Chapitre Soixante-quatre

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RAIN

Je me suis dégonflée.

J'ai paniqué.

J'étais tétanisée.

Dans le silence, je me suis réfugiée parce que j'avais peur de ce que je pouvais dire ou faire. Mon Dieu, je suis une trouillarde. 

Il y a environ une heure, je me suis installée à l'arrière de la salle dans l'espoir de faire passer mon mal de crâne. A chaque fois que j'avale de l'alcool trop vite, j'ai des maux de tête insupportables qui m'obligent à m'isoler. Seul le calme et une totale immobilité me permet d'aller un peu mieux. Et comme je n'avais pas envie de rentrer aussi tôt chez moi pour dormir et m'en sortir, je me suis dit que me poser ici serait une bonne idée.

J'avais bien sûr envie de m'endormir sur ce pauvre cheval, mais je ne l'ai pas fait. Je réfléchissais en fait. La légère atmosphère glacée de la nuit me faisait du bien à la tête. Elle agissait comme un baume sur moi. Bien qu'elle réussissait quand même me donner quelques frissons. Ca me faisait du bien d'être seule, loin de l'ambiance joyeuse et festive du mariage.

J'avais promit à Ava de venir à son mariage. Sans compter cette promesse, ça me faisait plaisir de venir ici, les derniers jours que j'avais passé chez mon nouveau chez moi n'étaient franchement pas les meilleurs de ma vie. J'ai passé mon temps à manger tous les genres de cochonneries enfermés dans mes placard, faisant de mon mieux pour éviter de croiser Peter.

Mais notre ville est petite et tout ce qui s'y passe finit par se savoir. J'ai revu Peter il y a deux jours alors que je buvais un thé dans le café du coin. J'ai relevé la tête après avoir avalé ma gorgée difficilement tellement elle était chaude. C'est à ce moment-là sur mesure et une casquette de marque. 

Je me souviens avoir oublié de respirer. 

Peter s'est contenté de me faire une signe de la main vague. N'étant pas sûr qu'il s'adressait à moi, je me suis retournée. Il s'adressait réellement à moi. Alors je lui ai souri timidement puis il est ressorti du café.

C'était l'un des moments les plus bizarres de ma vie. Et les plus gênants aussi.

Quoiqu'il en soit, je suis là maintenant. Il pleut et j'attends. J'ai envie de partir parce que je sais qu'il ne va pas tarder à revenir avec je ne sais quoi. Je sors donc du carrousel sous la pluie battante. 

L'idée est vraiment naze. Je m'en rends compte quand des gouttes stupides réussissent à s'insérer dans mon décolleté. A cette allure, je vais vite fait tomber malade, mes cheveux sont déjà complètement trempés. C'est donc en prêtant une grande attention à mes sandales talons, celles que Thom m'a offerte, que je tente de ne pas me casser la gueule. La terre est boueuse, gondolée et parfaitement instable. Ce serait facile de perdre l'équilibre. Surtout pour une fille comme moi.

L'averse n'arrange pas du tout mon cas. Non seulement je n'y vois rien, mais en plus, ma robe est tellement longue qu'il me faut faire des enjambées de professionnels pour marcher clairement. C'est sans surprise que ce dont je me doutais finit par m'arriver. Je dérape sur le tissu sans avoir le temps de comprendre ce qui m'arrive.

Une sorte de nouvelle panique me consume alors que je glisse sans pouvoir m'accrocher à quoi que ce soit, vers le point d'eau derrière le carrousel. J'ai envie de crier mais à quoi bon, qui m'entendrait ? La salle fait beaucoup trop de bruit. 

En arrivant je manque d'avaler un mélange d'eau, de terre et d'autres éléments dont je ne veux sûrement pas connaître la nature. Tout ce que je sais c'est que je suis plus crade que jamais dans toute ma vie, en cet instant précis. C'est un peu comme si j'étais en train de m'enfoncer dans des sables mouvants. Ma robe est tout à coup extrêmement lourde et sombre. Avec le reflet de la lune et les lumières des réverbères j'arrive à m'en apercevoir. Ce dont je m'aperçois cependant le plus c'est de la profondeur où je me trouve, et de la pluie qui n'a toujours pas cessé de tomber.

Hunter (2014) [EN COURS DE RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant