.)

Pdv Victor-Hugo/

Je marche tranquillement le long des couloirs réservés au personnel où quelques uns de mes collègues se prélassent.

J'entre à grande enjambées dans mon amphithéâtre poser mes papiers pour mon cours d'aujourd'hui.

Avec délicatesse je m'assieds sur mon bureau tandis que les premiers élèvent pénètrent dans la salle accompagnée de Zola.

Mon cher compagnon ( Toujours plus de couple~ ) m'apporte quelques feuilles qu'il pose aux côtés des miennes puis après une légère discussion il repart en direction des grandes portes.

La sonnerie retentit violemment prévenant du début de mon cours, seulement, un certain brun d'un air exagérément jouasse s'avance avec rapidité vers moi.

Je l'observe éberlué tandis qu'il prend une profonde inspiration.
Derrière lui plusieurs de ses camarades s'assoient comme si rien n'était malgré un léger regard de la part du nouveau président du CVU ainsi qu'il haussement de sourcil d'Émile qui étouffe un gloussement en sortant de l'amphithéâtre.

Le jeune homme devant moi se racle la gorge avant de commencer à parler.

-On dit je t'aime aux quatre vents.
On dit je t'aime tout le temps.
On dit je t'aime pour la tristesse.
On dit je t'aime pour la détresse.

On se le dit souvent quand on est loin.
On le dit parfois quand on l'est moins.
On le dit aussi par habitude.
On le dit rarement par certitude.

Certains le disent par amitié.
Certains le disent par anxiété.
D'autres le disent pour s'évader.
D'autres le disent pour s'inviter.

Je t'aime, on le dit sans y penser.
Je t'aime, on le dit sans y rêver.
Mais si je te dis je t'aime
C'est simplement parce que je t'aime.

Je reste bouche bée devant cette soudaine étrange déclaration des plus inattendues.

  - Évitez de me rejeter sinon je vais devoir me déclarer à Rousseau.

Un violent bruit d'étouffement ainsi qu'un tout aussi délicat crissement de chaise malmenée résonne dans les gradins.

D'un mouvement mécanique toujours autant perdus je cherche la source de ce bruit mais ne tombe que sur Vivaldi qui s'agite autour de Rousseau qui quant à lui est particulièrement pâle.

Je me retourne pour reprendre les dires du jeune Molière.

Personne.

Ah. Sapristi.

En effet il semblerait que la lumière l'ait enlevé.
Ou alors était-ce un soleil ?

Futilités. Revenons à mon cours.

Je tape sur mon bureau pour imposer mon charisme et ainsi commencer en bonne et due forme.

-------Pdv externe-

Rousseau reprend finalement ses esprits avec une magnifique vue sur Vivaldi rejoint de Picasso qui apparut élégamment à leurs côtés en glissant sur une toile dans les escaliers.

Les trois jeunes hommes se regardent pendant de longues secondes avant que Picasso brise le silence.

  - Vous ne trouvez pas que Montesquieu ressemble à Jules César ?

Vivaldi se plonge dans un intense réflexion tandis que Rousseau lance un regard presque méprisant envers le dit artiste.

  - Tu as raison.

Le violoniste répond calmement.

  - Montesquieu est la résurrection de César !

Ça n'aura pas duré longtemps.

Les deux artistes commencent alors une vive discussion sur l'esthétisme des bâtiments ou alors de la sonnerie qui d'après les dires de Vivaldi "Me malmène mes pauvres et délicates oreilles".

Rousseau tente désespérément d'écouter plus ou moins attentivement son professeur mais en vain.

Pourquoi le monde me haït donc autant ?
Cette pensée passe tel un Molière sauvage dans son esprit pour finalement disparaître lorsqu'une main s'abat sur sa royale chevelure.

Un cri assez peu imposant sortit de sa bouche et il lance alors son meilleur regard de méchant envers Vivaldi.

Vivaldi qui ne le remarque point trop pris dans ses explications sur l'importance des pommes.

Pourquoi les pommes ? Bonne question.

Rousseau pousse un soupir d'agacement envers ses camarades qui ne le regarde pas pour autant.

Il se lève alors pour partir hors de l'amphithéâtre.

Vivaldi et Picasso par réflexe le suivent sans pour autant finir leurs discussions.

Victor Hugo lance un regard dépité envers ses élèves qui partent alors que le cours vient à peine de commencer.

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Rousseau rentre dans sa colocation loin d'être serein.

À pas de loup il s'approche de la première pièce.

Trois coup contre la porte et il entre.

Rien à signaler.

Il marche jusqu'au canapé délabré.

Une chose non identifiée gît sur le sol.

Chose qui finalement n'est pas si non identifiée que ça.

  - Ça me ferait presque pitié.

Rousseau regarde son ami Molière par terre qui se frotte la tête.

  - Je ne veut même pas savoir comment tu t'es retrouvée comme ça.

  - Une plante.

  - D'accord.

Les se regardent dans le blanc des yeux un moment.

Un long moment.

Très long moment.



  - Tu as eus peur d'une plante ?

  - Elle est verte.

  - Tu m'aurai dis turquoise je me serais inquiétée.

Nouveau silence.

  - Au moins j'ai un soleil.

  - Bien.

Encore.

Rousseau réfléchit à qu'est-ce qu'il pourrait faire.

Finalement Vivaldi rentre dans la pièce.

  - Pourquoi le cardinal n'aime pas les pauvres ?
  Car il vit dans de Richelieu.

Puis il repart poursuivi par Molière qui s'est relevé, beaucoup trop rapidement pour être humain.

En espérant qu'il ne se prenne pas une Racine en chemin.

Sur cette pensée Rousseau partit se coucher.

Sur le sol.

Car son lit est encore trempé.

Et le canapé n'est pas digne de le recevoir.

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De la Haine à L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant