"Une mouche coincée dans le wagon" /

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Le jour du grand départ était arrivé, je pris ma valise et partit à la gare avec ma mère.

"- Bon séjour ma chérie.

- Merci, bisous, je vais y aller.

- Au Revoir, profite de chaque secondes.

Nos au revoir ne s'éternisent point, je rentrais rapidement dans le train avec Haley et croisait dans le wagon mon cher Ross.

En posant ma valise dans le porte-bagages, je voyais Ross qui n'arrivait pas à porter la sienne à cause de ta cheville.

"- Attends ma jouvencelle en détresse. Dit-je en prenant sa valise que je plaçais sur le porte-bagages.

- Ma May...

- Mon Ross, assieds toi.

Il s'assit immédiatement, me regardant ranger sa valise.

- Merci...

- ça va ? Demandai-je décelant un petit air triste sous ce visage.

- Oui, enfin... C'est pas comme ça que je voyais mon voyage.

- Mais Ross, le médecin t'as donné une botte de marche pour te permettre de marcher comme nous, tu seras aussi pimpant que n'importe qui.

- Ouais... C'est bien un peu, je doute que ça aille pour des journées debout.

- On fera le nombre de pause dont tu as besoin, je te promet que tu n'auras pas mal une fois, ok ?

Je pris son menton que je relevais pour qu'il me regarde dans les yeux.

- Ok ? Insistai-je.

- Ok...

- Non ! Je veux un sourire...

- Ok ! Dit-il en souriant d'une manière forcée.

Même si ce sourire était faux, je lui rendu et allais m'asseoir dans le train à côté de Haley qui s'était assis du côté de la vitre, j'étais alors destiné à dormir sur elle en cas de fatigue et à observer le passage étroit du train qui séparait les sièges de droite de ceux de gauche.

Un instant où mon regard se perdu dans le train, j'aperçue celui de Ross, aussi destiné à rester du côté de l'allée centrale mais face à moi, sur les sièges de gauche en diagonale .

Il me lança un petit sourire satisfait de se retrouver face à moi lors de ce long trajet, lors duquel je regardais un film psychologique avec Haley, appuyée contre la fenêtre, à moitié réveillée.

"- T'as l'air d'adorer ce film...

- C'est quel genre de mec tordu qui crée ce genre de films tordus ? demanda-t-elle en prenant un air hautain.

- Un réalisateur... Non plus sérieusement, c'est un homme qui a une gigantesque imagination et des idées ou visions de la société beaucoup trop marginales pour ce monde, c'est trop dommage qu'on les voit comme des phénomènes de foire.

- Ce sont des gens étranges !

- Justement Haley, c'est ça le problème, dès qu'on sort du lot, on est directement vu comme étranges..."

En tournant les yeux vers le train, j'aperçu Ross sourire en coin puis redresser le regard sur moi pour m'adresser franchement ce regard complice, un sourire se dessina automatiquement sur mon visage sans pour autant le décider, ce sourire satisfait avait pour but de me décrédibiliser, cela m'énerve.

Les heures étaient longues, très longues, si longues que j'avais l'impression de devenir folle, j'observais depuis une demi heure une mouche coincée dans le wagon, essayant de s'enfuir à tout prix sans retrouver la fenêtre avec "The Winner Takes It All" de ABBA dans les oreilles, je la regardais faire des aller-retour, aller et venir dans ce mensonge qu'est une vitre bien lavée, dans ce piège de l'homme, emprisonnant ainsi la nature.

Les choeurs de la chanson me donnaient un sentiment enfantin, un sentiment de nostalgie si intense que je me laissais penser quelques instants qu'ils étaient le parfait son de cette jeunesse, que c'était certainement ça que j'avais dans la tête durant toute ses années délicieuses.

Je regardais la vitre, les champs, les arbres passer, les paysages insignifiants pour moi mais si importants pour d'autres, l'enfance dans les oreilles, je lâchais le ciel des yeux pour les poser sur Ross, endormi.

Cette image attendrissante était alors une énigme, et si Ross était cette transition entre l'âge adulte et cette insouciance que je garde tardivement au fond de moi ? Et si Ross était celui avec qui je tenterais ce grand saut vers l'inconnu ? était-ce réciproque ? Je me sentais alors envoûtée par l'envie de lui, sans sous-entendus pervers, de tout ce qu'il était, je tombais soudainement et irrévocablement amoureuse de lui

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