LES EXILÉS

Chapitre n°22

À peine Thomas abaissait-il son bras qu'Andréa s'avançait, pointant ses paumes de mains vers le ciel d'un bleu magnifique. Puis elle déclencha une onde de choc qui fit trembler le sol et l'immensité du Mur, érigeant une barrière qui protégerait la totalité des Exilés des attaques ennemies. Elros et les autres Masenga de la Terre, soit au nombre de trois, posèrent leurs mains sur le sol, au pied du Mur, et générèrent une immense « échelle » de liane qui vint jusqu'au sommet sous les regards ébahis des Exilés. Andréa para, grâce à sa barrière, chaque flèche et chaque boulet de catapulte qui s'échouèrent sur leur côté. Les Masenga de la terre s'éloignèrent, à bout de souffle, alors que les six Masenga du métal prenaient place, cherchant dans les entrailles de la terre l'uranium présent en quantité fine. Ils renforcèrent ainsi l'échelle pour qu'elle ne s'effondre pas. Karl jeta un coup d'œil derrière lui, observant les yeux inquiets de son amante, puis grimpa l'échelle en premier. Thomas, Elros et Samuel le suivirent rapidement dans cette escalade difficile. La montée ne fut pas si rapide. Il fallut plusieurs minutes pour grimper la trentaine de mètres. En bas, Andréa peinait de plus en plus à garder sa barrière intacte, surtout qu'elle sentait quelque chose grandir en elle, à faible intensité, mais de manière distincte.

À peine Karl posait-il le pied sur le sommet du Mur qu'il fut assailli de tous côtés par des soldats. Certains d'entre eux tremblèrent en le reconnaissant. Ce fut avec une rage et une rapidité hors normes qu'il abattit sans aucune hésitation chaque chevalier dressé devant lui. Thomas rejoignit son ami et aucun ennemi ne put l'approcher sans se sentir broyé intérieurement alors que deux magnifiques yeux d'un bleu surnaturel les fixaient sans cligner. Thomas n'avait même pas à lever le petit doigt. Sa magie, aussi puissante que terrifiante, terrassait chacun de ses ennemis qui aurait tenté de l'abattre, les tordant dans des positions bien improbables. Samuel prit immédiatement feu et s'empressa, à une vitesse surhumaine, d'aller détruire les catapultes. Dès qu'elles furent détruites et que les archers ne furent plus en position d'attaquer les Exilés au sol, Elros ouvrit pour la première fois de l'histoire les portes du Mur au monde extérieur.

Des cris de frayeur raisonnèrent à leurs pieds, les habitants d'Agar effrayés par les yeux rouges qu'ils croisèrent après s'être avancés par curiosité. Andréa fit céder la barrière et chaque Exilé pénétra l'enceinte des Murs, certains en pleurs de revoir leur royaume. La belle brune ne se servit pas de ses pouvoirs pour désarmer les chevaliers. Ses techniques de combat suffisaient largement à vaincre ces « soldats » qui n'avaient jamais côtoyé la vie hors des murs. Thomas avait ordonné de ne pas tuer les chevaliers si possible, mais c'était bien trop difficile pour Karl qui sentait sa folie revenir maintenant qu'il était revenu à la source même de ce qui l'avait créé. Ils avancèrent progressivement vers le château avant de s'arrêter non loin, à quelques kilomètres à peine. Presque cinq cents chevaliers se trouvaient entre eux et face à eux se dressait Erich Rügen, le visage colérique. Un grand sourire sadique se plaça sur les lèvres de Karl qui était déjà couvert de sang.

« — Toi... Grogna Erich Rügen, serrant les poings en reconnaissant les traits démoniaques de son petit-frère. Tu as tué père...

— Erich ! Ça fait tellement d'années ! Rassure-moi, tu as enfin appris à te battre ? Se moqua-t-il.

— Tu n'es qu'un monstre !

— Karl, s'interposa Evelyne entre les deux frères. Nous avons un plan. Tu dois le suivre.

— Evy... C'est une réunion de famille.

— Tu auras le droit à tes retrouvailles plus tard. Ne fais pas échouer le plan sinon tu peux t'assurer que je ne resterai pas tranquille. Chaque Exilé risque sa vie aujourd'hui.

— Tu as raison, dit-il en secouant la tête. Je ne suis ici que pour Nicolas Krueger.

— Ta mission est d'escorter Thomas et Samuel jusqu'au Roi. C'est tout. Le reste, je m'en occupe avec les autres.