Depuis combien de temps était-elle là, plantée devant le bord de son lit à regarder cette énorme caisse débordant de vêtements ? En avait-elle prit suffisamment ? Trop ? Pas assez ? Voilà que cette boîte était la seule chose venant occuper ses pensées tandis que derrière elle, appuyé contre la porte, se tenait son cadet, la dévisageant avec désespoir, soupirant de temps à autre comme s'il tentait de l'interpeller. Mais rien. Rien ne semblait sortir Joséphine de ses pensées.
Bartolomé savait que ces derniers jours avaient été particulièrement rudes pour son aînée et que cette dernière s'était enfouie, tête la première, dans les tâches qui lui incombaient en tant que Baronne afin de ne pas penser à tout le reste, mais cette fuite en avant était tout sauf une stratégie saine. Un jour ou l'autre, toutes ces choses auxquelles Joséphine se refuse de faire face lui reviendront au visage. Toutes ces choses qu'elle a momentanément mises de côté, reviendront la hanter et il le savait. Malheureusement, il ne sera pas là pour l'épauler. Ninon ne peut avoir ce rôle, Ambre et Thomas sont trop jeunes pour réaliser encore l'ampleur du rôle et de la responsabilité de leur sœur. Joséphine n'avait personne. Et ça, il ne pouvait le tolérer.
- Vas-tu rester à me regarder pendant encore longtemps ? lui demande-t-elle soudainement sans même prendre la peine de se retourner.
- M'ignores-tu sciemment ?
- Je ne t'ignores pas, mais je préfère éviter une conversation qui me vaudra tes foudres.
- Certes. Je me doute que si cette malle est sortie et à moitié remplie, ce n'est pas parce que tu as décidé de faire du tri dans ta penderie.Tu comptes y aller, n'est-ce pas ? Malgré tout ce que j'ai pu te dire et malgré notre duel ?
- En effet. Toi plus que n'importe qui sait ô combien j'ai besoin de m'éloigner d'ici quelques temps, déclare Joséphine en daignant enfin lui faire face, Je comprends tes inquiétudes, Bart, crois-moi...
- Et je comprends ton envie, Joséphine. Je l'entends, mais...Le vaste océan est un endroit dangereux, insiste le cadet en s'approchant d'elle
- Pas plus dangereux que la terre ferme.
- Joséphine...Je t'en prie. Je sais que tu n'as guère besoin de mon approbation pour partir, mais j'aimerais passer les quelques jours qu'il me reste avec tous les membres de famille. Après, je m'en irais de nouveau et tu ne m'auras plus sur le dos.
- Ne dis pas ça. Je t'aime sincèrement Bartolomé et il me manquait une personne qui s'inquiétait honnêtement pour moi...Mais toute ma vie, je n'ai fais que ce que l'on attendait de moi. Toute ma vie, je n'ai fais que sourire, prétendre et vivre au travers de cette famille. Pour la première fois, je veux juste faire quelque chose pour moi. Quelque chose de nécessaire à mon bien être et j'ai besoin de prendre l'air. Pas seulement de sortir pour me promener en ville, mais j'ai besoin de m'éloigner de cette ville quelques temps avant qu'elle ne me prenne absolument tout. Elle m'a déjà tant pris : Mes rêves, mes ambitions, mes parents...
Aussi loin qu'il puisse se souvenir, Bartolomé n'a pratiquement aucun souvenir de Joséphine pleurant. Elle tombait,elle se relevait. Elle était blessée, elle serrait les dents. Elle était triste, elle faisait autre chose pour se divertir l'esprit. Enfants elle était l'exemple parfait. Elle était son modèle, mais aussi son pilier. Joséphine ne pleurait pas. Joséphine était incroyablement forte.
Jusqu'à aujourd'hui.
Aujourd'hui, ses yeux sont pris d'assaut par de légères et fines gouttes. Ils se teintent de rouge alors qu'une larme roule sur sa joue. Aujourd'hui, Joséphine craque alors qu'elle ne l'a pas fait en presque vingt ans de vie. Peut-être que tout compte fait, cette ville lui a prit bien plus qu'elle ne veut bien l'admettre car voilà qu'elle commence à lui arracher une partie de son âme.
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Joséphine
FantasyAlors que sa famille est au bord de la ruine dû à un malencontreux sort du destin, Joséphine se voit contrainte d'épouser le Comte Francis Detina dont la réputation plus que douteuse ne lui présage en rien, une fin heureuse. Néanmoins, lors d'un bal...
