« Bon, ma biche ! T'es avec moi ou pas là ? »
Guillaume releva la tête en entendant Claude lui parler et éteignit son portable brusquement, de peur que celui-ci ne voit ce qu'il était en train de regarder. Mais que regardait-il en vérité ? Un écran complètement vide de tout message. Il n'y avait rien à cacher parce qu'il n'y avait rien à découvrir. La dernière fois, quand il avait essayé de réconforter Aurélien qui s'était mis à pleurer dans ses bras, ce dernier s'était endormi sous l'épuisement. Il l'avait amené à s'allonger sur le canapé en douceur et avait déposé la couverture avec laquelle il avait dormi sur ses épaules pour pas qu'il ait froid, avant de s'en aller. Il lui avait laissé son numéro de téléphone sur sa table basse, espérant qu'il lui envoie un message à son réveil, et effectivement quelques heures plus tard il en avait reçu un. Un simple merci signé de Aurélien. Ce n'était pas grand chose mais au moins, comme cela, il avait son numéro. Un lien, fragile, entre eux. Il lui avait aussitôt répondu, lui demandant s'il avait bien dormi et comment il se sentait, mais cette fois le plus jeune n'avait pas répondu à son message. Il avait été piqué par cette absence de réponse et ne lui avait pas renvoyé de messages pendant plusieurs jours avant de se dire que c'était justement ça qu'Aurélien espérait. Couper toute connexion entre eux. Parce qu'il avait peur. De quoi, il ne savait pas. Mais c'était hors de question qu'il le laisse s'éloigner, comme il lui avait dit serait le mieux pour eux. Alors il l'avait inondé de messages et à un moment donné, Aurélien lui avait répondu : S'il-te-plaît Guillaume, arrête. Je t'ai dit qu'on ne devait plus se voir. Ça vaut mieux pour toi, je te promets. Ce message l'avait mis en colère et il avait écrit à Aurélien qu'il voulait le voir et lui parler. Ce dernier n'avait rien répondu pendant de longues heures avant de lui dire qu'il serait au bar L'Embuscade le soir-même avec ses amis s'il voulait le voir. Son visage s'était illuminé d'un grand sourire en l'entendant parler du bar fétiche de son ami Claude où il avait l'habitude de passer tous ses jeudis soirs avec ce dernier. Finalement, on a peut-être plus en commun que ce qu'il pense. Il avait aussitôt appelé son pote pour lui dire de le rejoindre là-bas le soir-même et Claude avait rit, lui faisant remarquer qu'il y était déjà. Évidemment, c'était comme sa deuxième maison.
« Oh, Gringe ! Tu m'écoutes ou quoi ? lui dit d'ailleurs ce dernier à ses côtés, l'interrompant une deuxième fois dans ses pensées.
— Mm ? Ah ouais... Désolé, mon pote.
— Pourquoi t'es scotché à ton téléphone ? lui demanda Claude en lui balançant son poing sur l'épaule de manière joueuse. T'attends un message de la plus haute importance ou quoi ?
— Ouais, on peut dire ça... dit-il en venant se frotter l'épaule doucement. Je peux te dire un truc ? Tu me promets de le garder pour toi ?
— Est-ce que j'ai déjà dévoilé un seul de tes secrets, ma poule ? s'exclama Claude d'un air outré et il fit mine de réfléchir en croisant les bras.
— Laisse-moi voir... Jeudi dernier ?
— Oh ça va ! Ce n'était pas si important, non ? Et j'étais complètement fait...!
— Oui, oui, rigola-t-il, n'en voulait pas le moins du monde à son ami. Mais là, c'est vraiment important. Tu vois, j'ai rencontré un garçon y a à peu près deux semaines. Il était complètement fait après ce que j'imagine était une soirée et je l'ai raccompagné chez lui, afin d'avoir bonne conscience. Il m'a proposé de monter chez lui et j'ai accepté et —
— Vous vous êtes roulé une pelle ?! s'exclama Claude en l'interrompant et il fronça les sourcils.
— Euh, non...
— Attends, attends, vous avez fait pire ?! Quoi ?! Vous avez couché ensemble ?! Me dis pas que c'est ça ?! Je le savais mon pote, je suis tellement ému que tu te sois enfin confié à moi, dit Claude en faisant semblant d'essuyer une larme invisible au bord de ses yeux.
— Quoi ? Mais non ! Pas du tout ! T'as raté le moment où je t'ai dit qu'il était complètement bourré ou quoi ?!
— Ben, j'sais pas, hein, rétorqua Claude en haussant les épaules. T'es monté chez lui et là t'as l'air d'attendre fébrilement un message qui, je présume, ne peux venir que de ce garçon.
— Non, non... Enfin, si, dit-il et il se pinça l'arête du nez en soupirant. Ok, t'as vu juste sur un truc. On s'est embrassés. Enfin... Il m'a embrassé. Mais il était complètement bourré donc ça compte pas, je l'ai rassuré sur ce point. Mais... Je suis resté dormir chez lui ce soir-là, expliqua-t-il avant d'apercevoir le grand sourire sur les lèvres de son ami. Sur son canapé, je précise. Ne te fais pas de fausses idées. Et le lendemain, quand il s'est réveillé, il ne se souvenait plus de rien.
— Comment ça ? demanda Claude en lui lançant un regard perplexe.
— Le trou noir. Parce qu'il avait trop bu, sûrement. Donc en partie c'était bien parce qu'il ne se souvenait plus qu'il m'avait embrassé alors c'était moins gênant... mais en même temps...
— Il a cru que vous aviez couché ensemble c'est ça ?! s'exclama Claude en lui attrapant violemment le bras.
— Ouais... Mais c'est pas ça le problème. Il s'est excusé, comme il l'avait déjà fait la veille, et m'a dit que je ferais mieux de me tenir à distance si je ne voulais pas qu'il me fasse du mal. Il semblait terrifié de me blesser et je ne comprends pas pourquoi il pense cela. Je lui ai dit que j'avais envie de devenir son ami malgré tout et il s'est mis à paniquer de plus belle, répétant que je ne devrais pas, que ça finirait comme les dernières fois... Cette semaine, j'ai dû lui envoyer des dizaines de messages pour qu'il accepte enfin de me rencontrer et qu'on puisse parler. Il m'a dit de le retrouver ici et j'attends son message.
— Qu'est-ce que tu penses qu'il a ? Pour te repousser comme ça ? Tu lui as rien fait pourtant, non ?
— Ben non. Il a peur de me faire du mal, lui. Mais je comprends pas ce qu'il veut dire par là, dit-il en soupirant. En plus, si tu le voyais... Il a l'air tellement pur et innocent. Le genre qui ne ferait pas de mal à une mouche.
— T'es sûr que t'es pas amoureux, toi ? rit bruyamment Claude et il leva les yeux au ciel. Pour autant vouloir devenir son ami alors qu'il te repousse de toutes ses forces.
— Mais ta gueule, Claude. T'es con un peu, tu le sais ça ? marmonna-t-il alors qu'il voyait le visage d'Aurélien dans son esprit. Je suis sûr... qu'il en vaut le coup, c'est tout. J'ai envie d'apprendre à plus le connaître.
— Mouais. T'es amoureux, quoi. »
Il leva les yeux au ciel de nouveau et en détournant le visage pour scanner son environnement, ses yeux se posèrent soudain sur le plus jeune à quelques mètres de lui. Celui-ci était en compagnie d'un garçon et en plissant les yeux, il reconnut Julien, un ancien ami à lui du lycée avec qui il faisait souvent des soirées encore aujourd'hui. Surtout ici. Aurélien avait la tête baissée au sol comme s'il refusait de rencontrer son regard mais malgré tout, un grand sourire s'inscrivit sur ses lèvres en le voyant avec Julien. Ils avaient quelqu'un en commun. Et il était là. Il ne lui avait pas menti.
« Regarde, c'est lui, dit-il en murmurant à son ami à ses côtés sans jamais lâcher le plus jeune des yeux, un sourire s'inscrivant sur ses lèvres, et il sentit Claude faire un mouvement à ses côtés.
— Mm, qui ça ? Lui ? Aurélien, c'est ça ? Je le vois souvent traîner avec Ablaye et Matthieu. Ça doit être leur pote. »
Guillaume hocha la tête machinalement en entendant Claude parler de ces garçons qu'il ne connaissait pas vraiment mais qu'il savait être amis, plus ou moins, avec son pote. Encore mieux, pensa-t-il. La chance lui souriait. Pourtant, de là où il était, il vit Julien attraper brusquement le plus jeune par le bras et il se précipita vers lui en le voyant relever le visage d'un air effrayé.
« Eh ! Lâche-le tout de suite ! »
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Fiction OrelxGringe - Un cœur brisé.
FanfictionGuillaume rencontre Aurélien à l'arrêt du bus devant le ramener chez lui après une soirée. À partir de ce moment-là, le visage de l'autre garçon ne quittera plus ses pensées.