Pendant une bonne partie de la nuit, Joséphine réfléchis. Elle savait pertinemment que Bartolomé ou Ninon avaient raison. Elle savait que ce qu'elle s'apprêtait à faire était un danger sans nom, mais l'éventail de choix et de possibilités ne semblait guère s'étendre à l'infini pour elle. Que pouvait-elle bien faire pour régler les problèmes de comptes ? Devait-elle une nouvelle fois revoir toute la trésorerie alors que cela faisait au moins dix fois qu'elle s'y plongeait en essayant de comprendre comment son père en était-il arrivé au point de devoir de l'argent à un homme peu scrupuleux tel que le Comte Detina ? Certes sa famille était dans le milieu financier, mais n'y avait-il pas une personne plus disposée à l'aider ? Autre que ce requin sans scrupules ?
Incapable de fermer l'oeil, elle descendit au bureau de son père, marche après marche de l'escalier craquant et finit par se laisser tomber dans le fauteuil de son père. A cet instant, elle aurait besoin de lui. Elle aurait besoin que quelqu'un lui dise quoi faire car elle ne voit guère la lumière au bout de ce tunnel de mensonges. Ses yeux se perdent à nouveau sur la liste des objets de valeurs que la famille possède, sur celle également des employés dont elle pourrait disposer. Peut-être pouvait-elle au moins leur écrire des lettres de recommandation afin que tout à chacun puisse retrouver son chemin et se faire embaucher par une famille bien plus disposée que la sienne ? Bartolomé et elle sont désormais assez grands pour savoir faire un nombre conséquent de choses, mais l'éducation de Thomas est en cours et Ambre a également beaucoup à apprendre sur l'étiquette. Des cours en soit qu'elle pourrait parfaitement leur dispenser. Mais en aurait-elle le temps ? Il en va de même pour l'entretien et la tenue de la maison : Ninon ne peut pas tout accomplir par elle-même, cela l'épuiserait.
Lui revient alors les discussions passées à propos d'un possible mariage. De toutes les pensées intrusives présentes à cet instant dans son esprit, il fallait que ce soit celle-là qui en ressorte. Le mariage.
Laissant échapper un soupire de contrarié, Joséphine s'imagine au bras d'un homme, devant l'autel, promettant de l'aimer et de le chérir jusqu'à la fin des temps. Une promesse dans ce genre-là, elle n'en a faite qu'une fois et cela lui a bien trop coûté pour recommencer. Elle finirait par se faire abandonner. Elle, sa famille toute entière, repartirait alors à la case départ. Non, il lui fallait un mariage de convenance. Un où certains termes peuvent être discutés, négociés et convenus avec une personne se trouvant sur la même longueur d'ondes qu'elle. Quelque chose d'une assez courte durée, peut-être deux ou trois ans maximum. Deux ou trois ans, c'est tout ce qu'elle demande.
Du temps, voilà ce qui lui manquait cruellement aujourd'hui. Tant semblait déjà peser sur ses frêles épaules et elle ne savait plus par quel bout y prendre ? Renflouer les caisses de l'entreprise ? Sauver la réputation de la famille par tous les moyens ? Élucider le meurtre de son père qu'elle avait dû grandement laisser de côté depuis quelques jours.
Tant à faire et si peu de temps.
- En principe la nuit porte conseil, mais je ne suis pas certain que ce soit ton cas, souffle Bartolomé en ayant passé une tête à travers la porte légèrement ouverte, Que fais-tu ?
- Je réfléchis, lui répond son aînée en le regardant approcher
- Dois-je m'en inquiéter ?
- Non. Je repense seulement à ce que tu m'as dit tout à l'heure. A propos du mariage.
Confus, Bartolomé s'assied en face de Joséphine tandis que cette dernière ne put s'empêcher d'aborder ce long mais triste sourire. Elle semblait dépitée, mais résolue. Déterminée, mais amère. Elle semblait avoir le visage de quelqu'un ayant comprit que sa fin se trouve devant elle et déjà toute écrite. Comme si son sort lui était inéluctable.
VOUS LISEZ
Joséphine
FantasyAlors que sa famille est au bord de la ruine dû à un malencontreux sort du destin, Joséphine se voit contrainte d'épouser le Comte Francis Detina dont la réputation plus que douteuse ne lui présage en rien, une fin heureuse. Néanmoins, lors d'un bal...