Chapitre 43 : Noah

551 48 19
                                    

POINT DE VUE DE NOAH

Aujourd'hui est le dernier jour de l'année et surtout la fin du lycée. Je me sens stressé. C'est le dernier jour avant que tout ne commence réellement. Cela faisait plus de quinze minutes que je restais allongée sur mon lit à fixer le plafond. Le soleil qui venait de se lever illuminait ma chambre, comme pour me dire que cette journée allait merveilleusement bien se passer.

Seulement, je ne voyais pas du tout les choses de cette façon. Je savais ce qui m'attendait et je savais que plus rien ne serait pareil. Ce fut le cri de ma petite sœur, Ela, de son vrai nom Daniela, qui m'extirpa de mon lit. Elle devait sûrement se battre pour la énième fois avec mon père pour aller à l'école avec son chapeau de cowboy ridicule. Je me dirigeais vers ma fenêtre pour l'ouvrir. Il aura fallu seulement deux secondes aux oiseaux pour venir me casser les oreilles.

- J'en peux plus de cette campagne, soupirais-je.

J'en profitais pour cueillir une fraise à ma fenêtre. Je faisais pousser quelques plants dans un pot pas plus grand que le rebord de la fenêtre. Je me demandais encore comment j'avais réussi pour ne pas le faire tomber à terre. La fraise était délicieuse et j'en cueillis une autre que je gardais dans ma poche. Je laissais la fenêtre ouverte, malgré ma lassitude pour cet endroit, j'avais un faible pour l'odeur naturelle de la nature.

J'enfile mon t-shirt avant de sortir de ma chambre. Dans la sienne, ma sœur, du haut de ses huit ans, était toujours dans son argumentaire et expliquait pourquoi porter son chapeau était génial. Mon père, à genou face à elle, avait un visage dépité. Quand il m'entendit sortir, il tourna la tête dans ma direction et m'envoya un regard qui ne demandait que de l'aide. Je riais avant de prendre les escaliers. 

Je passais par le salon où se trouvaient mon frère cadet avec ma mère. Lui avec son bol de lait et elle avec son thé, chacun à lire son roman. C'était leur truc, tous les matins ils prenaient leur petit-déjeuner en silence dans le salon, et tous les soirs, ils passaient quelques minutes à discuter du livre qu'ils lisaient le matin même. Léandro était celui qui ressemblait le plus à maman. Je m'approchais de cette dernière pour déposer la fraise sur l'une de ses jambes.

- Bonjour, les saluais-je enfin.

- Bonjour, Noah, me répondit ma mère en lâchant des yeux son roman quelques secondes.

Léandro prononça un mot qui devait sûrement ressembler à un bonjour. Il avait ce don pour ignorer les gens sans même s'en rendre compte. A douze ans, il avait déjà une personnalité bien affirmée. Je marchais ensuite vers la cuisine où se trouvaient des pains au chocolat et des fruits. Rien ne me donnait envie. J'avais l'estomac totalement noué, je ne pouvais rien avaler. Je pris tout de même une poire pour éviter de trop questionner mes parents.

Alors que je retournais dans le salon, un monstre aux cheveux blonds était en train de courir entre les fauteuils, un cheval en plastique entre les mains. Il n'était que sept heures du matin et elle me fatiguait déjà. Mon père venait de descendre les escaliers et lui aussi, paraissait déjà épuisé par cette pile électrique.

- Tu ne manges que ça ? me questionna-t-il en voyant le fruit dans mes mains.

- J'ai pas trop faim ce matin.

- C'est ton dernier jour de cours qui te coupe l'appétit ?

- Sans doute.

- Ça va aller. Tu sais, la fin du lycée ne rime pas avec la fin de ta vie.

Si seulement il savait à quel point ça s'en approchait plus ou moins.

- Tu vas partir à la fac de droit, s'emportait mon père, tu seras en colocation avec Margo et Elliot ! Tu vas vivre les meilleures années de ta vie, Noah.

Immortel - "Seconde chance"- Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant