Partie 15 : La crise.

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« Aurél ! »

Il s'écroula auprès du plus jeune en le voyant à quatre pattes dans l'herbe, dans le jardin de son ami.

« Aurél, Aurél, regarde-moi, lui cria-t-il en voyant qu'il semblait avoir du mal à réguler sa respiration et il prit son visage dans ses mains afin de le forcer à le regarder. Respire, Aurél. Julien n'est plus là. Qu'est-ce qu'il t'a fait, bordel ?! ne put-il pas s'empêcher de s'exclamer en voyant l'état de détresse dans lequel était le plus jeune et celui-ci se mit à pleurer de plus belle en entendant le prénom de l'autre garçon. Non, non, non... Ne pense pas à lui, s'il-te-plaît. Je suis désolé, putain. Concentre-toi sur moi, d'accord ? Un, deux... Tu te rappelles comment il faut faire ? »

Aurélien secoua la tête vivement en l'entendant faire et il le sentit alors toucher son visage de ses doigts comme s'il ne le voyait plus. Et en voyant ses yeux remplis de larmes il réalisa qu'en effet, il ne n'arrivait sans doute pas à le voir.

« G-Guillaume... l'appela Aurélien en agrippant ses mèches brunes et il réprima une grimace de douleur.

— Aurél, je suis là. Je suis avec toi. Parle-moi, je t'écoute.

— D-Désolé pour tout, l'entendit-il lui dire d'une voix étranglée. Tu vois... je t'avais dit... que je te ferai souffrir...

— Non... Non, ne dis pas ça...! s'exclama-t-il en prenant son visage dans ses mains et Aurélien pleura de plus belle au contact avant de se jeter dans ses bras, lui coupant momentanément la respiration.

— Je suis cassé, je suis cassé, je suis cassé... »

Il resta complètement muet devant la phrase qu'Aurélien s'était mis à répéter en boucle tel un mantra alors que celui-ci le serrait de toutes ses forces contre lui, l'empêchant presque de reprendre sa respiration.

« Quoi ? murmura-t-il dans la nuit. Qu'est-ce que tu racontes ? »

Il se demanda si c'était sa rencontre avec Julien qui l'avait autant chamboulé, au point de se dire cassé. Il resserra son étreinte autour de la taille du plus jeune, même lorsqu'il arrêta de répéter les trois mots maudits à présent, et ne le lâcha pas.

***

« Aurél... Pourquoi tu es venu ? » lui demanda-t-il ce qui lui sembla une éternité plus tard et il sentit ce dernier faire un mouvement imperceptible dans ses bras bien qu'il ne lui répondit pas. Pourquoi... tu ne m'as pas dit que tu comptais venir ? »

Aurélien ne répondit rien encore un long moment et il eut peur qu'il se soit enfermé dans un de ses mutismes lorsqu'il l'entendit enfin lui répondre d'une petite voix presque imperceptible :

« Je devais lui parler.

— À qui ça ? Julien ? »

Aurélien hocha la tête dans son cou et il resserra sa prise sur sa nuque.

« Je croyais... qu'il te faisait peur. Pourquoi tu as cherché à le voir ?

— Je devais savoir... ce qu'il comptait te raconter. Sur moi...

— Aurél, je t'ai déjà dit que je ne comptais pas l'écouter. Pourquoi tu n'écoutes pas quand je te parle.

— Parce que je le connais. Il ne t'aurait pas laissé t'en aller sans te dire ce qu'il avait à te dire... Comme avec... Arthur. Il veut seulement se venger... Même s'il dit le contraire. »

Il resta silencieux, attendant qu'Aurélien développe, et celui-ci continua en effet :

« Mais il a raison au fond... Tout... est de ma faute. Je n'aurais jamais dû... te laisser m'approcher et encore moins t'éprendre de moi. Ou en tout cas, pas avant de te dire mon problème. Car c'est ça qui change tout. Et lui... Il a bien compris qu'il n'y a qu'une façon pour moi de le faire, sanglota Aurélien contre lui. Et c'est en m'y obligeant. En me forçant.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Qu'est-ce qu'il t'a forcé à faire ? balbutia-t-il, ayant peur d'avoir eu raison tout ce temps.

— Je ne peux pas... Je ne veux pas te le dire. Guillaume... pleura Aurélien. J'ai peur de tout te dire et en même temps... Je sais que si je ne te le dis pas... Que c'est pas juste envers toi... J'en ai marre de me taire de peur que tu me quittes... Si même on est ensemble déjà. Je ne sais pas... Mais tu me manques trop. J'en ai marre de rester éloigné de toi parce que j'ai peur de te faire du mal... »

Il comprit alors que si Aurélien était resté silencieux ces derniers jours, ce n'était pas parce qu'il était en colère contre lui mais parce qu'il s'était empêché tout simplement de rentrer en contact avec lui. Afin d'arrêter de le faire souffrir. Et cette pensée le rendit encore plus triste. Il imagina Aurélien dans son appartement qui s'empêchait d'appeler son numéro alors que chaque parcelle de son être le suppliait de le faire.

« Aurél... Tu es épuisé de te battre contre ce que tu veux au plus profond de toi. Ose me dire le contraire, dit-il en caressant ses cheveux et le plus jeune secoua la tête d'un air fatigué.

— Je t'aime. C'est ça la vérité. Mais tu le sais, Guillaume. Et chaque fois qu'on se voit... Ça m'épuise de me retenir de faire ce dont j'ai vraiment envie.

— Et qu'est-ce que c'est que tu as envie de faire vraiment ?

— T'embrasser, sanglota Aurélien et il haussa les sourcils, ne s'étant pas attendu à cette réponse. Je veux t'embrasser, plus que tout Guillaume... Mais c'est ça le problème... C'est que si je fais ça... J'aurais dépassé les limites. Je ne peux pas être égoïste comme ça en sachant pertinemment bien que tu voudras toujours plus ensuite. Parce que tu es normal. Je ne veux pas te briser le cœur, Guillaume, c'est pour ça que je me retiens en permanence. C'est pour ton bien et -

— Aurél, arrête de dire des choses comme ça, l'interrompit-il. Regarde-moi. Je vais t'embrasser. Maintenant. D'accord ? »

Aurélien secoua la tête d'un air fatigué et il décida de le faire quand même. Aurélien le voulait, autant que lui le voulait. Alors pourquoi se posait-il autant de barrières ? Il se pencha en avant et quand ses lèvres se posèrent sur celles d'Aurélien, il le sentit retenir sa respiration. Il l'embrassa comme s'il n'y avait pas de lendemain et quand il se recula de longues secondes plus tard, Aurélien était en train de pleurer. Il savait que ce n'était pas à cause de ce qu'il venait de faire mais plutôt à cause de ce qu'il se trouvait maintenant dans l'obligation de lui révéler. Si je t'embrasse, j'aurai dépassé les limites.

« Tu vas tout m'expliquer maintenant, hein ? murmura-t-il en laissant reposer son front contre celui d'Aurélien. Dis-moi que tu vas tout me dire, Aurél.

— D-D'accord...

— Tu me le promets ?

— Oui, vraiment... Mais pas ici... Chez moi plutôt. Si ça te va...

— C'est toi qui décide. »

Il se releva et présenta sa main au plus jeune pour l'aider à se remettre debout. Celui-ci le regarda un instant d'un air incommensurablement triste avant d'accepter sa main. Guillaume lui sourit lorsqu'il fut debout et prit son visage dans ses mains pour venir déposer un léger baiser sur sa joue. Aurélien rougit au contact et il le vit lui offrit un petit sourire intimidé. Il pensa qu'il devait se dire que c'était une des dernières fois qu'il l'embrassait ainsi vu qu'une fois qu'il lui aurait enfin révélé son secret ce serait fini. Il pensait qu'il allait s'en aller, s'enfuir devant sa révélation. Ça devait être évident à ses yeux. Mais jamais il ne ferait ça, il l'aimait trop pour ça. Peu importe son secret. Il s'en faisait la promesse.

Fiction OrelxGringe - Un cœur brisé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant