Chapitre n°1

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 Ne dit-on pas qu'avancer dans la vie, c'est grandir, développer des potentialités, concevoir des projets et tout faire pour les concrétiser ? Cependant, il peut nous arriver de nous rendre compte que cet avancement ne se produit pas et que, même dans notre présent, le passé nous rattrape toujours. On aura beau tout faire pour l'effacer de nos mémoires, notre passé nous suivra et nous rappellera que non, parfois, nous n'aurions pas dû vivre. Une personne le savait plus que quiconque. Cette femme avait tout fait pour faire disparaître les traces d'un passé sombre et meurtrier sans savoir qu'elle n'arriverait jamais à le détruire et que tous ses efforts, qui lui ont coûté si cher, n'auront donc servi qu'à brasser du vent....

L'immense et riche royaume d'Agar, gouverné par le terrifiant Roi Nicolas Krueger, était entouré de murs imprenables faisant barrière à tout danger extérieur. La plus terrible des sentences imposées par ce Roi qu'on disait sans cœur, si on omettait la torture et la mort, était l'exil dans ces terres arides et hostiles à l'être humain. Peu de personnes pouvaient survivre à l'extérieur de la protection des murs. En effet, sur le reste des terres d'Agar se trouvaient d'innombrables bêtes sauvages, des plantes empoisonnées, ou encore un climat extrême. Effectivement, les températures plutôt supportables la journée chutaient considérablement la nuit venue pour atteindre des valeurs négatives.

Souvent, les pauvres malheureux exilés de la protection des murs imploraient la pitié devant ces imprenables remparts jusqu'à ce qu'ils soient chassés par une créature de la forêt. Puis, on ne les voyait plus jamais, sans doute dévorés. La plupart des condamnées étaient, soit de petits malfrats, soit des Masenga. Ce terme servait à désigner des humains ayant développé inconsciemment une capacité surnaturelle assimilée à de la sorcellerie aux yeux du Roi. La plupart d'entre eux étaient tués dès la découverte de leur pouvoir sauf s'ils venaient d'une lignée noble. Ils étaient alors exilés hors des murs, considérés comme trop dangereux pour rester dans leurs enceintes. On ignorait d'où venait cette « maladie », mais de nombreuses personnes la craignaient et priaient pour que leurs enfants ne soient pas touchés par ce mal. La magie des Masenga se déclarait toujours avant leurs vingt ans. Si un habitant cachait un Masenga, il était également condamné à la peine de mort sur la place publique pour servir d'exemple.

Dans cet univers particulier grandissait un jeune homme portant fièrement le nom de Samuel Jody. Il s'entraînait durement pour devenir l'un des chevaliers du Roi et participait régulièrement à des tournois. Du haut de ses vingt-deux ans, il savait attirer les regards. Que ce soit par son physique avantageux qui faisait jalouser les hommes et enchantait les jeunes filles, ou par sa force dans n'importe quel sport de combat. Samuel frôlait les uns mètre quatre-vingts, et sa musculature n'avait rien à envier aux autres. Il avait des cheveux bruns soyeux et des yeux d'un noir obscur qui pétillaient pourtant à la lumière. Le jeune homme s'était fait tatouer l'entièreté de son bras droit ainsi que son pectoral droit à sa majorité, bien que sa mère ait été contre. Personne ne doutait de sa capacité de devenir le prochain champion et ainsi d'avoir la possibilité d'entrer directement dans la garde royale. Tout comme chaque habitant de cette ville, Samuel avait grandi dans une sécurité confortable, et dans une liberté qu'offrait ce royaume pour les plus insouciants. Il était chouchouté par sa mère, Léna Jody, et voulait faire honneur à son père défunt, Richard Jody.

Ce fut de bonne humeur qu'il ouvrit les yeux à une heure matinale comme à son habitude. Il s'étira de tout son long, faisant craquer ses os, puis commença sa séance sportive matinale hebdomadaire digne du guerrier qu'il était. De quoi fatiguer n'importe quel être humain ! Après avoir bien transpiré, il alla directement se doucher, parce que même si Samuel adorait le sport, il haïssait toutes mauvaises odeurs et la transpiration faisait partie de celles-ci. Une fois propre, il enfila son pantalon et s'arrêta devant le miroir.

LES EXILÉSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant