Sphynx, Cadeaux et Amour

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Les rêves sont des choses parfois merveilleux, parfois terribles. Porteurs de messages de soi à soi-même, ou des cieux à l'Animal. Des hurlements perçaient le ciel aux nuages mauves, les flammes montaient des bâtiments, finissant en immense colonnes de feu parcourant toute la ville d'acier et de vapeur. Les larmes se mêlaient au sang, répandu sur les marches, dans les rues. Des femmes sans visages, des enfants sans nom, et des hommes en larmes. Le réveil était difficile aussi... Parfois même plus que ce rêve qui revenait chaque nuit. Du moins, cette matinée là était particulièrement retorse pour le Siamois qui se réveilla en sursaut avant de hurler de douleur. La petite bête sans poil dormait dans la même chambre que les autres enfants, et son apparence particulière ne lui apportait que violence et moqueries de la part de ses congénères.
Il avait grandit durant ces six hivers, pourtant il semblait toujours être le même. A la différence que des poils avaient poussés au sommet de son crâne. Une longue touffe brune frisée, dont certaines des mèches avaient étés attachées à la tête du lit, d'où la douleur qu'il avait ressentit à son réveil. Son regard d'or se remplissait de larmes juvéniles, il ne comprenait pas... Il n'avait pas de griffes, pas de queue, pas de longues oreilles, pas de poils. Mais était-ce vraiment une raison pour le haïr ? Il resta bloqué dans son lit de longues minutes avant que l'un des adultes de l'orphelinat ne vienne l'aider, un grand Lézard aux yeux globuleux et à la peau verte. Il avait prit des ciseaux, murmurant avec calme:
- Ne t'inquiète pas, Elyos, il fallait te raccourcir les cheveux de toute manière... Avec ce que j'aurais coupé on ne pourra plus rien t'attacher, petit. 
Le petit Siamois regardait le plafond, immobile, au moindre mouvement ses cheveux seraient tirés à son plus grand malheur. Il se contenta de hausser les épaules, il se fichait bien de ces poils étranges. Il finit par demander calmement, sa voix se berçant d'intelligence et de sagesse, évitant de penser à ce que Rico coupait:

- Où est Eavinne...?
Le Saurien leva les yeux au ciel, sifflant de sa langue agile:

- À ton avis ? C'est tous les jours la même chose avec elle... Elle joue la chevalière avec Grand Loup... Elle va se faire mal. Avec tout le travail qu'on a ici, elle va juste se tuer à la tâche ! Moi je te dis, un si petit bout de femme ne devrait pas risquer le diable et se restreindre à des rêves moins grands... Tu as déjà entendu parler d'une Lapine soldate ? C'est ridicule.
Les potentielles larmes du garçon avaient séchés, un sourire timide avait atteint ses lèvres. Même si elle n'était pas toujours gentille avec lui, elle restait quelqu'un qui touchait le petit orphelin. Il arrivait à se reconnaître en elle. C'était celle qui lui ressemblait le plus. Rico mit le dernier coup de ciseaux, libérant le petit être étrange.
- C'est bon. Maintenant va voir Ma' Mireille, elle a besoin de toi. 
Il commença à se relever, avant de froncer son regard immense en voyant le rejeté rêveur.
- Tu m'écoutes au moins...?
Demanda Rico d'un air exaspéré. Sans un mot de plus, Elyos se leva pour partir, le lézard tirant alors sa fine langue avec agacement.
- Vraiment bizarre, ce gamin...

Le terrain était dur, dépourvu d'herbe, et loin des feuilles mortes caractéristiques de l'automne. Quelques galets étaient sur le chemin, mais rien d'insurmontable à éviter pour la plus agile des orphelines. Ses coussinets étaient devenus assez souples pour marcher dessus sans même glisser. Face à elle, Adalbert était là. Armé d'un simple bâton, pareil que celui qu'Eavinne tenait. Elle avait grandit, et lui avait vieillit. Quelques poils blancs étaient apparus sur sa moustache canine. Les narines de la lapine s'étaient remplis d'air alors que son regard fixait Grand Loup avec une certaine crainte. C'est alors qu'après un combat de regard long et éprouvant, qu'elle s'élança, bondissant dans un cri guerrier presque admirable. Son arme s'abattit contre celle du cabot, ce dernier avait juste levé le bras sans mal, une main derrière le dos. Eavinne n'abandonnait pas, dès que ses pattes avaient rejoins le sol, elle enchaîna les coups rageurs, frappant de droite à gauche sans jamais réussir à atteindre le corps de son "père", ce dernier arrêtait tout les coups par un mouvement simple et rapide du bras, confrontant à chaque fois les deux bois dans des "tac" sourds. Il attendit le bon moment avant de simplement faire un pas de côté, évitant l'un des coups de son élève avant de la frapper au visage. Du sang gicla du museau de la petite alors qu'elle tombait à terre dans des gémissements terribles. Elle posa ses deux mains sur son museau qui lui brûlait comme de la lave. Elle ne pouvait retenir ses larmes douloureuses alors que le sermon tombait:
- Tu n'es pas prête. Je te l'ai déjà dis, tu n'es pas faite pour ça... J'ai tenu ma promesse, je t'ai donné ta chance, ne me le redemande plus.
La lapine se recroquevilla sur elle même, tremblante. Elle avait échouée... Elle serra ses petites dents avant de se relever en titubant, suppliant avec une souffrance palpable:

Le SphynxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant