Chapitre IV

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 Alors que je m'apprêtais à sortir pour rejoindre Hange dans ses appartements, une troupe déferla dans ma chambre dans un fracas assourdissant. Hange, Petra, Armin, Mikasa, Connie et Sasha se tenaient devant moi, souriants à pleines dents. Dans leurs mains, une montagne de nourriture menaçait de tomber. Et je me demandais comment ils avaient pu dénicher toute cette nourriture en si peu de temps sans que le cuisinier ne leur lance sa fameuse spatule de bois qui devait dater du siècle précédant.

- Hange : Nous voilà ! Hange Zoe au rapport ! Elle avait poser sa main sur sa poitrine et mis un genou à terre. Faisant tomber toute la nourriture qu'elle retenait.

Je me contentais de rire et de l'enlacer avant de faire de même avec chaque membre de notre petit groupe. Ces idiots allaient me manquer...

La soirée se déroula dans une joie incommensurable et quand il fallut se dire au revoir pour de bon, je ne pus m'empêcher de pleurer à chaudes larmes, accompagnée de mes amis, sauf Mikasa, qui me pris simplement dans ses bras, me souhaitant bonne chance. Sasha me promit qu'elle penserait à moi durant les petits déjeunez, mais pas les dîners, spécifiant qu'elle avait déjà promis à Connie qu'elle lui dédiait ce repas, cette petite remarque me fit rire, d'autant plus que les joues de Connie rougirent plus que de raison et je regardais cette bande de bras cassés que j'allais déjà devoir quitter. Alors que le couvre-feu qui régnait sur le QG était déjà passé depuis des heures, chacun rejoignit sa chambre.

Le jour-j était arrivé, tous dormaient, j'étais seule dans le réfectoire, il était 4h15 du matin et je n'avais pas pu trouver le sommeil, mes pensées se perdant dans l'obscurité abyssale de la pièce uniquement éclairée par la lumière du croissant de lune, repensant sans cesse à mes amis, défunts et à ceux que j'allais perdre aujourd'hui. Alors que je tentais d'avaler ma portion, une silhouette passa la grande porte, me rejoignant, et je pu apercevoir Levi encore fatigué, en uniforme s'installer près de moi, peut-être n'avait-il pas dormi ? Ses cernes confirmèrent mes suppositions et il souffla fortement, massant sa nuque d'une main.

-T/p : Rude nuit ?

- Caporal-chef :
Non, tout va bien, Erwin m'a juste inondé de rapports et m'a demander de remplir ton dossier avant notre départ. T'as pas une vie très passionnante merdeuse. 

Il repassa sa main dans sa nuque en grimaçant. D'instinct, je me levais sous son regard interrogateur, je passais derrière lui et posais mes mains sous son uniforme, détachant ses sangles. Il se retourna rapidement et saisit mes mains avec puissance.

- Caporal-chef : Oï, tu te prends pour qui ? Qui t'as autorisé à poser tes sales pattes sur moi gamine ?!

- T/p : Eh. Calmez-vous, et détendez-vous vous voulez. Vous êtes plus tendu que Sasha quand on la prive de repas. Laissez moi faire pour une fois. Lui dis-je de la voix la plus douce possible.

- Caporal-chef : J'ai pas besoin de ta pitié merdeuse.

-T/p : Ce n'est en aucun cas de la pitié. Chez les gens normaux, on appel ça de l'aide.

Je lui souris, et voyant que je ne lâcherais pas l'affaire, il souffla et pencha sa tête en avant, me laissant une surface plus importante. Effectuant timidement quelques pressions sur ses épaules, je pus sentir les effroyables nœuds en posant à peine mes doigts sous son uniforme. Il devait souffrir le martyre, et pourtant, il ne laissait rien paraître, jamais, devant personne. Il se détendit légèrement quand je commençais à activer mes doigts en silence sur le haut de ses épaules et de temps en temps, je pouvais l'entendre soupirer de soulagement. Il ne l'admettra probablement jamais, mais je savais que mes mains dans son dos le soulageaient. Et alors que ma poigne bien que ferme dénouait lentement, délicatement les douleurs d'un homme au dos meurtri par des années de négligence, je le sentis peu à peu lâcher prise. Nous restâmes ainsi jusqu'à l'heure du départ, aux premiers rayons du soleil, moi, m'affairant à dénouer les nœuds qui le torturaient, lui sous mes mains, tachait de ne pas laisser voir le mal qui le rongeait.

5h00, il était l'heure de partir, et les larmes me montèrent en entrant dans la calèche qui nous mènerait à Sina. Je repensais à mes amis et la cacophonie tumultueuse qui se jouait dans mon cœur sembla transparaître sur mon visage, puisqu'Erwin me regarda avec compassion, posant sa main sur mon épaule avant de monter dans sa calèche au coté de Mike, quant à moi, je partageais ma calèche avec Levi et Auruo, une version basse qualité et absolument pas crédible de Levi. La majeure partie du voyage se déroula dans un silence de plomb, pesant. Où je m'efforcer de dormir un peu, sans réel résultat. Le premier à prendre la parole fut Auruo, me faisant sursauter alors que je tentais de m'habituer au silence qui allait encore régner pendant plusieurs heures.

-Auruo
: Alors [T/p ], comment en es-tu arrivée là ? La cour de Sina ne se réuni pas pour rien en général.

J'hésitais pendant quelques secondes, puis me résignant, me décidant à lui dire la vérité. Il l'apprendrait lors du procès de toute manière.

- T/p : Je- j'ai entraîné mes amis hors du mur, et ils se sont tous fait tué.

Auruo me regarda, la surprise jaillissait de ses yeux et l'espace d'un instant, son regard se fut dédaigneux. Il fronça les sourcils et reprit sa contemplation du paysage, me lançant quelques regards en biais. Comprenant qu'il ne me reparlerait plus, trop occupé à me juger intérieurement, je baissais le regard, honteuse. L'idée que même Auruo qui, avant cette information, me considérait comme son égal, semblait maintenant éprouver une forte animosité, me fit réaliser combien ce procès semblait être joué d'avance.

Plus de 14 heures de calèche plus tard, le cocher nous déposa devant le grand palais de justice de Sina, le bâtiment était immense et de toute ma vie, je n'avais jamais eu l'impression d'être oppressée de la sorte, le bâtiment en briques blanches s'imposait parmi les habitations luxueuses de la ville. À l'entrée, deux gardes en uniforme nous attendaient de pied ferme. Leur attente paraissait durer depuis des heures, et pour cause quand ils nous virent ils semblèrent soulagés d'un poids qui les rongeait. Les gardes virent nous aider à descendre, et toute la pression que je m'efforçais de refouler depuis deux jours me revint en pleine tête, me rappelant du crime infâme que j'avais commis. Les larmes me montèrent et ce ne fût que quand Levi se posta devant moi que je sortis de mes pensées, sombres, et bien trop présentes à mon goût.

- Caporal-chef : Oï gamine, arrête de rêvasser, on doit y aller.

- T/p
: Oh, oui pardon, je réfléchissais.

Après avoir haussé les sourcils d'un air réprobateur, il s'éloigna, me laissant seule au milieu de la cour, la calèche s'éloignant peu à peu de nous. Je me hâtais de le rejoindre et fini par arrivée devant la grande porte en bois de châtaigner, elle paraissait si lourde qu'elle m'écrasa intérieurement de tout son poids, me rappelant le procès qui se déroulerait dans six jours.



A broken voice [LeviXtp]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant