Des Crocs, Des Larmes, Du Sang. (Non corrigé)

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La force du temps. Tel un ruisseau, il ne cesse d'entraîner avec lui les galets, d'éroder les pierres, de faire fondre les vies les plus résistantes. 
Le regard du vieux chien ne semblait cependant n'avoir que profiter de cet affres infect. 
Assagis, calme, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, et il était donc prêt à toutes les éventualité. L'épée de Durendal tenait dans ses deux mains, luisante avec ferveur.
C'était l'âme de son ami qui réclamait un dernier combat contre celui qui lui coûta tout.
Fendon le Borgne, le dernier Loup Fer. Le plus meurtrier de sa meute.
Ses dents étaient toujours aussi fines et dangereuses, peut être même plus que ses armes. Armes qu'il avait en nombre... Hache, dague, arbalète, chaines... 
Il était un instrument de mort, prêt à agir au rythme de son instinct destructeur. 
Pourtant, le vieux chien pouvait encore le voir dans cet œil mort. Fendon le craignait. Ça le faisait saliver tant que l'excitation de son cœur était forte. Chaque battement brulait en une adrénaline étouffante et impatiente. C'était l'essence même de ces combattants. 
Surmonter l'horreur, vivre, qu'importait le prix. 
Adalbert aussi sentait cette peur, une peur qui tendait ses muscles, affinait son regard, arquait ses lèvres. Il ne se battait pas pour lui, il ne s'était jamais battus pour lui. C'était la seule différence qui séparait les deux canidés au regard guerrier.
Cet échange silencieux semblait durer une éternité, pourtant, il n'était question que d'une petite minute dans laquelle les chasseurs du Clan loup s'agglutinèrent autours pour profiter au mieux du combat. Le loup noble, Zac, s'était retiré plus loin. Sa main tenant son poigné d'un air douloureux, d'un regard perdu. 
Il n'était pas sûr que Fendon ait sa chance. Il avait confiance en cet héros de Guerre, mais il avait aussi sentit la détermination de son vieil ennemi... 
Une force qu'aucune épreuve ne pouvait renverser. Le borgne sentait cette force qu'il ne comprenait pas, cette force écrasante qui faisait couler un flot de salive entres ses mâchoire inquiète. 
Les premières gouttes de pluies s'écrasèrent sur les museaux respectifs des vieux adversaires...
Une tempête s'annonçait. 
C'est alors que le loup fit le premier geste, il arma son arbalète sous le regard de l'ancien Soldat qui ne bougeait pas, il ne serait pas celui qui ferait la première erreur.

- Frost aura surement les gamins avant la fin de notre duel... Ne crois pas t'en sortir à si bon compte, vieillard ! Car même si ils s'échappent, je les poursuivrais moi même. Je tuerais la lapine. Elle ne nous est d'aucune utilité...
Gronda le tueur sans âme, laissant une salve de bave dégouliner avec ses mots répugnant. Plaçant le carreau dans son arme.
Un cliquetis résonna. Elle était prête.
- Cela fait longtemps que je n'ai pas entendu des os de lapins craquer... La dernière fois c'était ce bon vieux Général de la Garde du Soleil ! 
Ricana-t-il avant de garder son ton souriant, sa voix toujours aussi écœurante et grasse:
- Il paraît qu'il porte encore mieux son surnom désormais...
Mener le cœur d'Adalbert à la noirceur, à la colère. Futile, le chien n'était pas du tout dans ce genre d'optique.

- Bonne chance à toi... Vu la raclée que je vais te mettre, il te seras difficile de faire du mal, même à une mouche si tu veux mon avis ! Et puis, Eavinne a déjà réussis à s'enfuir... Je le sens.
S'amusa-t-il sans le moindre doute, agitant sa grande lame avec facilité, la faisant tournoyer entres ses griffes.
- Ellioth a perdu tout autant que toi... Fendon.
Avait-il dit en fermant un œil, provocation franche, presque amical... Mais qui fit bouillonner le loup, qui avait bondit dans un hurlement fou, strident.
La hache levée, il frappa avec une force démentielle, mais rata son coup... Les pattes du chien étaient restées agiles malgré les années passées. Mais la furie du loup enchaina ses coups prévisibles. Le Chien en dévia un de sa lame, avant d'en éviter deux autres en reculant, sur la défensive, le regard vif.
C'est alors que le Chien la vit. L'erreur. Fendon visa de son arbalète le corps de l'épéiste... Dans sa rage, il n'avait pas évalué l'agilité du chien qui d'un coup de pied au torse de son adversaire, le fit tirer son carreau dans la terre, avant que son corps ne tombe lourdement sur le sol dans des couinements douloureux. Le borgne rampa loin des coups d'Adalbert, le regard tremblant, ne se relevant qu'une fois en sécurité.
-  Auparavant, tu ne te serais pas fais avoir pour si peu, Fendon. 
Le moustachu s'agenouilla pour arracher la flèche qu'il rangea dans l'une de ses poches, la gardant précieusement au cas où, avant de se relever, serrant le manche de son épée.
- Abandonne, ne me force pas à te tuer... Je veux juste que mes enfants soient en sécurités.

Le SphynxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant