Hunter (2014) [EN COURS DE RÉÉCRITURE]

Chapitre Trente-neuf

PDV RAIN

        Je referme la porte derrière moi d'un mouvement plus brusque que ce que j'aurais pu penser. Suite à ça, je détaille la pièce pour apercevoir la silhouette d'Hunter bloquée devant une commode. M'avançant sans rien dire, je me m'approche pour essayer de savoir ce qui l'obnubile tant. Hunter n'essaye pas de dissimuler ce qu'il tient dans ses mains. Un cadre photo, avec un cliché de moi il y a quelques années. Autrement dit, mes années lycées.

        Je hais cette photo. Mais comme ma mère me l'a offerte avec tant d'enthousiasme -et que je sais qu'elle vérifie si elle n'a pas bougé quand elle me rend visite- je la préserve avec précaution.

        "Comment vas-tu Rain ?" me demande Hunter en me prenant par surprise.

        J'imite un tressautement. En mon for intérieur, je me demande si il a épié notre conversation avec Auberon. Je sens mes joues gagner des couleurs au souvenir de la frappe que je lui ai administré plus tôt.

        "Euh, je vais bien je crois" 

        Ma voix redouble de panique et de stupéfaction. Il repose le cadre sur la commode tout en le fixant. J'ignore pourquoi en sa présence, je peux à la fois me sentir tout à fait à l'aise et la minute qui suit, prise d'anxiété.

        "Attends-tu des excuses de ma part ?" poursuit-il, indifférent.

        Pendant un instant, je me demande si il pense vraiment ce qu'il dit. Je ne veux pas de ses excuses, je veux juste comprendre pourquoi il agit de cette manière avec moi. 

        Je sais exactement ce qu'il évoque.

        "Non" dis-je fermement.

        Au fond de moi, une petite voix m'implore de lui demander de s'excuser pour ce qu'il m'a fait. Mais je sais que peut-être lui ne veut pas le faire, et si je ne sens pas ses paroles réelles, j'en serais extrêmement blessée. Je préfère ne pas les entendre du tout. C'est beau les mots, mais c'est mieux quand ils ont un sens. Un réel sens.

        "Tu dois savoir que je ne fais jamais rien sans raison Rain"

        "J'imagine"

        "Et tu dois sans doute attendre des explications de ma part" continue-t-il en effleurant les rebords du cadre de son pouce.

        Si il sait exactement ce dont j'ai envie, pourquoi est-ce qu'il ne se contente pas de tout lâcher tout de suite ? Je suis apte à comprendre ce qu'il s'obsède tant à me cacher. Parce qu'il y a bien quelque chose, auquel cas il n'aurait pas réagit de cette façon.

        Je pose ma main sur son épaule, essayant de faire basculer son corps pour qu'il me fasse face. Un nouvel échec, cet homme est un véritable roc !

        "Tu sauras un jour Rain. Mais pas maintenant"

        Son ton est froid et pensé. Il a eu le temps de réfléchir à la tournure de notre discussion. Et évidemment, il sait ce qu'il fait. Sa façon de lâcher ses phrases, sans qu'aucune émotion ne paraisse me laisse perplexe. Je pourrais bien sûr le menacer avec le talon de ma chaussure de tout me balancer là maintenant, mais je n'en ferais rien, je ne vais pas descendre à un niveau aussi bas.

        Parce que moi aussi j'ai des secrets à protéger. Au fond, nous avons le même problème, nous détenons tous les deux un passé trouble je crois, je comprendrais qu'il ne veuille pas m'en parler maintenant. Il m'a vaguement laisser sous-entendre qu'il avait fait des choses monstrueuses quand nous étions chez ses parents. Moi, on m'a fait des choses monstrueuses, c'est différent. Aussi, je préfère garder ça enfouit dans mes pensées, j'ignore si je peux lui faire confiance en ce qui concerne ma vie passée.