Chapitre vingt-trois

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Il avait été beaucoup plus facile de rentrer dans l'école que d'en sortir. La fenêtre était haute et j'avais eu de la peine à me hisser jusqu'au dehors. Thomas, évidemment, avait réussi sans aucun problème.

Je tournais mon téléphone dans les mains depuis plus d'une demi-heure à présent, couché dans mon lit. J'hésitais à appeler Nessim pour tout lui raconter. Pas juste la nuit que j'avais passée aux côtés de Thomas, mais tout le reste. Il n'était finalement au courant que de quelques bribes qu'il avait entendu par-ci par-là, ou de choses qu'il avait pu remarquer dans mon comportement. J'étais tiraillé entre l'idée de tout lui dire afin d'obtenir de sa part des conseils avisés, comme il avait l'habitude de le faire, ou de tout garder pour moi. Car, quelque part au fond de moi, une petite voix me répétait que c'était juste entre Thomas et moi. Que ça nous appartenait et qu'on avait le droit de garder cela secret. Car, si j'avais terriblement envie de crier sur tous les toits mon amour pour lui, je savais que cela ne lui plairait pas, quand bien même il éprouverait la même chose pour moi.

« - Non, » me dis-je à moi-même. « C'est à moi. C'est à nous, et à personne d'autre. »

Et je posai mon téléphone sur ma table de nuit.

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On ne reparla jamais de la nuit à l'école, pas même le lundi lorsqu'on se retrouva au lycée. Thomas était à nouveau froid et distant. Je ne parvenais décidément pas à prédire ses réactions et ces dernières commençaient à m'agacer.

À la pause de midi, je m'excusai auprès de Nessim et allai le rejoindre à l'autre bout de la cafétéria, décidé à avoir une discussion sérieuse avec lui.

« - Je peux ? »

Je ne reconnaissais pas ma voix. Elle était dure et amère. Thomas ne réagit pas et hocha la tête.

« - Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu es comme ça ? »

Il haussa les sourcils.

« - Tu as préparé pour moi une nuit sous les étoiles. J'ai vécu avec toi la plus belle nuit de ma vie et tu agis comme si rien de tout ça ne s'était passé.

- Dylan...

- Bon sang, tu n'as aucun cœur ? Tu prévois tous les week-ends des escapades nocturnes avec des gens pour les ignorer ensuite ?

- Ce n'est pas ça...

- Alors qu'est-ce que c'est ?

- Pas ici, Dylan, s'il-te-plaît. Viens chez moi après les cours, si tu es d'accord, et on parlera de tout ça si tu en as envie.

- Si j'en ai envie ? On dirait que tu me fais une faveur mais que tout ça ne t'importe peu.

- Ce n'est pas le cas. »

Je pris une profonde respiration et sentis mon cœur ralentir.

« - Très bien. Dans ce cas, on se voit toute à l'heure. »

Je tournai les talons afin de ponctuer dramatiquement ma phrase et rejoignis Nessim qui nous regardait curieusement. Des regards s'étaient tournés vers moi mais je les ignorai.

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Je commençai à sentir une boule grossir dans mon ventre. Quelque chose au fond de moi me disait que Thomas avait de bonnes raisons d'agir comme ça et qu'il fallait simplement que je prenne mon mal en patience. Qu'avec le temps, il parviendrait à s'ouvrir un peu plus et à assumer ses sentiments. Mais, au fond, peut-être n'avait-il rien besoin d'assumer, puisqu'il n'éprouvait rien pour moi. À cette idée, mon ventre se serra d'avantage.

Le dixième moisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant