Chapitre neuf

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Un contact humide contre mon visage me réveilla en sursaut. Je m'assis dans mon lit, arrivant à peine à ouvrir mes yeux, discernant peu à peu ce qui me léchait depuis maintenant dix bonnes minutes.

Un immense chien noir était assis à mes pieds et me fixait de ses grands yeux marrons, la tête légèrement penchée sur le côté, la langue pendante. Il aboya en me voyant me redresser et s'apprêta à me bondir dessus. J'eus un bref mouvement de recul. Il était vraiment très grand. Ses longs poils noirs, bouclés, lui tombaient devant les yeux et la taille de ses pattes devait s'approcher de celles d'un petit ours brun.

« - Sydney, » chuchota Thomas. « Sydney viens par là ! »

Le chien s'exécuta, secouant frénétiquement sa queue et bondit dans les bras grand ouverts de son maître qui bascula sur le dos sous son poids. Je jetai un rapide coup d'œil à Thomas pour le remercier mais il ne me regardait pas. Ses mains caressaient doucement le terre neuve qui se frottait affectueusement à lui. Puis le chien se mit en boule et se lova contre lui, la tête posée sur ses genoux. Il ferma les yeux pendant que Thomas le grattait derrière les oreilles.

« - Excuse-le, » murmura ce dernier, toujours sans me regarder. « Il est très curieux. Je crois que ça l'intriguait de voir quelqu'un qu'il ne connaissait pas dans mon lit. »

Je ne répondis rien, mon attention était plutôt portée sur mon mal de crâne qui commençait à se faire de plus en plus insistant. Je massai lentement mes tempes, les yeux plissés, ignorant les remontées acides qui me brûlaient l'œsophage.

« - Ça ne va pas ?, » s'inquiéta Thomas en fronçant les sourcils.

« - Si, si, ça va, » le rassurai-je d'un ton faussement convaincu.

Je me levai soudain et courus jusqu'à la salle de bain, la tête penchée au-dessus des toilettes. Je l'entendis accourir derrière moi afin de s'assurer que j'allais bien. Plié en deux, mon corps convulsait et je rendis tout ce qu'il me restait dans le ventre. Thomas était maintenant accroupi derrière moi et me frottait vigoureusement le dos. Un frisson me parcourut l'échine.

« - Ça va aller, Dylan. Arrête de résister. C'est toujours mieux dehors que dedans. »

Je fermai les yeux et appuyai péniblement mon front contre le carrelage froid du mur de la salle de bain. Mon mal de tête était toujours là mais je me sentais mieux. Je respirai vite et mon cœur cognait contre ma poitrine. J'avais l'impression qu'il allait exploser. De grosses gouttes de sueur perlaient sur mon front et je tremblais.

« - Bois ça, » m'ordonna gentiment Thomas en me tendant un verre d'eau.

Je lui obéis sans broncher et bus entièrement le verre qu'il m'avait donné. Il le remplit à nouveau.

« - On va aller se recoucher, hein, qu'est-ce que tu en dis ? »

Je hochai la tête et il me tendit une main afin de m'aider à me relever. Je me remis lentement debout, tanguant dangereusement mais il entoura ma taille de son bras et je m'appuyai sur lui. Il ne bougea pas mais je sentis les muscles de son dos se contracter sous mon poids.

« - Là... Dis-moi si tu ne te sens toujours pas bien, d'accord ? »

Thomas m'aida à me rallonger dans le lit et ôta lentement mon T-Shirt qui était trempé de sueur. Il épongea mon visage à l'aide d'une petite serviette et s'éloigna. Je gémis en protestation mais il me sourit gentiment.

« - Je vais juste te chercher un autre T-Shirt. Tu trembles. »

Une fois changé, il remonta les couvertures jusque sous mon nez et balaya une mèche de cheveux qui tombait mollement sur mon front.

Le dixième moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant