Partie 11 : Le souvenir.

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Le lendemain, quand il se réveilla, Aurélien fronça les sourcils en sentant son visage reposer contre quelque chose de tiède autant qu'agréable. Ça ne ressemblait pas à son matelas, se fit-il la réflexion et en sentant quelque chose lui caresser avec douceur le dos il ouvrit soudain les yeux en se rappelant à quoi cette sensation lui faisait penser. Le torse de quelqu'un avec qui on a passé la nuit. Il se redressa brusquement et tomba sur le visage de Guillaume qui lui souriait doucement :

« Tout va bien ? »

Il sentait son cœur battre la chamade à cause de cette sensation de bien-être qu'il n'avait pas ressentit depuis de longs mois et, alors que le souvenir d'Arthur s'immisçait dans son esprit encore embrumé, il se mit à paniquer. Il se leva brusquement du lit et allait s'enfuir de sa chambre lorsqu'il sentit la main de Guillaume le retenir avec force, ses doigts enroulés autour de son poignet.

« Aurél, qu'est-ce que tu as ? lui demanda Guillaume et il ne répondit rien, à court de mot et se contentant de secouer la tête d'un air paniqué. Ne pars pas, parle-moi plutôt. D'accord ? »

Il se mit à trembler malgré lui à l'idée que Guillaume et lui s'étaient réveillés dans le même lit ce matin et dut se faire violence pour ne pas lui crier de le lâcher.

« Aurél, eh... C'est moi, murmura ce dernier en s'agenouillant sur le lit et il le sentit lâcher son poignet avec délicatesse puis remonter le long de son bras avec sa main jusqu'à ce que celle-ci n'arrive à sa nuque. Il ne s'est rien passé hier soir si c'est ce qui te fait peur. Je t'ai promis de ne pas aller plus loin qu'un simple baiser sur la joue, non ? Tu te rappelles ?

— O-Oui... bredouilla-t-il alors que le regard soucieux de Guillaume plongeait dans le sien. Je me souviens, oui... »

Il vit Guillaume lui lancer un bref regard inquiet et il se dit que ce dernier devait penser qu'il avait des pertes de mémoires pour réagir comme ça à chaque fois qu'il dormait chez lui.

« Je... J'ai seulement paniqué. Je n'avais pas vraiment oublié, expliqua-t-il. Tout... va bien...

— Aurél... Tu me crois quand je te dis que je te ferai jamais rien, hein ? lui demanda alors Guillaume d'un air hésitant et il sentit son cœur rater un battement en entendant sa question. J'ai... compris qu'il fallait que j'y aille doucement avec toi, hein. Je ne vais pas te... forcer ou quoi... » lui dit-il en choisissant ses mots avec précaution.

Aurélien sentit son cœur rater de nouveau un battement en l'entendant dire cela et se demanda ce que Guillaume avait derrière la tête. Ce qu'il pensait être son secret. Il n'aurait pas dit ça comme ça sinon, non ?

« Je... Non, c'est pas ça, dit-il précipitamment, effrayé de lui mettre de fausses idées dans la tête. Pas du tout, non... »

Guillaume resta un moment silencieux avant de relâcher sa prise sur sa nuque et il le vit froncer légèrement les sourcils de manière confuse.

« Je ne comprends pas. Pourquoi tu t'obstines à mettre autant de distance alors...? murmura Guillaume et il lui sembla que ces quelques mots lui avaient échappés.

— Désolé... Désolé, Guillaume, murmura-t-il en l'attirant à lui dans un élan de courage. Je ne veux surtout pas te faire souffrir alors... si tu préfères qu'on en reste là, je le comprendrai... Je te promets, tu en as le droit.

— Mais... Qu'est-ce que tu racontes, Aurél ? En rester là de quoi ? »

Il se dit alors qu'il était ridicule de croire que pour Guillaume ce qu'il s'était passé la veille entre eux s'apparentait à un début de relation et se détacha brusquement de lui. Pour lui, ça l'était. Mais peut-être que pour le plus grand, c'était simplement un signe d'affection. Guillaume dut s'apercevoir de son désarroi car celui-ci se rapprocha de lui, toujours à genoux sur le lit, et passa une main dans ses cheveux avec délicatesse :

« Aurél. Est-ce que je peux ? »

Il hocha doucement la tête, pas très sûr de ce qu'il lui demandait, et Guillaume se pencha alors en avant pour déposer un léger baiser sur sa joue.

« Pas plus... qu'un baiser. N'est-ce pas ? Ça te va toujours ? »

Il sentit son cœur repartir alors que ce dernier s'était arrêté dans sa poitrine en sentant le baiser que le plus grand avait déposé sur sa peau. Et avec quelle douceur. Alors il hocha la tête et Guillaume lui sourit tendrement avant de se lever à son tour et de prendre sa main dans la sienne :

« On va déjeuner maintenant ? Tu as faim ? »

Il hocha la tête et offrit un petit sourire à Guillaume alors qu'une phrase jouait à présent en boucle dans son esprit : Il faut que tu lui dises. Avant que ce ne soit trop tard. Avant que Guillaume ne s'éprenne trop de lui et que son secret ne le blesse. Avant qu'il ne s'attache trop de son côté et que son départ ne le brise que plus encore. Il devait le lui dire. Et pourtant, quand Guillaume se tourna vers lui pour lui sourire, toutes ses bonnes résolutions s'évanouirent. Il avait bien trop peur de le perdre en lui apprenant la vérité.

Fiction OrelxGringe - Un cœur brisé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant