and i'm just a kid, i always make mistakes

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-" hey "

Entendis-je, une tête dépassant à peine de l'embrasure de la porte.
Mécontent, je me retournais dans mon lit, lui tournant le dos, rabattant ma couette dans un mouvement énervé.

Des bruits de pas légers m'indiquèrent que l'intrus avait pris la dangereuse décision de s'approcher de moi.
Je grommelais un coup, pour la forme, mais quand sa main s'enfouit dans mes cheveux et commença à les caresser doucement, je ne pus que me taire.

Il était assis là. Dans la semi-obscurité, ses doigts jouant tranquillement dans mes cheveux ébouriffés. Son bras tendu pour pouvoir m'atteindre du bout des doigts.
Veillant sur moi.

Mais pourquoi donc faisais-tu cela ?

J'étais pétrifié. J'en avais marre d'être utilisé.
J'en avais marre de ces sentiments étouffés.

Ne pouvais-tu pas rester un ami ?

C'était compliqué à s'avouer, c'était pas facile.

C'était des remises en question incessante, c'était avoir peur de la société. C'était se sentir différent, se sentir presque en faute.
Alors que c'était aussi ça, la "normalité".

Et le savoir, c'était déjà avancer. Et ça je le savais.

Mais qu'en était-il de toi ?
Pourquoi diable, faisais-tu cela ?

Je sentais son regard posé sur moi. Doux.
Je frissonnais sous ses caresses. Calme.

Et c'était nouveau.

Aimer.

Être touché.

Tout un tas de sensations inconnues.
Tout un tas de découvertes, tout un tas de chose à découvrir.
Sans même s'être rendu compte que la curiosité était là, tout ce temps.

Et, dis, " à quoi tu joues ? "

Il pouffa. Devant ma voix endormie, sûrement.
Un rire franc. Il était toujours franc.
Il n'arrêta pas pour autant ses mouvements. Il n'arrêtait jamais vraiment.

- " Si t'es réveillé, viens on sort. " ~ chuchotât-il.

Me redressant doucement, je m'étirais longuement. Il savait que je n'aimais pas sortir.

- " Qu'est-ce que tu veux faire encore... "

En vérité je connaissais la réponse.

Parce qu'il avait sa raison de vivre et que moi j'avais tout juste de quoi échapper à la réalité. Parce qu'il était passionné et que je me contentais de me laisser porter.

Je le suivis finalement sans broncher.

-

Mon souffle court emplissait le silence. Le soleil se couchait.
L'eau coulait dans le fleuve, tranquillement.
Mes pieds battaient l'air dans le vide.

Et il souriait. La tête rejetée en arrière, les yeux fermés, son ballon entre les jambes. La transpiration perlant sur son visage détendu.
Et je savais que là, maintenant, il était heureux. Même si ce n'était pas permanent.

Après tout, c'était impossible d'être heureux, tout le temps.
Après tout, c'était important d'être heureux, de temps en temps.

- " Pourquoi t'as accepté de continuer ? "

Il me parlait du volley, ça je l'avais compris. Mais de quelle continuité parlait-il ?
Continuer quand il m'avait fait essayé pour la première fois ? Continuer de lui faire des passes pour qu'il puisse s'entraîner, des années durant ? Continuer de me démener en match parce que je savais combien la victoire comptait pour lui ? Continuer aujourd'hui, alors que tout était fini ?
On avait perdu.
J'avais perdu.

Mais ce n'était pas fini pour autant. Il me parlait de continuer.

C'était fini le volley au lycée, c'était fini le volley pour nous deux, dans la même équipe.

- "Poses pas la question, tu connais la réponse."

Il me sourit.

Il savait lire en moi. C'était injuste. Terriblement injuste, qu'il me comprenne mieux que moi même.

- " Je veux pas croire que c'était juste pour moi."

- " Beh, tant mieux parce que c'était pas pour toi. " ~ dis-je violemment, en détournant la tête brusquement.

- " C'était pourquoi alors ?" ~ s'amusa t-il.

- " Je viens de te le dire, poses pas la question, tu connais la réponse. "

Il se rapprocha de moi.

Son visage était en face du mien.
Le soleil tremblait sur l'eau grise.
L'herbe était orange.
Mes pieds avaient cessé de battre vainement dans l'air.

Ses yeux se plantèrent dans les miens et ses lèvres s'étirèrent en un sourire.

Évidemment qu'il connaissait la réponse. Il me connaissait mieux que moi même, ça oui. Mais cette réponse, même moi je la connaissais.

Toutes ces années, toutes ces heures de travail, toutes ces réussites plus ou moins réussies, tous ces efforts, tous ces espoirs.

J'étais égoïste, mais cette fois ce n'était pas pour moi, que j'avais fait tout ça.

Tous ces sourires qu'il m'avait offert, tous ces éclats dans ses yeux, toutes cette impatience dans ses mains qui tremblaient.

Ce n'était pas pour moi que j'avais fait tout ça ?

Non. C'était pour les étoiles dans ses yeux.

Ce n'était pas pour moi que j'avais fait tout ça ?

Si... c'était pour que je puisse voir les étoiles dans ses yeux.

Et quand il se pencha doucement, pour m'embrasser pour la première fois, ce n'était pas les étoiles, mais le reflet du soleil tremblotant que je vis dans ses yeux.

All I wanted [ Kuroken ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant