Joyeuses petites pilules

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Je l'avoue, parfois ça me fait chier, toute cette histoire. J'aimerai être comme les autres, j'aimerai que ce putain de bonheur ne repose pas sur ces belles petites pilules. Ce serait plus facile si c'était quelque chose de naturel, mais non, ce putain de ciel en a décidé autrement. Je sais qu'il y a pire, il y a toujours pire, mais dans un sens, c'est mon pire à moi. Et je hais ça. Je le hais encore plus que je m'y attendais. Voilà déjà deux semaines. Deux putains de semaines que tout a été dévoilé. Mais je vais mieux. Alors je me concentre là-dessus.

Je hais ça, parce que je ne peux pas oublier. Tous les matins, tous les soirs, je le sais, car je la vois. Mon bonheur à moi s'avale, mon bonheur à moi doit être fabriqué. J'avoue avoir du mal à intégrer cette idée, à vrai dire c'est peu commun. Mais n'ayez pas pitié, ce n'est pas grave. Enfin, disons que d'une certaine manière, si, ça l'est, mais ça se change. Je suis ravie de savoir que je peux enfin me débarrasser de cela, d'une certaine façon, parce qu'au final, elle sera toujours derrière moi, à guetter en silence le meilleur moment de se pointer.

Je ressens à la fois une sorte de rage et du soulagement. Bordel, ça fait chier, mais au moins, ça commence à aller mieux. Je peux enfin aligner des phrases sans pleurer, alors c'est un bon début. Je ne vous en veux pas, à toi non plus, à elle non plus, et à moi non plus. Tant pis, c'est comme ça. Le bonheur, aussi infime soit-il, peut enfin vivre, et ne plus se faire broyer par ce côté sombre qui ne m'aime que trop. Mais moi, je ne l'aime pas, je l'aime et le hais tout autant, ça dépend des fois. Mais maintenant que je le sais, je le déteste, mais je ne le peux pas à la fois, parce que je devrais aussi me détester. Et ça, je n'ai pas le droit.

N'empêche, il vaut mieux rester prudent. On ne sait jamais. On ne peut plus faire confiance comme avant, aimer un type de personnes qui nous est néfaste en pensant faire le bon choix. Se confier devient compliqué, et ces regards jugeurs et accusateurs me mettent la haine au cœur. Elle me suit, toujours, elle est là, en moi, sur moi, et je ne peux guère l'éviter. J'apprends à l'aimer, même si ça ne lui plait pas. Mais d'une certaine manière, c'est moi, alors j'essaie. Je me nourris alors de bonheur du soir au matin. Un jour viendra, où, peut-être, je l'espère, je saurai la gérer sans ça. Joyeuses petites pilules, on va devoir cohabiter dans une merveilleuse harmonie.

Mon RantBook |Fin de l'aventure|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant