Chapitre trois

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« - Et ensuite ?

- Je l'ai raccompagnée chez elle, je t'ai dit.

- Oui, d'accord, mais quand vous êtes arrivés devant chez elle ?

- J'ai attendu qu'elle soit bien rentrée et je suis reparti chez moi. »

Nessim frappa du plat de la main sur la table ce qui me fit sursauter. Le verre de Naïma manqua de se renverser et elle jeta un regard noir à son frère.

« - Dylan ! », me réprimanda-t-il.

« - Quoi ? », me défendis-je.

« - Je t'ai donné l'occasion parfaite de lui parler de... »

Il jeta un bref coup d'œil à Naïma et Hugo qui semblaient plongés dans une discussion passionnante. Il reprit à voix basse.

« - De... tes sentiments. »

Il avait ridiculement appuyé la fin de sa phrase pour être sûr que je comprendrais où il voulait en venir. Je ris en levant les yeux au ciel.

« - Je lui ai caché mes sentiments », repris-je en insistant sur ce dernier mot d'un ton moqueur, « depuis trois ans. Je pense que je vais pouvoir tenir encore quelques temps. En plus, j'avais l'impression que j'aurais profité de sa vulnérabilité.

- C'est beau ce que tu dis, mon gars », railla Nessim.

« - Je suis sérieux ! Comme je te l'ai dit, elle était au bord des larmes quand elle m'a parlé de Florian. Elle est encore très triste de ce qu'il s'est passé.

- Écoute mec, je te connais depuis longtemps maintenant. Il y avait autre chose qui n'allait pas, pas vrai ?

- Peut-être, je... »

Encouragé par le regard rassurant de mon meilleur ami, je poursuivis.

« - Je ne le sentais pas. Je me sentais clairement mal à l'aise. J'étais super anxieux. »

Je marquai une courte pause durant laquelle Nessim pinça ses lèvres.

« - Je vois », finit-il par répondre. « Peut-être qu'il te faut juste du... »

Il s'arrêta subitement, ses yeux attirés sur un point derrière ma tête. Ses lèvres se fendirent en un large sourire.

« - Hé, salut Dana ! », s'écria-t-il en levant la main pour lui dire bonjour.

Je tournai la tête et l'aperçus arriver vers nous. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en un chignon posé sur le haut de sa tête, dégageant son visage fin et sa nuque encore bronzée par le soleil estival. Elle tenait dans ses mains un gros classeur. Je souris malgré moi et tirai la chaise à mes côtés.

« - Assieds-toi », l'encourageai-je avec un sourire timide.

« - Oh, c'est gentil. Mais en fait je voulais juste te parler, Dylan. En privé, si possible », rajouta-t-elle en jetant un coup d'œil à Nessim qui nous observait, la tête reposant sur son poing.

Je déglutis et jetai à mon ami un regard de détresse. Celui-ci détourna rapidement les yeux pour éviter mon regard implorant et me donna discrètement un coup de pied sous la table.

« - Oh, oui, bien sûr », répondit-il, « il en sera ravi. Je vous laisse parler dans le couloir », ajouta-t-il en désignant d'un geste l'arcade au fond de la cafétéria.

Il sortit un livre de son sac comme pour nous signifier que la discussion était close. Je voulus lui lancer un regard noir mais ses yeux étaient rivés sur son livre qu'il tenait à l'envers.

Le dixième moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant