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Je vois parfois des gens qui en parlent en rigolant, qui font comme si tout ceci n'avait pas d'importance, comme si ça n'existait pas. Et ça me fou la haine de les voir parler de cela comme étant quelque chose d'inexistant, ou qui n'est pas traumatisant. On ne prend pas au sérieux les victimes quand elles viennent le dire, plus tard, une putain d'année plus tard. On te regarde avec pitié, et c'est tout ce qui se passe. Les mots coulent sur leurs lèvres alors que toi, tu revois toutes ces images, tu te revois, la tête appuyée contre son pénis, à ne rien pouvoir faire d'autre que de pleurer. Mais tu n'oses pas pleurer devant lui, tu pensais que c'était de l'amour, mais ça n'en était pas. Tu n'arrivais plus à respirer. Mais tu t'es convaincu que c'était de l'amour. La première fois, puis les fois suivantes. Cette fois tu te revois dans cette maudite salle de bain, le visage face au mur, et ses mains désagréables sur tes hanches. Tu souffres, mais tu ne dis rien, encore une fois, tu penses que c'est normal. Tu le sens qui entre en toi, juste un peu, et tu as mal. Tu le lui dit, il continue. Tu essaies de te dégager, mais tu n'y arrives pas. La nuit, tu fais des cauchemars, tu ne comprends pas pourquoi tu te sens aussi mal, tu te sens sale, tu as l'impression que quelque chose s'est produit sans que tu ne le comprenne, sans que tu ne le veuille. Alors, tu fais comme si de rien n'était. A présent, tu te vois dans le noir, et au réveil, tu as comme cette sensation que quelque chose s'est passé. Seule dans le noir, tu suffoques, tu as mal dans le bas du ventre, une douleur nouvelle et étrange que tu n'arrives pas à décrire. Tu vois un visage apaisé à côté de toi, et dès son réveil, sa main te touche. Elle te touche le visage, puis les bras, les seins, les fesses, tout. Tu n'aimes pas ça, tu essaies de le faire comprendre, mais ça ne change rien. Souvent, tu te dis que beaucoup diraient que c'est de ta faute, que tu aurais du le lui dire, seulement la question n'a jamais été posée. Tu n'es pas responsable de cet emprisonnement psychologique. Et encore une fois, tu te rends compte que ce n'était pas de l'amour, et que, pire, tu ne l'aimais pas. Ta fragilité émotionnelle a été utilisée, tournée et retourner comme si ça n'avait pas d'importance. Tu te hais souvent, tu te dis que si tu avais été comme aujourd'hui, rien de cela ne se serait produit. Tu hais les gens qui ne comprennent pas, qui utilise le mot d'un délit comme un mot de tous les jours. Plus tu t'imagines à nouveau ces images, plus la nausée monte. Tu as de la haine en toi, puis de la tristesse. Tu as l'impression d'être tombée bien bas, bien plus que ce que tu ne te pensais possible. Alors, tu t'en veut, tu te dis que tu aurais dû être plus forte. Mais on ne peut pas toujours se sortir d'une situation compliquée et violente. Et jamais je n'aurai pensé que cette innocence me conduirait à la perte de mon propre corps.

Mon RantBook |Fin de l'aventure|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant