Partie 10 : Le baiser.

114 5 0
                                    

« Eh, Aurél... »

Lorsqu'il lui avait ouvert, Aurélien était resté figé devant lui sans rien dire et il avait alors aperçu ses yeux s'humidifier en le voyant.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ça a un rapport avec ce que tu as à me dire ? » demanda-t-il en s'approchant d'un pas pour pouvoir caresser tendrement la joue du plus jeune devant lui.

Il sentit Aurélien frissonner au contact entre ses doigts et sa peau froide et il lui sembla que sa joue était légèrement mouillée, comme s'il venait de pleurer. Pourtant celui-ci ne fit pas un geste pour se reculer. Il ne répondit pas à sa question non plus.

« Aurél, tu as pleuré ? demanda-t-il d'un air soucieux et il le vit hésiter avant de secouer la tête, les larmes lui montant aux yeux de nouveau. Oh, Aurél... Pourquoi tu me mens encore ? Je le vois bien que tu as pleuré... »

Il s'avança afin de pouvoir fermer la porte de l'appartement du plus jeune de sa main de libre et de l'autre, il vint glisser ses doigts dans les cheveux emmêlés d'Aurélien afin de l'attirer contre son torse. Aurélien se laissa faire et, tandis qu'il caressait ses cheveux tentant tant bien que mal de l'apaiser, il le sentit entourer doucement sa taille de ses bras. Ils restèrent ainsi un long moment, Guillaume s'étonnant encore une fois à quel point ces gestes tendres semblaient naturels entre eux alors qu'ils se connaissaient à peine. C'était seulement la troisième fois qu'ils se voyaient après tout. Des dizaines de textos échangés, en particulier de son côté, et trois rencontres en chair et en os, voilà tout ce qui les liait.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi tu pleures, Aurél ? lui demanda-t-il dans un murmure en caressant sa nuque avec délicatesse et il sentit le plus jeune frissonner dans ses bras.

— Est-ce que... c'est ton ami ? l'entendit-il murmurer contre lui et grâce à leur position, il sentit son cœur rater un battement dans sa poitrine lorsqu'il lui posa cette question.

— Qui ça, Aurél ? Qui est mon ami ? »

Aurélien ne répondit rien un petit moment avant qu'il ne l'entende murmurer Julien contre son torse et il se tendit en l'entendant parler de ce dernier alors qu'il ne se rappelait que trop bien de leur dernière rencontre.

« Julien ? répéta-t-il en amenant Aurélien à le regarder. Aurél, c'est juste un ancien ami à moi du lycée. On se voit de temps en temps lors de soirées mais rien de plus. Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'inquiète ? Tu as peur qu'il me dise quelque chose sur toi ? »

Devant l'absence de réponse du plus jeune il se dit qu'il avait vu juste et fronça les sourcils.

« Aurél ? Je te promets que je ne lui demanderai jamais rien sur toi. Je respecterai ton choix de ne pas me dire ce qu'il s'est passé entre vous, hein. Même si... Je ne comprends pas trop le rapport que ça a avec... le fait de me blesser si jamais je m'approche trop de toi... »

Il vit les yeux du plus jeune s'humidifier de nouveau lorsqu'il dit cela et il passa sa main sous son menton en le voyant se mordre fébrilement la lèvre inférieure, comme s'il se retenait de dire quelque chose qu'il ne devrait pas.

« Eh, Aurél... Qu'est-ce que tu te retiens de dire ?

— J'ai... J'ai peur de lui. » lui avoua alors Aurélien et il resta un moment figé, se demandant s'il avait bien entendu ce qu'il lui avait dit.

Aurélien explosa alors en pleurs et se hissa sur la pointe des pieds afin d'entourer son cou de ses bras. Il le sentit presque aussitôt enfouir sa tête dans le creux de son cou, comme s'il voulait se dérober à ses yeux, et le sentit le serrer contre lui de toutes ses forces.

« J'ai peur de lui. Parce que lui, il n'hésitera pas à te dire mon secret... Ou bien à me salir à tes yeux... À te faire croire que tout ce que je vais faire c'est jouer avec toi et tes sentiments. Alors que c'est précisément l'inverse que je veux. C'est pour ça que j'aurais dû maintenir la distance avec toi. J'aurai pas dû te laisser m'approcher autant... Mais je peux rien faire contre ça. Parce que c'est trop tard.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? dit-il, complètement perdu par le flot des paroles sans queue ni tête du plus jeune et il posa sa main sur sa nuque pour le maintenir contre lui délicatement. Qu'est-ce qui est trop tard, Aurél ?

— Je... t'apprécie, Guillaume, l'entendit-il murmurer dans son cou et il frissonna en sentant son souffle atterrir sur sa peau. Plus... que je ne le devrais... Déjà. »

Il sentit son cœur rater un battement en entendant les derniers mots d'Aurélien et le força à se redresser contre lui afin de le voir. Celui-ci lui lança un regard implorant et, après une hésitation, il se pencha vers lui pour déposer un minuscule baiser sur sa joue. Aurélien frissonna mais ne le repoussa pas et quand il se recula, celui-ci secoua la tête doucement, les larmes aux yeux :

« Tu ne devrais pas... Pas avant que je te dise... Mon problème.

— D'accord, dit-il simplement. Pas plus que ça. Ça te va ? »

Aurélien hésita, semblant se demander de quoi il voulait parler, avant de hocher lentement la tête. Il sourit alors et attrapa sa main dans la sienne avant de l'amener à ses lèvres pour l'embrasser doucement :

« Moi aussi... Je t'apprécie, Aurél. Et moi aussi, déjà. Tu n'es pas seul dans cette histoire. Et si tu le veux bien, je saurais être patient.

— Je ne sais pas... si je devrais... murmura ce dernier en rougissant doucement et il sourit en le trouvant adorable.

— Rien ne presse, Aurél. Doucement, d'accord ? On a tout notre temps. »

Aurélien lui lança un regard triste comme pour lui dire que ce n'était pas ça le problème et il l'entraîna jusqu'à sa chambre en voyant qu'il semblait épuisé. Aurélien parut paniquer lorsqu'il s'allongea sur son lit mais lorsqu'il lui fit un petit signe de la tête pour lui demander de le rejoindre, celui-ci s'exécuta, venant s'allonger à ses côtés et se blottissant contre lui.

« Je suis tellement désolé. » l'entendit-il murmurer après quelques secondes et il allait lui dire d'arrêter de s'excuser tout le temps pour rien quand il s'aperçut qu'il s'était déjà endormi.

Il se perdit alors dans ses pensées, son bras par-dessus la taille du plus jeune et ses doigts frôlant doucement ses mèches noires là où sa main était posée sur son dos. Il fallait vraiment qu'il arrive à lui faire comprendre qu'il n'avait rien à se faire pardonner. Ce serait son prochain but. Ça et lui faire comprendre qu'il pouvait lui donner toute sa confiance. Jamais il ne pourrait trahir cette dernière et il ne comprenait pas quel grand secret il pouvait cacher au fond de lui pour avoir aussi peur de le lui révéler. Quel secret pouvait l'empêcher de se lier d'amitié et d'amour avec d'autres personnes au risque de blesser ces dernières. Quel secret avait-il peur que Julien ne lui répète afin de le faire passer pour une personne sans cœur à ses yeux. Il ferma enfin les yeux, fatigué d'autant se creuser la cervelle. Il finirait bien par l'apprendre un jour.

Fiction OrelxGringe - Un cœur brisé. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant