Partie 14 : La discussion.

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« Il fallait que je te parle... »

Le garçon se tourna vers lui en l'entendant s'adresser à lui et il déglutit en reconnaissant Julien. Il était donc bien venu à cette fête comme il le lui avait assuré.

« Aurélien. Tu es vraiment venu. Je pensais que tu te dégonflerais, tu vois comme quoi... »

Il serra les mains en poings, refusant de laisser les mots de l'autre garçon l'atteindre. C'était lui qui avait cherché à le voir après tout. Il savait à quoi s'attendre en lui proposant cette rencontre.

« Guillaume sait que tu es là ? lui demanda Julien d'un air innocent en s'adossant au plan de travail dans son dos. Tu es venu avec lui ?

— Non. Il m'a invité mais je ne lui ai pas dit que je venais. Je pensais bien que tu viendrais aussi et il fallait que je te parle.

— Vraiment ? Il ne sait pas que tu es là ? dit Julien en souriant d'un air qui ne lui disait rien de bon. Et qu'est-ce que tu avais à me dire de si urgent, Aurélien ?

— Je voulais te parler de lui justement. » dit-il alors qu'il essayait de rassembler tout son courage afin de ne pas se défiler devant le garçon qui avait fait de sa vie un enfer.

Par deux fois. Celui-ci plissa les yeux et lâcha le plan de travail dans son dos pour s'approcher lentement de lui.

« De Guillaume ? Vas-y, je t'écoute.

— Qu'est-ce que tu lui as dit sur moi ? Il m'a dit que t'avais essayé de lui expliquer ce que je refusais de lui dire. Et qu'il t'avait empêché de le lui dire.

— C'est vrai. C'est ce qu'il s'est passé, dit Julien en le regardant d'un air blasé.

— Pourquoi tu fais ça ? Encore... une fois ? Ça ne t'a pas suffit de détruire ma relation avec Arthur ? dit-il en serrant les mains en points plus fort encore alors que son cœur battait la chamade à l'intérieur de lui. Il faut aussi que tu détruises celle que j'ai avec Guillaume ?

— Contrairement à Arthur... Guillaume est mon ami, Aurélien. Je me dois de tout faire pour l'empêcher de souffrir inutilement, non ? Tu ne crois pas ?

— Arrête... Je sais que tu mens, dit-il alors qu'il sentait les larmes affluer à ses yeux. Tu te fiches bien qu'il souffre par ma faute. Tu préfères le faire souffrir toi. Pour être avec moi. Pour te venger. Tu veux me voir souffrir. Parce que je t'ai repoussé. »

Un rire clair s'échappa des lèvres de Julien et celui-ci lui jeta un regard amusé :

« Vraiment ? Tu crois vraiment que c'est ce que j'ai voulu faire avec Arthur aussi, Aurélien ? Ne me dis pas que tu as fini par croire en tes propres mensonges ? Je m'en fiche complètement de toi. Depuis que j'ai compris à quel point tu étais... cassé.

— A-Arrête, le supplia-t-il en l'entendant utiliser cet adjectif pour le décrire comme trop de fois il l'avait fait lui-même.

— Je me fiche de ta relation avec Arthur ou encore de celle que tu entretiens avec Guillaume. Mais par contre, pour être passé par là, je ne trouve pas ça très juste ce que tu leur fais. De te mettre avec eux sans leur dire la pleine vérité sur toi. Toi et ton petit problème. Ce n'est pas un petit problème, c'en est un gros, Aurélien, dans une relation et tu le sais. Et tu sais très bien que c'est à cause de ça qu'Arthur est parti, pas à cause de moi.

— N-Non... Ne dis pas ça... dit-il d'une voix enrouée de sanglots, entendant Julien lui dire tout ce qu'il avait toujours peur de se laisser croire.

— Ce n'est pas de ma faute s'il t'a laissé, seulement de la tienne. C'est trop facile de rejeter la faute sur les autres, lui dit Julien en s'approchant de lui et il se recula, à présent effrayé et le cerveau complètement retourné, ne sachant plus que croire. Et Guillaume, crois-moi, il te laissera aussi quand il sera au courant. Et quoi de plus normal ? Il a le droit de vivre une vie normale, non ? Toi, tu ne le peux peut-être pas mais lui, si. »

Il secoua la tête en sanglotant alors qu'il reculait à l'approche de Julien et il sursauta en sentant son dos percuter soudainement la table dans son dos. Il était pris au piège, incapable de repousser Julien ou même de s'enfuir.

« Et pour ta gouverne, Aurélien... Tu ne m'as pas repoussé. Tu n'en aurais jamais eu la force de toute façon. Et si je m'en foutais que tu rompes avec moi le lendemain, c'est parce que j'avais déjà eu ce que je voulais de toi.

— T'en avais pas le droit, sanglota-t-il alors qu'il commençait à se sentir mal, sa respiration se bloquant dans sa poitrine au souvenir. Je t'avais dit que je ne voulais pas...

— Et moi, je t'ai dit qu'il fallait se forcer dans la vie. Sinon, comment tu comptes savoir si tu aimes ou pas, hein ? Je trouve que j'ai été assez patient avec toi. Fallait bien te brusquer à un moment donné, non ?

— Arrête, arrête. Arrête de parler de ça... sanglota-t-il douloureusement et il sursauta en entendant la porte de la cuisine s'ouvrir soudain.

— Julien ? entendit-il dire une voix qu'il ne connaissait que trop bien à présent et il se tourna dans la direction de la voix, ses larmes bloquant sa vision de toute façon. Aurél ? Eh... Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? Pourquoi tu pleures ?

— Non ! »

Il sursauta en criant cela lorsqu'il entendit Guillaume se précipiter vers lui et s'enfuit en courant par la deuxième entrée de la cuisine. Guillaume lui cria de l'attendre mais il n'en fit rien, sa panique grandissant en lui à vitesse éclaire et son cœur s'emballant dans sa poitrine. Il fallait qu'il s'éloigne de lui. Julien avait raison, tout était de sa faute. Depuis le début.

Fiction OrelxGringe - Un cœur brisé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant