Epilogue

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Une fois n'est pas coutume, je place mon commentaire en début de chapitre ! Après avoir échangé avec certaines lectrices, j'ai compris que la fin de F&G était trop frustrante ... et je me suis laissée guidée par l'idée (sournoisement glissée par l'une d'entre vous!) de rajouter un passage très court pour clore ce livre sur une image un peu plus précise. 

DONC, si tu as aimé le chapitre précédent et si tu es satisfait.e de cette fin ouverte, qui te permet d'imaginer tout ce que tu veux sur l'avenir de nos deux héros, ne va pas plus loin ! Si au contraire tu as besoin de quelques lignes en plus pour dire au-revoir à Ella et Erow, voilà, c'est cadeau ♥ 

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La nuit était pleine depuis plusieurs heures maintenant lorsque l'ombre furtive d'un cavalier encapuchonné s'insinua sous le regard blanc de la lune. La lumière du ciel suffisait à guider les foulées amples de la monture de race sur la terre de la plaine. Celle-ci semblait de toute manière connaître le chemin.

Le cheval adapta sa cadence dans un petit galop souple à l'approche d'un coteau de colline. Bientôt, une petite bicoque se dessina dans la pénombre. La forêt se dressait derrière elle comme un mur noir emplit de secrets.

Le cavalier ralentit à l'approche de la maisonnée éteinte du garde-chasse. L'animal s'ébroua, désireux sans doute de profiter encore un peu des grands espaces s'offrant sous ses puissants sabots. Un claquement de langue le canalisa et le rappela à l'ordre. Dans un mouvement souple, le cavalier se laissa glisser au sol dans un tourbillon de cape.

Une branche craqua alors dans les sous-bois. Une silhouette se détacha de l'obscurité et une voix aux intonations graves s'éleva entre les arbres :

— Chevaucher de nuit est bien dangereux. Ne crains-tu pas de te faire surprendre par quelques âmes mal intentionnées ?

La silhouette encapuchonnée sursauta. L'instant suivant, l'éclat vif et menaçant d'une petite dague scintilla près de sa hanche.

Mais lorsqu'Erow s'avança, l'étrange voyageur rangea son arme. Des mains blanches quittèrent le refuge du manteau pour faire tomber le tissu dissimulant son visage. Une cascade de boucles brunes et des traits fins se révélèrent sous les rayons lunaires. Éléane lui lança un regard piquant.

— À une heure pareille, les renégats sont tous partis dormir. Que fais-tu dehors en pleine nuit ?

Un sourire mutin se creusa sur les joues d'Erow. Ses bottes avancèrent sur l'herbe jusqu'à rejoindre le corps droit de la Marquise, froide maîtresse du domaine. Il se plut à sentir son assurance tressaillir lorsque leurs souffles s'emmêlèrent.

— Détrompe-toi, murmura-t-il. Les plus grands crimes sont commis de nuit.

Éléane leva le menton et soutint sans détour le regard d'acier qui paraissait la transpercer toute entière.

— Es-tu en train de me dire que je devrais te faire arrêter ?

Elle sourit à son tour dans l'ombre. Ses mains rassemblèrent les rênes avant qu'elle ne se détache de ce bras de fer visuel et parte attacher le cheval devant la chaumière.

— Tu n'as pas répondu à ma question, rappela-t-elle.

— Je ne fais que remplir ma mission. Je suis tombé sur la trace de braconniers à l'ouest de la forêt.

Éléane lui jeta un coup d'œil. L'homme en face d'elle avait attaché une réelle importance au poste qu'on lui avait confié dès lors qu'il avait jugé le maître des lieux digne de respect. Bien qu'une année se soit écoulée depuis la mort du Marquis, Erow n'en demeurait pas moins fidèle à ses responsabilités.

— Jules ? lança le garde-chasse

— Épuisé. Il dormait avant même que je n'aille l'embrasser. Mais il travaille dur, son maître d'armes est agréablement surpris de ses fulgurants progrès.

Elle surprit l'étincelle de satisfaction qu'elle s'était préparée à déceler dans le regard d'Erow. Il n'était donc pas étranger à cette histoire. Si elle apprenait encore à administrer le domaine d'Estyrel, elle restait avant tout une mère à l'instinct aiguisée. Et si son fils parvenait à échapper à la surveillance des gouvernantes pour venir crapahuter jusqu'ici, elle finissait inévitablement par le deviner.

Le voyou ne lui laissa toutefois pas le temps de s'appesantir sur le sujet. Il attrapa ses doigts et l'attira sans plus de fioriture jusqu'à lui. Son nez glissa contre le sien alors qu'il savoura le parfum de sa peau de pêche.

— Ce qui signifie que la nuit nous appartient ...

Le souffle d'Éléane s'emballa. Elle se délecta de l'agréable frisson qui pétilla en elle et se laissa sombrer dans l'abysse de cet amour secret, et si excitant.

— La nuit et bien plus encore, susurra-t-elle.

En réponse, les mains d'Erow remontèrent la courbe de ses reins. Il investit sa chevelure relâchée et, n'y tenant plus, il vint quérir pour de bon les lèvres de sa belle.

Le baiser s'approfondit et leurs bouches prirent alors le temps de se répondre avec tendresse. Cette fois pour ne plus se quitter.

Feu et GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant