Le changement de toute une vie.

CHAPITRE 6

Je pensais que c'était lui qui était finalement venu se mettre à côté de moi mais malheureusement ce n'est qu'un faux espoir et c'est une fille qui est venue s'assoir ici.

- Désolée, mais je ne supportais plus l'odeur du mec qui était à côté de moi. Me dit-elle en s'asseyant.

- Oh t'excuses pas, il n'y a pas de soucis. Lui répondis-je en souriant.

Stop. On arrête tout. J'ai réussi à être agréable avec cette fille et en plus ça s'est fait tout naturellement. Je me surprends moi-même. Pour une simple personne, c'est tout à fait normal, la scène qui vient de se passer mais pas pour moi. Moi qui ignore tout le monde, qui ne répond quasiment jamais à personne, j'ai su me montrer gentille avec celle-ci. Je suis vraiment fière de moi, c'est la preuve que mes rendez-vous chez ma psychologue sont efficaces. D'ailleurs, je retourne voir Madame Chevalier dans quatre jour, j'ai rendez-vous lundi après-midi après mes cours.

Arrivée en cours, on m'annonce que mon professeur de philo n'est pas là aujourd'hui. Puis, je me rends compte que Christelle n'est pas là, ce qui m'inquiète un peu. Ce n'est pas dans ses habitudes de manquer les cours, même quand elle est malade, elle tient toujours à être présente. Alors, discrètement, je prends mon téléphone portable pour lui envoyer un sms.

"Christelle ? Tu n'es pas en cours? Qu'est ce qu'il t'arrive ???"

Je range mon portable dans ma poche et essaie de me concentrer sur le cours ennuyant que notre professeur nous propose. En fait, j'étais plutôt en train de penser à ce mec. J'ai l'impression qu'il hante mes pensées ces derniers temps et je dois dire que cela ne me plait pas trop. Je sens mon Iphone qui vibre, ça doit être Christelle qui m'a répondu.

"Ninie, ne m'attends pas ce soir, je mange avec mon patron. Il a un nouveau contrat à me proposer. Je te fais de gros bisous ma puce."

Je trouve que ma mère voit beaucoup son patron ces derniers temps, je commence à trouver ça un peu bizarre. Je décide de ne pas répondre. Ma mère est moins présente pour moi en ce moment et ce n'est pas une impression c'est vraiment le cas. Elle m'a tellement parlé de cette psychologue et depuis que j'y vais elle prête moins attention à moi puis il faut dire qu'elle est beaucoup moins souvent chez moi. Elle a toujours des autres excuses. En fait, ça me rend triste, j'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose. Mon téléphone vibre encore une fois et cette fois-ci c'est Christelle.

"J'ai loupé mon réveil, j'ai vomi toute la nuit, ça sent la gastro... Ma mère ne veut pas me ramener au lycée vu que je suis malade... Je suis dégoutée, je vais louper les cours..."
"Ne t'inquiètes pas pour les cours, je te les prends et je te les ramènerai! Je te dois bien ça!"

Bon si Christelle est malade, ça veut dire que je vais être toute seule toute la journée et y compris ce soir vu que ma mère ne sera pas là. On va dire que ça ne m'enchante pas trop. Je sens que ça va être une très mauvaise journée. J'ai déjà hâte d'être ce soir.

Il est midi, ce qui veut dire : direction la cantine. Ce qui est horrible quand vous n'avez qu'une camarade, qu'une personne que vous côtoyer dans votre lycée, c'est ce que quand celle-ci n'est pas là, vous êtes seule pour manger... Si ça ne tenait qu'à moi, je n'irai pas à la cantine mais mon estomac fait une chorale depuis avant parce qu'il a appétit et puis comment passer à côté des frites ? Alors, tant pis, je me dirige vers notre place habituelle et mange seule cette fois-ci. Pour éviter de voir les gens me regarder, je me mets à la place de Christelle, du coup je tourne le dos à tout le reste de la cantine et me retrouve en face d'un mur blanc mais ce n'est pas plus mal. Soudainement, j'entends quelqu'un arrivait derrière moi.

- Bonjour Mademoiselle.

OH MON DIEU. C'est lui. Je suis forever alone en train de manger mes pauvres petites frites et lui il décide de choisir ce moment pour venir me parler, génial, je ne pouvais pas espérer mieux. Je dois me taper la honte, c'est horrible. Je crois même que je deviens rouge. Je sens mes joues qui chauffent.

- Euh bonjour. Dis-je timidement.
- Pourquoi t'es toute seule ?
- Parce que je n'ai pas de potes à part une fille de ma classe qui est, comme par hasard, absente aujourd'hui, le jour où tu as décidé de venir me parler. (Ça c'est ce que j'aurai aimé lui dire) Ma copine est malade du coup elle n'a pas pu venir en cours. (Ça c'est ce que je lui ai dit...)
- Tu veux venir avec nous ? Ce n'est pas cool de voir une fille manger toute seule... Répond-t-il en souriant.
- Non mais ne t'inquiètes pas, j'ai l'habitude d'être seule...
- Oh tu es une fille solitaire! J'étais comme toi un moment puis après j'ai eu un déclic. Au bout d'un moment, tu en as marre d'être seul, de voir les autres jeunes s'amuser en groupe alors tu décides de réagir...
- Je vois oui... Au fond, on a peut être tous une période comme ça mais chez certaines personnes elles durent plus longtemps que pour d'autres...
- Oui c'est vrai. Enfin, il suffit juste de se remettre en question une bonne fois pour toute et de se dire qu'on va réagir après il faut savoir se montrer fort. Je suis sur que tu peux t'en sortir... Dis, est ce que je peux m'assoir avec toi ? On a l'air d'avoir pleins de choses à se dire ! Propose-t-il.
- Non. Euh, je veux dire oui oui bien sur.
- Tu es sûre?
- Oui oui, pas de soucis.

Il va chercher son assiette et s'assoit en face de moi. Je ne sais pas par quel miracle ou quelle raison mais ce mec m'intimide et me met dans tous mes états. C'est tellement perturbant. Je crois qu'il compte rester avec moi jusqu'à la fin du repas. On parle de beaucoup de choses et j'ai vraiment l'impression qu'il me comprend.

- Mais... Excuse-moi, on parle depuis avant mais j'ignore encore ton prénom.
- Ah oui! Je m'appelle Nelly et toi ?
- Enchanté, moi c'est Maxime.
- De même! Ca fait du bien de mettre un prénom sur un visage. Dis-je en
rigolant.
- Oui tu as raison! Ca commençait à me perturber aussi... Et sinon tu as réfléchi à ce que je t'ai dit l'autre jour ?
- Oui, je t'avoue que j'y ai beaucoup pensé. En fait, en général, les gens ne viennent jamais me parler tu sais. Personne ne m'aborde alors je dois dire que ça m'a beaucoup surpris que toi tu oses le faire.
- Oui, je sais, beaucoup de gens disent que tu te renfermes sur toi, que tu ne leurs réponds jamais... Mais Nelly, il faut que tu réagisses, j'ai été dans ton cas donc je sais ce que c'est, je sais ce que tu ressens... Je peux même t'aider si tu veux, il faut que tu sortes de là-dedans.
- Je n'arrive pas à comprendre pourquoi du jour au lendemain tu viens me parler, tu veux même m'aider maintenant...
- Pourquoi je suis venu te parler tu le sais ça, maintenant je veux t'aider parce qu'il faut profiter de la vie et ce n'est pas en te refermant sur toi-même que tu vas profiter. Tu es encore jeune, tu vas passer à côté de pleins de choses si tu décides de ne parler à personne...
- Tu as peut être raison... Ma mère ne le répète souvent...

La sonnerie se met à sonner.

- OH NON J'AI COURS, IL EST L'HEURE! Dis-je de manière toute affolée. Désolée Maxime, il faut que j'y aille, on se reparle très vite et merci.
- Pas de problème, fonce petite Nelly Solitaire ! Me répond-t-il en souriant.

Merci ? Pourquoi je lui ai dit merci ? Bon ce n'est pas grave. Je cours le plus vite possible. Ah si seulement j'étais sportive moi aussi... J'arrive tant bien que mal à ma salle de cours. Étonnement, le professeur n'est pas encore là. Mon professeur d'allemand en retard, ça serait une grande première. Pendant ce temps, j'essaie de reprendre mon souffle et mes esprits surtout. Quand je me dis que j'ai mangé en TETE A TETE avec le pianiste enfin Maxime, je n'en reviens pas. Finalement, elle n'est pas si mal que ça cette journée. Une surveillante arrive avec un post-it jaune dans sa main.

-Vous êtes la première 12 ?
- Oui. Nous répondions à l'unisson.
- Votre professeur d'allemand a dû partir dans la matinée, il est donc absent cette après-midi!

Encore une bonne nouvelle, ce qui veut dire que je peux rentrer maintenant et que ma journée est finie. Comme il ne fait pas très froid et qu'il ne pleut pas je décide de rentrer à pieds et de ne pas attendre le bus. Après un peu plus d'un quart d'heure de marche, j'arrive chez moi. J'ouvre la porte d'entrée et à ce moment j'ai un gros choc. Je ne m'attendais pas à voir ça.