Chapitre Soixante-six

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RAIN

Je m'oblige. Je lui demande de me répéter ce qu'il vient de juste lâcher comme un banal "bonjour". Il est tard, peut-être que je viens d'imaginer cette scène. Peut-être que j'ai encore des restes d'alcool bien persistants dans le sang. 

La soirée était sur le point de bien se finir, et ça après toutes les surprises plus ou moins bonnes qui l'ont précédé. Voilà que tout se met à changer parce que Mr Sierra ramène Auberon Briscoe sur le tapis. 

Sachez juste qu'il ne faut jamais parler trop vite. Tout est matière à subir des modifications. Comme mon plan mousseux par exemple. 

De mon air le plus naturel, je reprends; écartant mes autres pensées.

- Qu'est-ce que tu viens juste de dire ?

Comme je sens que l'on va s'expliquer, j'ai envie de m'asseoir sur la chaise à côté de moi. Mais elle semble si blanche et si propre qu'il est hors de question que je la ruine en l'infestant de toute la saleté collée à mon fessier. J'attendrai debout.

- Ecoute, je n'ai pas envie que l'on se dispute. Sérieusement, je n'ai plus envie de ça. 

Hunter défait sa cravate à une allure assurément plus lente qu'un dénouement normal. Il ne me regarde plus. Ca ne m'empêche pas d'être d'accord avec lui, moi non plus je ne veux pas que l'on se prenne la tête. On vient soudain de se retrouver, ce serait franchement stupide de tout gâcher une heure après.

Il reprend lascivement en faisant une fixette sur ses pompes.

- Je suis venu à ce mariage uniquement pour te retrouver. C'est la seule raison. Pas parce que je voulais voir des gens afficher leur bonheur permanent, pas non plus pour rencontrer un sans abri attachant, bien que ça, ça ait été une des bonnes surprises. Et finalement, je ne suis pas nom plus venu pour qu'un snobinard me nargue sur son avenir financier prometteur et ses prouesses buccales avec toi. 

- Ses prouesses buccales ?

- Je me suis remis à la bonne vieille littérature anglaise, je sais que tu adores ça, mais ce n'est pas le sujet. 

Je place ma main devant ma bouche pour ne pas voler en éclats de rire. Des gens dorment dans les chambres d'à côté. Mais plus important encore, je ne crois pas que c'est le genre de réaction que Hunter attende de moi. Il est très sérieux, le mieux que je puisse faire c'est respecter ça tout en le rassurant. 

Je ne pensais pas qu'Auberon Briscoe était du genre à se "vanter" du basique baiser que nous avons échangés. Pour être honnête, j'avais presque oublié cet épisode.

- Quoi qu'il t'ait dis, ça s'est passé après que je t'ai quitté. 

Hunter se tourne soudainement vers moi. Ses lèvres s'agitent tout aussi précipitamment. 

- Alors tu admets qu' à un moment, toi et moi, nous, on était vraiment ensemble ?

Nous. C'est si doux et si chaste dans sa voix grave. On dirait un mirage.

- Je ne sais pas en fait. Ca n'a jamais été notre truc d'officialiser les choses.

Il se dirige vers moi sans me quitter des yeux. Le voir s'approcher aussi sereinement me donne l'impression d'être une proie sur le point d'être dévorée. Je prie pour que rien de ce que j'imagine ne soit vrai. Je ne suis pas prête.

Quand il s'arrête, son visage à quelques centimètres du mien, ma respiration se coupe comme si elle ne voulait pas être entendue. Je fonds dans son regard, sentant chacun de mes poils s'hérisser, chacune des particules me constituant, s'enflammer follement. Je m'observe perdre pied, ne laissant rien transparaître, alors qu'intérieurement, mon être combat contre ce que provoque Hunter en silence.

Hunter (2014) [EN COURS DE RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant