Le truc drôle avec la pluie, c'est que ça tombe toujours pile au moment où on en a pas besoin. D'ailleurs quand en avons nous besoin ? Peu de nous avons de grands jardins bourrés de légumes verts et variés à faire grandir. On est à Londres.
Je cours donc comme une athlète -que je ne suis pas- vers l'abri le plus proche. Non loin du bureau, j'attends sous le porche d'un magasin de confiseries que la pluie se calme. Les vêtements d'Hunter sont géants et collés à ma peau comme du chewing-gum. Dégueu.
Je pourrais entrer dans le magasin mais le vendeur m'observe l'air de me dire "Dégage de là tu fous en l'air mon business". Dans un sens il a raison, je lui fais une mauvaise pub. Mais dans un autre il pourrait être compréhensif.
J'ai décidé de faire un saut au boulot parce que Coleen attend mon nouvel article et qu'il tarde à arriver. Je suis même super à la bourre. Un exploit dans ma petite carrière.
Ça fait dix minutes que j'attends que la pluie cesse, et même si je vis à Londres depuis mon enfance, la durée des torrents reste toujours indéterminé. En plus il fait un froid de canard c'est vraiment dérangeant.
Tout à coup, un visage passe et s'arrête. Une ombre claire sur un fond grisâtre, triste. Comme un rayon de soleil fugace dans ce ciel apocalyptique.
Auberon Briscoe.
Avec un parapluie sous la tête, aussi synonyme de mon refuge loin du confiseur en rogne.
Il me regarde, un sourire amusé brûle sur ses lèvres. Je ne sais pas si il est enjoué parce qu'il me voit moi, ou si c'est parce que je ressemble à un sac poubelle traînant sur une rue, attendant d'être ramassé. Cette métaphore est drôlement plus adaptée que ce que je ne pensais.
- Rain, quelle bonne surprise !
J'ai l'impression de croiser ma mère.
- Bonjour Auberon.
- Qu'est-ce que vous faite ici, perdue sous la pluie ?
- Oh euh j'attends que ça se calme.
Comme si ça ne se voyait pas déjà. Auberon plisse des yeux, content de ma réponse. Loin des bruits citadins, je me concentre sur sa voix pour éviter de grelotter.
- Voulez-vous que je vous tienne compagnie en attendant ?
Tant de gentillesse ne m'étonne pas venant de lui. Cet homme est un bonbon à la menthe le matin d'une soirée arrosée. Rafraîchissant et doux.
Alors j'acquiesce gentiment en tentant d'étreindre le pull que je porte. Ayant récupéré mes chaussures de la veille, tout paraît mieux que ce à quoi j'aurais pu m'attendre.
Je me glisse sous le parapluie d'Auberon sans le toucher. Impossible pour moi d'humidifier le manteau de mon patron, ce serait trop la honte.
- Ça vous dit d'aller vous changer avant d'aller prendre un café ?
On dirait qu'il a déjà organisé la suite des événements et que j'ai juste besoin d'en être maintenant l'actrice. Ça ne me dérange pas, seulement me témoigner autant d'attention me froisse intérieurement. Pourquoi fait - il ça ?
- J'habite assez loin du bureau pour nous y rendre à pied.
Il me regarde comme si je venais de foirer une équation hyper facile à résoudre.
- Qui parlait de se rendre chez vous Rain ?
Gagné, je suis confuse.
Je lui lance un air du genre "Explique-toi je suis paumée". Ce qu'il fait à mon plus grand plaisir.
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Hunter (2014) [EN COURS DE RÉÉCRITURE]
RomanceLorsque Hunter rencontre Rain accidentellement dans une boîte de nuit, il ne pense pas vraiment à recontacter la jeune femme. Pourtant, quelque chose chez elle le fascine, même si il sait qu'il ne peut pas laisser une femme entrer dans sa vie. Comm...