Ici et maintenant de Ann Brashares

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Ce n'est pas juste. Humains contre moustiques. Qui devrait l'emporter ? 
Nous avons construit des fusées et des cathédrales. Nous avons composé des poèmes et des symphonies. Nous avons trouvé le moyen de voyager dans le temps. Et pourtant. Nous avons saccagé la planète pour satisfaire nos besoins [...]

Parfois, j'ai l'impression d'entendre exclusivement ce que nous ne disons pas. De penser seulement ce que je ne devrais pas penser et de me souvenir uniquement de ce que je devrais oublier.

J'imagine que la mémoire est un puits profond, on ignore ce qu'il contient tant qu'on a pas remonté le seau.

La vérité a une force unique. Contrairement au mensonge, elle se consolide avec le temps, et possède le pouvoir de lier les uns aux autres des sentiments et des idées disparates, ce dont nul mensonge ne serait capable.

Je sais que je devrais mentir. Ce serait plus facile pour nous deux. Mais j'ai pris goût à la vérité, ça me tourne la tête, je suis accro.

Si, par la force des choses, on compare sans cesse ce que l'on est à ce que l'on a été, il faut un réel effort d'imagination pour comparer ce que l'on est à ce que l'on pourrait devenir dans le futur.

Nous connaissons tous les règles. Nous y pensons sans cesse. Comment pourrions-nous les oublier ? Nous les avons apprises par cœur avant de venir et elles sont gravées dans notre mémoire par des répétitions incessantes.

- Tout le monde sait pertinemment ce qui va arriver. Avant de venir ici, j'imaginais que les gens de la fin du XXe et du début du XXIe siècle ignoraient le mal qu'ils faisaient à la planète car, sinon, pourquoi auraient-ils continué ? Pourtant, ils sont au courant. Ils ne savent pas en détail ce qui va arriver, mais ils en ont déjà une bonne idée. [...] Mais les gens d'ici ont une drôle de manière d'agir pour éviter le désastre. Ils organisent la journée mondiale de la planète et achètent des produits bio pour se donner bonne conscience. Comme s'il suffisait de porter des chaussettes en chanvre et de dormir dans des draps en coton produits sans pesticide pour y changer quelque chose. En revanche, personne ne s'attaque au plus important. Parce que ça leur coûterait trop. Personne n'est prêt a faire les sacrifices nécessaires.

Ce n'est peut-être pas la corruption ni l'avidité qui rendent lâche. Peut-être n'est-ce ni la faiblesse ni la souffrance ni même la peur. Peut-être est-ce simplement l'amour.

Quand on s'ouvre à quelqu'un, quand on ressent ce genre de choses, alors... qu'est-ce qui se passe ? On peut essayer de l'ignorer, mais on ne peut pas revenir en arrière.

Ce n'est pas parce que ça ne s'est pas encore produit que ça ne s'est pas produit du tout. C'est vrai. C'est réel. Je suis réelle. Je n'ai pas été fabriquée à partir de rien, sans racines, je ne flotte pas dans le cours du temps. J'avais une vraie famille. j'avais ma place quelque part autrefois.

Il faut sans doute penser comme eux pour les battre avec leurs propres armes.

Et si le futur ne voulait pas changer ? Si ce qui doit arriver devait arriver quoi qu'il en soit ? Et si nos faits et gestes n'avaient aucune influence, si ça ne faisait aucune différence qu'on soit des héros ou des lâches ?

Si l'un d'eux découvrait la vérité à notre sujet - même s'il paraît gentil et digne de confiance, il te détruirait, ils nous détruiraient tous jusqu'au dernier.

Au début, ils ont sans doute fait preuve d'un certain idéalisme, mais quand ils ont vu comme on était bien en sécurité ici, je pense que tous leurs idéaux se sont évaporés dans le confort. Ils ont fait de nous des parasites. Ils comptent trop sur le futur pour vouloir le changer.

Allongée là, dans le sable, j'imagine ce qu'est le bonheur. Pas une joie intense, trépidante, mais un bonheur complet, clair et sombre à la fois, une sensation presque douloureuse. Un prisme à travers lequel je peux contempler le monde entier. Que je peux étendre à d'autres lieux, à d'autres moments de la journée. Emporter dans ma poche comme une paire de jumelles, pour le sortir quand je veux, regardez au travers et me rappeler à tout instant que ce bonheur existe.

- Comment peux-tu dire ça ? Je ne suis même pas censé être née ! Ce n'est pas naturel. Le temps ne veut pas qu'on soit ensemble.
- Le temps ne veut rien. C'est toi qui l'as dit, il me semble.
- Oui mais…
- Nous sommes ensemble. Le temps ne décide pas de tout

Même le cœur brisé, nous tendons vers la vie. Nous tendons vers l'espoir.

Recueil de citationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant