Nashi, le fantôme de Oōsanoya

Chapitre cinq : Absent

Ueno s'installa à sa place. Elle se sentait mal. Mal d'avoir laissé Kyosuke seul avec Ideki, hier. Elle savait qu'il était nouveau. Il ne pouvait pas savoir. Elle aurait dû l'empêcher d'aller voir Ideki, ou rester avec eux. Au cas où...

« Quelque chose ne va pas, Ueno ?, demanda Nikki, sa meilleure amie.
- Je ne sais pas...
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Hier, j'ai parlé avec Asano pour le prévenir de ne pas fréquenter Ideki.
- Tu as bien fait... Fréquenter Ideki revient à se mettre le lycée au dos. Asano est nouveau... Il faut le protéger de l'anomalie.
- Il ne m'a pas écouté. Je suis partie en le laissant seul avec Ideki.
- Tu as fait ça !? Ce n'est pourtant pas ton genre d'abandonner quelqu'un.
- Je le sais mais... j'ai eu peur... Asano ne m'aurait pas écouté, j'en suis sûr. Et si je serais resté avec eux... j'aurais dû les aider... Je ne veux pas devenir la cible des dernières années...
- C'est dommage que Ideki soit l'anomalie. On aurait pu devenir ami si il était normal.
- Tu as raison...
- Pour ce que tu as dit, tu aurais dû insister auprès de Asano. L'empêcher d'aller voir Ideki.
- Je sais... Mais je n'ai pas eu le courage... Je n'ai pas réussi à trouver les bons mots pour le dissuader d'aller voir Ideki.»

Soudain, une tornade rousse rentra dans la classe.

« Quand on parle du loup, dit Nikki en regardant Ideki s'installer à sa place.»

Ueno sentit son estomac se nouer quand elle vit que le rouquin avait encore les marques des coups qu'il avait reçu.

« Je reviens, dit elle en se levant.
- Où tu vas ?»

Ueno alla vers Ideki. Celui-ci la regarda, étonné.

« Dis moi, dit elle, Tu n'aurais pas vu Asano ? Je dois lui parler...
- Non, répondit le garçon, Normalement, j'aurais du faire le trajet avec lui mais vu qu'on a oublié nos vélos ici, hier, c'est mon père qui m'a emmené ici. Mais bon ! Il n'est pas du genre à être en retard ! Tu pourras lui parler plus tard.
- Une dernière chose, Ideki, arrête de le voir. Tu sais bien que rester avec lui ne va que lui pourrir la vie.
- J'en ai conscience. Tu crois quoi ? Mais Asano ne sait rien, il a une bonne excuse.
- Vraiment ?
- Ne me dis pas que tu lui as tout dit !? C'est pour ça que vous étiez ensemble, hier !
- Je devais le prévenir ! Traînez avec toi n'entraîne rien de bon! Asano est nouveau. C'est notre devoir de camarade de le protéger. Alors, je te le dis une dernière fois, arrête de traîner avec lui.»

Ideki baissa le regard.

« Je ne sais pas... Je vais y réfléchir.
- J'espère que tu feras le bon choix.»

Ueno se détourna de Ideki et retourna à sa place.

« Tu as voulu lui dire quoi ?, demanda Nikki.
- Rien d'important.
- Si tu le dis.»

Soudain, la sonnerie retentissa et le professeur rentra dans la salle. Touts les élèves s'installèrent à leur pupitre. Tous ? Non, un seul pupitre était vide : celui de Kyosuke Asano.

« Bonjour à vous tous, dit le professeur, On m'a prévenue que Asano ne serait pas là pour le restant de la semaine.»

Une vague de murmures balaya la salle.

« Il n'a rien de grave ?, demanda une fille.
- Non, rassura le professeur, Mais sa responsable a demandé à ce qu'un d'entre vous lui emmène les cours, chaque jour. Ueno, tu pourrais bien t'en charger ?
- Moi !?, s'exclama la fille.
- Si tu ne peux pas, je peux demander à quelqu'un d'autre.
- Je vais m'en charger, ne vous inquiétez pas.
- Je ne m'inquiète nullement.»

Et le cours commença. Ueno avait la tête pleine de questions. Pourquoi Asano n'était pas là ? La jour après lui avoir parlé du fantôme... Le jour après avoir découvert l'harcelement de Ideki... Le jour après avoir vu l'état misérable du rouquin... C'était il passé quelque chose de grave ? Était ce de sa faute ? Ueno respira longuement et retrouva son calme. Elle allait avoir toutes les réponses ce soir. Pas la peine de paniquer. Tout allait bien.

°

Ueno sortit de lycée. Elle avait prévenue ses parents qu'elle devait aller chez Asano mais pour s'y rendre, elle ne savait pas comment faire.

« Ueno!, s'exclama Ideki en venant vers elle en se trimballant deux vélos.
- Qu'est-ce que tu me veux, toi ?
- Je vais chez Asano lui rendre son vélo. Tu veux que je t'accompagne ?
- Non. Je peux me débrouiller toute seule.
- Tu sais que c'est une demi heure l'ascension de la colline à pied ? Seulement vingt minutes à vélo. Et... Mais ! J'ai justement un vélo sans propriétaire !»

°

Les deux camarades se trouvaient face à la maison des Asano.

« Elle est grande, dit Ueno.
- Ouais, dit Ideki.
- Tient, il y a deux noms..., dit Ueno.
- Oui, oui, dit Ideki en sonnant.»

La porte s'ouvrit tout de suite et Sarada apparut. Elle parut juger les nouveaux arrivants puis se tourna vers l'intérieur de la maison.

« Kyo ! Il y a des gens bizarres !
- Salut Sarada, dit Ideki, Tu vas bien ?
- Je te vois trop souvent donc... non.
- Ideki ?, dit Kyosuke en rejoignant sa sœur, Et... j'ai oublié ton nom.
- Ueno, dit Ueno.
- Ah oui, c'est vrai. Vous faites quoi ici ?
- Je suis venus te rendre ton vélo !, s'exclama Ideki, Et prendre de tes nouvelles aussi ! Pourquoi tu étais absent aujourd'hui ? Tu as l'air d'aller bien !
- C'est parce qu'il a dormi toute la journée, dit Sarada.
- Vous voulez rentrer ? C'est mieux que de rester dehors.»

Kyosuke conduisit les deux invités dans le salon, accompagné de sa petite sœur.

« Tu fais quoi ici Ueno ?, demanda t-il en s'asseyant.
- Oh ! Je suis venus t'apporter les cours ! C'est moi qui est été choisi.
- D'accord. Merci. Tu peux les passer à Sarada, elle va les scanner.
- Tu ne veux pas que je t'explique ?
- Non, non, c'est bon.
- Ne t'inquiètes pas, dit Sarada, Kyo a l'habitude d'apprendre tout seul.
- Mais sinon, dit Ideki alors que Ueno parlait avec Sarada des cours, Pourquoi tu seras absent toute cette semaine ?
- Bon, je crois que je peux vous le dire. Tu as été témoin, donc... En réalité, je suis amnésique.
- Tu es amnésique ?, répéta Ideki.
- Oui, je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé entre mes cinq ans et mes onze ans. Mais mes souvenirs sont encore là. Quand je vois certaines choses, j'ai une ''crise''. Hori a peur que je m'évanouisse quand je fais une ''crise''. Elle m'empêche du coup de sortir de la maison avant que je ne réussisse à trouver l'élément déclencheur.
- Une crise ?
- Quand un souvenir que j'ai oublié essaye de revenir. Souvent, après, je m'endors.
- Comme la dernière fois !
- Oui...
- Mais, tu as parlé d'élément déclencheur. C'était quoi ?»

Kyosuke jeta un coup d'œil à sa sœur. Celle-ci était occupé à scanner les cours de Ueno.

« Ideki, je crois que c'est toi.
- Moi !? Pourquoi !?
- Asano, dit Ueno, Tu veux dire qu'Ideki est la raison du pourquoi tu ne peux pas venir au lycée.
- Oui. Enfin, c'est son état d'hier qui en est la cause. Quand il m'a dit que...
- Tais-toi !, cria Ideki.»

Ueno le regarda, étonné.

« J'ai compris, dit il.»

Soudain, des pleurs retentissèrent dans la maison. Ueno semblait se liquéfier sur place.

« Le fantôme, murmura t-elle.
- Il n'y a pas de fantôme, dit Ideki, Asano, j'ai compris.»

Les pleurs se furent de plus en plus proche. Ueno n'était pas bien. Quand aux deux Asano, ils semblaient ne pas l'entendre.

« Asano, ignore moi, dit Ideki, Fait comme tout le monde, oublie moi.»