Ses yeux ne purent que s'arrêter sur la signature se trouvant au bas du document. Elle ne l'avait vu que trop de fois, l'avait même parfois imitée mais avait encore grande peine à reconnaître l'authenticité de cette dernière. Pourtant le doute était quasi nul. Cela ne pouvait être que la signature de son père, mais devant l'ampleur de la nouvelle, Joséphine ne réussit guère à sortir de sa stupeur et de l'incompréhension générale entourant cette soudaine annonce. Etait-ce réel ? Pouvait-elle seulement y croire ? Au fond, la jeune femme peinait à réaliser. Voilà que ces dernières semaines fut si mouvementées que pas instant elle n'aurait pu deviner que son père lui avait caché une telle chose. Jamais il n'en avait parlé, ni même vaguement mentionné dans une de leurs nombreuses conversations nocturnes. Richard Conquérant était un homme simple, mais intelligent. Discret et pourtant admiré de beaucoup. Apprécié par certains, jalousés par d'autres. Richard était bien des choses, mais un homme de secrets n'en faisait pas partie. Du moins c'était ce que Joséphine avait longtemps pensé de son père. Cet homme qu'elle voyait comme une sorte de héros personnel, qui avait toujours été à ses côtés et qui l'avait toujours soutenu dans ses choix, son plus grand allié...n'était aujourd'hui plus là pour lui expliquer la multitude de choses qu'elle aimerait lui demander. Elle avait tant de questions en tête et qu'elle savait destinées à finir sans réponses que cela l'embêtait d'autant plus.
- Vas-tu rester ici et prendre racine sur ce fauteuil ou comptes-tu au moins accompagner ton frère jusqu'à la porte ? lance Bartolomé en uniforme, un sac suspendu sur l'épaule.
- J'ai en horreur ce genre de moment, lui répond-t-elle en se levant enfin pour le rejoindre.
- Je sais.
Aujourd'hui, l'heure est au départ. Il est temps pour le jeune Bartolomé de s'en aller et de retrouver ses obligations.
Dans le salon, toute la famille attends : Thomas ne comprenant toujours pas pourquoi son aîné doit s'en aller et Ambre, comme à son habitude, retenant ses larmes derrière un visage déjà rougi par le chagrin. Les départs ne sont pas le fort de la famille Conquérant, mais chacun fut, à sa façon, un événement mémorable.
- Es-tu obligé de partir ? demande Ambre en s'agrippant à la taille de son frère.
- Tu sais que j'aimerais resté, mais je ne peux pas. J'ai des obligations.
- N'en sommes-nous pas une également ? Ta famille n'est-elle pas prioritaire ? continue-t-elle
- Ambre, souffle Joséphine.
- Pourquoi ne le retiens-tu pas toi ? Tu es Baronne maintenant, tu pourrais dire qu'il n'est guère en état de faire le voyage.
Joséphine et Bartolomé échangèrent alors un sourire complice. Combien de fois ont-ils rêvé tous deux de faire cela ? Mais tromper l'Armée serait une grossière erreur car ils enverraient immédiatement quelqu'un pour vérifier cela et gare à celui ou celle prit à se moquer d'une telle institution.
- Serais-je devenu ton frère préféré ? s'amuse Bartolomé en la taquinant.
- Tu l'as toujours été de toute manière, avoue-t-elle tristement
- Et que fais-tu de Thomas ?
- Thomas est bien trop petit pour se soucier de moi. Tout ce qui l'intéresse c'est de courir dans le jardin et de dessiner.
- On a tous été comme lui à cet âge-là. Quelle chance il a. Laissons-le profiter de ces années.
- Promets au moins de m'écrire. Régulièrement. Je veux une lettre tous les mois !
- Que tu es bien exigeante, mais je te promets de t'écrire. D'écrire à chacun d'entre vous, jure Bartolomé en embrassant sa sœur, Allez, il me faut y aller à présent.
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Joséphine
FantasyAlors que sa famille est au bord de la ruine dû à un malencontreux sort du destin, Joséphine se voit contrainte d'épouser le Comte Francis Detina dont la réputation plus que douteuse ne lui présage en rien, une fin heureuse. Néanmoins, lors d'un bal...