Chapitre 13

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Deux chemins s'offrent à nous : celui de gauche qui est toujours aussi tortueux si ce n'est plus mais qui semble plus court, et celui de droite qui est plus plat et qui à l'air plus tranquille mais plus long.

-Suis-moi. Dit-il en se dirigeant vers celui de droite.

Je m'étonne un peu de son choix car l'autre me semblait plus court mais je suis tellement fatiguée que je ne suis pas mécontente d'emprunter la route tranquille.

Après tout, c'est un serviteur, il connaît mieux le chemin que moi !

Nous prenons donc le chemin de droite et nous avançons tranquillement. Si au début je le trouve plutôt reposant comparé au chemin d'avant je commence peu à peu à le trouver vraiment long.

-Est-ce qu'on est bientôt arrivés ?

-Pas encore.

Je me demande pendant un instant s'il sait vraiment où il va...Mais bon, ça doit être la fatigue qui parle.

Au bout d'un moment, la nuit commence à être bien installée et je peine de plus en plus à voir le serviteur.

-Attendez-moi !

Mais celui-ci marche de plus en plus vite.

-Marche plus vite ! Me dit-il.

J'essaie tant bien que mal de tenir la cadence mais je suis épuisée. J'ai l'impression que nous marchons depuis des heures.

-Nous y voilà ! Annonce-t-il avec un ton étrange.

J'avance et, je sais qu'il fait nuit et qu'on y voit goutte mais là, nous ne sommes pas du tout au château ! On dirait plutôt une impasse : le chemin s'arrête là.

Je regarde autour de moi : des arbres à perte de vue mais aucune trace ni de près ni de loin du château.

-C'est n'est pas du tout le château ! Vous avez dû vous tromper de chemin...Dis-je.

-Je crois plutôt que c'est toi qui t'es trompée de chemin !

-Je vous demande pardon ?! Je n'ai fait que vous suivre !

-Je sais, c'était mon plan et tu as mordu à l'hameçon !

-Quoi ?

Je le vois sourire dans la pénombre puis se mettre à rigoler de plus en plus fort. J'ai l'impression de connaître ce rire...

-Vous n'êtes pas un serviteur ! Vous m'avez menti !

Il continue de rire tandis que je peine à comprendre la situation. Tout ce que je sais c'est que je dois fuir, parce qu'il commence à me faire peur.

Je me retourne pour faire demi-tour mais il n'y a que des arbres partout : le chemin a disparu !

-Où crois-tu aller comme ça ? Demande-t-il d'un air mauvais.

-Qui êtes-vous ?! Et qu'est-ce que vous me voulez ?!

-Ce que je veux ? Te voir disparaître !

Et là je comprends. Il retire son manteau de faux serviteur et je le reconnais immédiatement.

-Mr.Dev...M'étranglé-je.

-Tu es partie si vite, même pas le temps de dire au revoir !

C'était lui le serviteur qui ne cessait de me mettre des bâtons dans les roues ! Je le savais !

Les paroles qu'Oli ne cessait de me répéter prennent alors tout leur sens : "Ne te fie pas aux apparences !"

Et moi je ne l'ai pas écouté...Je commence à m'agiter, à vouloir me cacher mais le paysage semble changer constamment...

-Ne cherche pas, tu ne peux pas sortir d'ici ! C'en est fini pour toi sale vaurienne !

-Attendez un peu qu'Emmanuel arrive ! Quand il verra ce que vous avez fait il...

-Emmanuel ?! Tu penses sincèrement qu'Emmanuel viendra te chercher après ce que tu as fait ?

-...

-Je crois même qu'Oli t'avait prévenu mais tu ne l'as pas écouté !

Il connaît Oli, ce qui prouve que je ne me suis pas trompée : il s'est bien introduit au château en tant que faux serviteur.

-Je...

-Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même !

Je réalise que ce n'était pas Oli qui m'encourageait à retourner au foyer, c'est pour ça que ce campagnard me paraissait si étrange. J'ai été trompée...Je ne me suis pas méfiée et maintenant me voilà prise au piège...

Je pensais tout savoir et pouvoir tout contrôler alors qu'Oli savait mieux que moi ce qui allait arriver.

Alors c'est vrai, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

"Cette voix te mens !"

Il m'avait averti mais je ne l'ai même pas écouté.

-C'est fini, tu resteras toute seule ici et tout le monde t'oubliera. Le roi ne viendra pas te chercher parce qu'il a été déçu trop de fois de ton comportement ! Les autres sont dignes d'être appelés ses enfants mais toi...Regarde-toi : jamais, JAMAIS tu ne leur arriveras à la cheville parce que tu es une erreur et tu n'auras jamais ta place parmi eux !

Après m'avoir asséné ce dernier coup de poignard en plein cœur, il s'enfuit en riant. Je reste là et je m'effondre. Je suis en colère contre lui.

Mais encore plus contre moi-même.


Affranchie Tome 2 : Restaurée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant