💍 CHAPITRE 37 💍

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Retournant jusque dans sa demeure, le jeune Duc ne fut presque pas surpris de découvrir son ami et conseiller l'attendant de pied ferme sur le seuil de l'entrée. Voilà que la nouvelle du retour de la Baronne avait fait le tour de la ville jusqu'à atteindre ses oreilles tandis qu'il le dévisage curieusement. Maximilien le savait, il s'était passé quelque chose. Il ne saurait dire quoi, mais il savait au sourire béa de Jonah que cela n'allait rien présageait de bon pour lui à l'avenir.

- Vous revoilà enfin ! rouspète alors le domestique en tapant du pied

- T'ai-je manqué ? demande un Jonah amusé plus que jamais, Cela ne fait pourtant qu'une journée et encore.

- Je vous prierais à l'avenir de vous restreindre quand il s'agit de partir à la recherche d'une demoiselle en danger.

- Oh mon pauvre ami, je pense honnêtement que c'était elle le véritable danger. Donc ? Raconte-moi, qu'ai-je manqué ?

A peine a-t-il le temps de poser sa veste que Maximilien lui tends déjà un dossier.

- Demain matin vous avez une réunion à La Loge avec ces messieurs les partenaires commerciaux de votre tante. Ensuite vous avez reçu une invitation, que j'ai bien entendu acceptée en votre nom, à prendre le thé avec Son Altesse Royale la Princesse Sophia.

- Max, je...

- Je connais votre avis sur le sujet Monsieur, le coupe-t-il en poursuivant, néanmoins la Princesse peut s'avérer être un atout majeur dans nôtre quête. Son soutien peut nous ouvrir des portes et par conséquent, je vous prierais de faire comme à votre habitude : Vous montrez poli et charmant à son égard. Enfin vous terminerez la soirée en étant invité à dîner chez le Vicomte Perink.

- N'est-ce pas le Vicomte dont l'aînée est tout à fait...avance Jonah en marquant un arrêt sur une marche de l'escalier le conduisant à son bureau

- Singulière ?

- J'allais dire méprisable, mais allons pour singulière.

- En effet, c'est le cas. De ce fait, votre journée s'annonce particulièrement bien chargée.

- Maximilien ?

- Qu'y a-t-il Monsieur ?

- Essayerais-tu de me maintenir occupé d'une façon ou d'une autre ?

Ce dernier ne lui répondit guère et préféra lui emboîter le pas, allant jusqu'à le devancer dans l'escalier tandis que Jonah, non surpris de son comportement, le suivit jusque dans le bureau.

- Avec tout le respect que je vous dois, vous savez que votre tante fait obstacle à votre retour sur le duché. Depuis que vous êtes en ville et que la nouvelle de votre retour s'est ébruitée, cette dernière s'efforce bec et ongles de vous tenir éloigné de votre juste place. A ce jour, vous n'êtes «Duc» qu'en apparence. Certes vous avez hérité du titre à la mort de feu votre père, mais tant que vous ne serez pas là-bas, administrant ces terres qui sont les vôtres...Ma foi, vous êtes fantoche plus qu'autre chose.

- Un autre que moi t'aurais probablement puni ou congédié pour tes propos, tu le sais ça, n'est-ce pas ?

- Tout à fait et je m'excuse sincèrement si mes mots sont durs, car je sais parfaitement que vous avez conscience de votre situation.

- Mais tu crois que je préfère aller fanfaronner à l'extérieur plutôt que de tenir la promesse que j'ai faite à mon père ?

- Nullement. Mais je sais que votre attachement pour Mademoiselle Conquérant ne cesse de grandir.

- Il est vrai. Elle m'a même demandé en mariage. Et on s'est embrassé, lance Jonah de but en blanc

Attendant à une quelconque réaction de la part de son amie, le Duc, du coin de l'oeil observe son visage jusqu'à alors contrarié passer de l'étonnement, à la perplexité et enfin à l'acceptation.

- Bien évidemment, vous avez refuser, lui dit Maximilien en tentant de se reprendre

- Donc le fait que je l'ai embrassée ne te contrarie guère, mais le mariage en revanche...

- Monsieur, je sais que vous avez auparavant et à de nombreuses reprises joué de vos charmes donc je ne dois plus être surpris par la moindre de vos incartades.

- J'apprécie Joséphine, Maximilien, et de façon sincère. Quant à ta remarque, sache que je ne me suis pas complètement opposé à l'idée.

- Pardon ?

Le léger cri de Maximilien eut au moins le mérite de faire sourire Jonah car il s'y attendait. De toutes les personnes pouvant être contrarié par une telle annonce, ce dernier était largement en tête. Jusqu'à lors, Jonah n'avait encore jamais réellement compris le différend opposant son ami à Joséphine. Il semblait avoir pour elle autant de respect que d'appréhensions, comme s'il s'en méfiait. Mais pour quelles raisons exactement ? Que lui inspirait-elle de plus ?

- Avez-vous bu avant de rentrer ? lui demande alors son aide tout agité

- Nullement.

- Alors vous vous êtes cogné la tête car cela ne peut être expliqué que de cette façon.

- Je t'assure mon ami, que j'ai bel et bien toute ma tête et que je suis en parfaite santé. Peut-être ai-je bu un verre d'eau avant de quitter la maison des Conquérant, mais c'est tout.

- Dans ce cas, vous me cachez quelque chose.

- Tu sais que je n'ai aucun secret pour toi, Max.

- Cela fait plus de cinq ans que je vous entends dire à qui veut bien l'entendre que vous n'envisagez pas de vous marier. Que pour vous, le mariage est un mensonge, une illusion et que cela ne vous intéresse guère, s'inquiète Maximilien

- Mais ne dit-on pas aussi que seuls les idiots ne changent pas d'avis ? avance Jonah

S'amusant de la situation, le jeune homme s'installe derrière son bureau, laissant son conseiller planté sur place, visiblement perdu dans son propre flot de pensées. Les paroles de Maximilien étaient justes. Jamais encore Jonah n'avait envisagé le mariage car il savait que quiconque se marierait avec lui utiliserait cette union comme prétexte pour atteindre son argent, sa réputation ou bien même sa position privilégiée. Les familles désirant lui faire rencontrer leurs filles n'étaient rien de moins comparables à des marchands sur une place vendant un produit : Beauté, tenue, intelligence et autres qualités étaient toujours et constamment mises en avant comme si cela comptait. Et bien-sûr que dans cette noble et grande société, cela comptait, mais pas pour lui. Jonah ne cherchait pas l'épouse parfaite, seulement la partenaire idéale. Quelqu'un avec qui rire, s'amuser, affronter le pire comme le meilleur. Quelqu'un à l'écoute, pouvant lui tenir tête tout en lui tenant la main.

- L'aimez-vous au moins ? Car il serait cruelle que cette jeune femme s'engage dans une voie sans issue, reprend Maximilien

- Hélas, je crains que pour avoir cette réponse-ci, il faut laisser le temps faire son œuvre.

- Donc vous l'appréciez et avez pour elle une grande affection, de laquelle je ne doute guère, mais vous n'éprouvez pour elle aucun sentiment amoureux ? C'est la chose la plus triste et navrante que je n'ai jamais entendu. Comptez-vous lui briser le cœur à un moment donné ?

- Qui te dit que le cas contraire n'est pas envisageable ? s'étonne Jonah

- Si cela devait un jour se produire, je m'excuserais.

- Pourquoi ?

- Pour avoir douté de la sincérité de vos propos à un moment donné.

Mais toute relation aussi belle qu'elle soit à la naissance est un jour voué à connaître des bas. Après tout ne jurons pas pour le meilleur, mais également pour le pire ? 

JoséphineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant