Amour Eternel.

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L'on dit qu'à l'apogée de sa vie, au début de sa mort, l'on revoit le fil de notre vie une seconde avant de rendre son dernier souffle.
Zac lui l'avait vu dans son dernier rêve.
Il y voyait ses parents, tous deux fiers et puissants.
Il se rappelait l'odeur de boulot de son père, l'odeur de poisson de sa mère.
Qu'ils paraissaient grand lorsqu'il était jeune...
Il n'avait jamais compris pourquoi il avait dû les quitter... Cette impulsion qui voulait le mener au combat.
Le ras le bol des injustices, ce besoin de se battre pour un groupe et non pour un simple individu.
Rejoindre la meute était ce qu'il avait fait de plus osé, et à la fois, ça l'avait fait revivre.
Il y voyait ses amis s'amuser, et la légende s'enfermer sur elle même. Fendon, que l'on surnommait désormais "le Borgne", du à son œil mort renfermant la rage de mille loup. La rage de sa meute réduit à néant.
Le jeune Zac de l'époque observait une fois encore cette icone, le regard pétillant. 
Il voulait lui aussi devenir un héros sombre, au passé tragique... Il ne se rendrait compte bien plus tard que Fendon n'était plus un héros depuis longtemps. Le coeur dévoré par la rage, ce dernier ne voyait plus d'amis, juste des pions à utiliser ou à éliminer.
Fendon ne vivait plus que pour lui. C'était ce genre de remarque qui torturait le noble épéiste au pelage noir.
Pourquoi personne n'avait pu lui venir en aide ? Le vieux était-il destiné à sombrer ? Il était destiné à planter son acier froid dans le corps de ce pauvre loup... Ce loup qui avait décidé pour une fois de s'éloigner de la vague.
Pour une fois de stopper ce mouvement dans lequel il était entraîné depuis trop longtemps.

Le choix c'était fait lors de la bataille que mena Adalbert face au loup le plus féroce du Clan. Lorsque Zac vit l'arbalète se lever, lorsqu'il vit la lueur de colère qui dévorait le chien...
Il comprit au fond que Fendon était comme tous le monde. 
Comme tous ceux qui avaient souffert un jour. 
Mais Adalbert était unique. Son carreau fusa, loupant délibérément sa cible pour atteindre la terre, s'arrêtant face à Zac.
Ce dernier avait écarquillé les yeux, fixant le bois planté avant de relever le regard sur Adalbert. Il souriait, alors même que Fendon se jetait sur lui tout crocs dehors.
Une leçon...
Fendon n'était pas une menace dont il pouvait se débarrasser avec haine... C'était avec rage et vengeance que le vieux chien avait arraché l'oeil du loup. Cette rage a été transmise ce jour là.
Cette magie qui luisait dans son regard terrible était lié à la colère. Si bien que le meurtre d'Aldabert ne calma pas ce regard rouge, vide d'émotion.
Comme si Fendon refusait de voir que le trou de son âme ne se remplirait plus jamais.
Il ne pouvait pas le voir... Aveuglé par la peur et la souffrance.
La leçon que Zac avait apprit cette fois là: Fendon ne trouvera pas la mort dans la haine. Le seul moyen de le vaincre, serait d'en finir en protégeant ceux qu'il veut blesser à tout prix.

Voilà qu'il se voyait face à la meute. Cette épée lourde et noble en main.
Il n'avait pas peur face à ce monstre de légende. Lui faisant face avec courage, sachant pertinemment qu'il n'avait aucune chance de vaincre...
Mais Felix n'était pas comme les autres. 
Zac l'avait vu plus d'une fois dans son jardin...
Les autres loups n'avaient de cesses d'écraser les pétales, ou de trancher les fleurs. Il suffisait qu'il en reste une, même en piteuse état, et son regard pétillait de bonheur, et ses mains rougis par le travail se remettait à planter, à mouiller, a creuser.
Parfois, le loup espérait le voir aussi assidu lors des entraînements, parfois il était juste bluffé par le travail abattus par ce petit être qui ne se démoralisait jamais
Zac face à celui qui allait l'abattre avait repensé à toute ces fois où le courage du louveteau avait été mit à rude épreuve, à chaque fois qu'il avait recommencé, il était sûr à cet instant...
Si Fendon devait périr, ça serait face à Felix. Personne ne pouvait gagner la détermination d'un tel être, pas même celui qui c'était noyé dans le mal absolu.

C'était finit, sa dernière pensée commençait alors à s'abandonner, s'envolant doucement dans ce ciel blanc sans fond. 
Ne restait que la douleur.
Ce blanc rosé par le sang. 
Il en oubliait son passé, laissant une dernière pensée pour ce petit Felix, il avait été si courageux toutes ces années...
Il était prêt à partir, à dire au revoir à ce monde qu'il oubliait au fil du temps.
Dire au revoir à la douleur, au mépris, à la colère, à la rage.
C'est alors qu'il sentait tout partir. Plus de douleur, plus de regrets. Juste du bonheur et une lumière vive, d'Or.
Puis une voix rauque, aussi puissante de tonnerre:

Le SphynxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant