CHAPITRE 1

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- Je peux m'asseoir ici ? Me demande un mec qui vient de monter dans le bus.

Je retire mon sac du fauteuil pour lui laisser la place en faisant un petit sourire pour paraître agréable. Il s'assit en me remerciant. C'était la première fois que je le voyais dans le bus pourtant ça fait déjà deux mois et demi que je prends le bus tous les jours... Peut être que je n'ai jamais prêté attention à lui auparavant. De toute façon, je ne fais jamais attention aux gens. Cela dit, c'est sûrement la chose la plus trépidante qui m'est arrivé depuis le début de la semaine.


Moi c'est Nelly Carter, souvent surnommée Nini. Mon père était américain d'où l'origine de mon nom de famille. J'habite dans une petite ville, perdue en France, avec ma maman. Je suis âgée de 17 ans. Je suis très fusionnelle avec ma mère, elle est tout ce que j'ai, elle représente mon tout. Je suis le genre de fille qui reste tout le temps seule, je n'arrive pas à aborder les gens du moins je n'y arrive plus... Je ne côtoie qu'une seule personne au lycée, c'est ma camarade de classe. Les autres je les ignore, il y a même des personnes que je préfère éviter. Si je devais choisir un adjectif qui me qualifie, j'emploierai le mot « insociable ». Je suis comme ça depuis ma quatrième et ça n'a jamais changé. La raison ? C'est simple, j'étais la victime au collège, celle sur qui on s'acharnait, celle de qui on se moquait, celle qui n'osait jamais répondre... Parfois, j'y réfléchis et je me dis que je vais changer mais c'est plus facile à penser et à dire qu'à faire.


Le bus s'immobilise, ce qui signifie que je suis arrivée à mon établissement. J'attends que le jeune homme qui est assis à côté de moi se lève pour prendre l'allée et sortir du car. Et chaque matin c'est pareil, j'ai l'impression que tous les yeux sont rivés sur moi, que tous les lycéens me dévisagent. C'est horrible de devenir paranoïaque à ce point. Je n'ai pas de phobie sociale mais à chaque fois que je suis dans un lieu public, je me sens tellement mal que j'en ai envie de pleurer.


8:05, la sonnerie retentit. Je monte au troisième étage pour assister à mon cours d'anglais. C'est l'une de mes matières préférées. Je suis assise au quatrième et dernier rang, comme à mon habitude, cachée derrière tout le monde. Christelle, ma camarade de classe, vient s'asseoir à côté de moi. Elle me fait un signe de la main pour me saluer puis le cours commence.

Christelle est une fille très gentille et très serviable. C'est la seule personne qui est venue me parler en début d'année. C'est quelqu'un qui est très timide donc elle n'ose pas entreprendre de conversation avec les gens. Avec moi, c'était différent parce qu'elle s'est vite rendue compte qu'on est quasiment pareille. Je ne lui confie pas grand-chose de moi et c'est réciproque pour elle mais on se sent quand même un peu soutenue l'une par l'autre.


Ma journée continue de se dérouler, une journée si ennuyante comme tous les jours. Je n'ai qu'une hâte c'est de rentrer chez moi, le seul endroit où je me sens libre et tranquille. Chaque soir, ma mère me demande de lui raconter ma journée mais je n'ai jamais rien à lui dire. Parfois, je me sens si différente des autres. Suis-je normale ? C'est la question que je me pose le plus souvent.

15:05, la sonnerie indique que c'est la fin de la pause. Il ne me reste plus qu'une heure de cours et c'est sans doute le cours que je déteste le plus : ALLEMAND. En début d'année, le prof a décidé de nous placer par ordre alphabétique. Évidemment, Carter, C, troisième lettre de l'alphabet donc je me retrouve au deuxième rang, génial, tout ce que j'adore. Christelle a un peu plus de chance que moi, son nom est Morel donc elle est au quatrième rang. Mais le pire dans cette matière que je n'aime pas, c'est que mon gentil professeur nous interroge tous un par un. Je pense que vous vous en doutez mais je ne supporte pas ça, je ne veux pas participer, je n'aime pas participer et puis je n'aime pas parler allemand. En clair, cette heure-ci c'est l'enfer pour moi. Heureusement, que c'est la dernière heure de cours de la journée.


Ma journée est enfin finie, je retrouve mon chez-moi et ma mère qui m'attend sur la canapé. Comme à son habitude, elle me prépare un jus de fruits avec un paquet de gâteaux, c'est l'un de mes moments préférés. Je commence à manger lorsque ma mère me pose la fameuse question habituelle.


- Tu as passé une bonne journée Ninie ? Me demande-t-elle.

- Tu me poses la même question chaque jour Maman et la réponse est toujours la même.

- C'est vrai. Il est en temps que tu te reprennes en main. Tu ne peux plus continuer comme ça. Je pense que je vais te prendre un rendez-vous chez un psychologue.

- Pourquoi ? Je n'arrive déjà pas à parler à des jeunes de mon âge alors tu crois vraiment que je vais aller raconter ma vie et mes problèmes à un inconnu ?

- Crois-moi, au bout de deux séances ce ne sera plus un inconnu pour toi. Ce n'est pas une honte d'aller voir un psychologue, il peut t'aider, c'est la seule personne capable de le faire. Il ne te jugera pas, il te donnera juste des conseils, c'est son métier. J'ai essayé de faire mon possible pour toi mais tu as bien vu que ça ne mène à rien. Tu te renfermes sur toi-même, ce n'est pas bien et tu le sais. Je veux que tu profites de ta jeunesse. Et crois-moi ce n'est pas comme ça que tu en profites. Tu devrais y réfléchir.


Après cette discussion, je monte dans ma chambre pour faire mes devoirs. A vrai dire, je n'arrivais pas à me concentrer sur mes exercices puisque je n'arrêtais pas de repenser à ce que ma mère m'avait dit auparavant. Je sais qu'elle veut à tout prix m'aider mais on a déjà essayé et c'est vouer à l'échec. En fait, en plus d'être insociable, je suis aussi pessimiste. Que de qualités n'est-ce pas ? Peut être qu'elle a raison, je dois peut être aller un professionnel... Après tout, ils sont certainement confrontés à des cas plus graves que moi. Et puis, qui ne tente rien n'a rien.


Vendredi.


Je suis dans la cuisine en train de prendre mon petit déjeuner et je réfléchis encore un peu à propos de mon rendez-vous chez le psychologue. Ma mère est déjà partie au travail alors je décide de lui envoyer un message sur son téléphone pour lui faire part de ma décision.


« Maman,

J'ai bien réfléchis et je veux bien prendre un rdv chez le psychologue. J'irai au moins à une séance et je verrai après si je continuerai...

A toute, bisous »


Le vendredi est ma journée préférée car je n'ai que deux heures de sport et une heure de français. D'ailleurs, le mec d'y hier s'est rassit à côté de moi, dans le bus, aujourd'hui. Ce n'est pas tout, non, ce même mec est aussi dans mon groupe en badminton aujourd'hui. Moi qui ne fait jamais attention à personne d'habitude, lui je le vois beaucoup depuis hier. Comme on dit, c'est l'exception qui confirme la règle.


Quand ma mère rentre du travail, le vendredi, je suis déjà chez moi comme je termine plus tôt qu'elle, du coup c'est moi qui lui prépare un goûter. Je sais que ça lui fait toujours plaisir de rentrer et de boire un café au lait.


- Bonjour ma Ninie. Merci pour cette petite attention. Me dit-elle toute souriante.

- Bonjour. C'est le rituel du vendredi ! M'exclamais-je.

- C'est vrai ! J'ai eu ton message mais je n'ai pas pu te répondre, j'étais trop débordée. D'ailleurs, je vais appeler toute de suite pour te prendre rendez-vous.


Quelques instants plus tard, elle est revenue en me disant que j'avais rendez-vous lundi à 14h. Je dois dire que cette rencontre avec Mme. Chevalier, ma psychologue, m'angoisse beaucoup. Je n'ai jamais été voir quelqu'un, je ne sais pas du tout comment ça va se passer.

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N'hésites pas à me donner votre avis qu'il soit positif ou négatif. Ça me permettra d'améliorer mon histoire. :)

Le chapitre 2 sera publié aujourd'hui ou demain pour ceux que ça intéresse :)

Le changement de toute une vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant