Histoires courtes BTS (Kim Taehyung)

Une seule solution ! (part 2)

Négligemment appuyée sur mon scooter, je vois la silhouette élancée du jeune Kim,  qui se rapproche à grands pas. D'un geste furtif, il ferme les derniers boutons de son grand manteau me coupant, par la même occasion, la vue sur la chemise cintrée qu'il porte. 

-Vous êtes en retard !

-Je ne suis pas en retard, mais pile à l'heure ! C'est toi qui est en avance, renchérit-il en consultant sa montre.

-Si vous le dites, capitulé-je en levant les yeux au ciel. Tenez, c'est pour vous.

Il ouvre le sac que je lui tends et prend un air dégoutté.

-C'est quoi ces fringues pourries ? Notre usine ne produit pas ça, alors pourquoi tu me les amènes ? Il fronce les sourcils, ne comprenant pas la situation.

-Je sais qu'on ne produit pas ça, c'est pour que vous les portiez !

-Tu veux que je mette ça ?! T'as complètement craqué ! Jamais tu ne me verras dans ces horreurs, c'est clair ! Il éloigne le sac de sa personne comme s'il contenait un produit toxique.

-Ce ne sont pas des horreurs ! C'est juste des vêtements que portent les gens plus ... ordinaires. Vous savez, ceux qui ont un compte en banque normal, ironisé-je. Mon frère n'a pas de maladies contagieuses alors vous ne craignez rien, si ça peut vous rassurer.

-Ton frère met vraiment ces trucs-là ?! Il grimace devant la paire de converses noires qu'il extirpe du sac en pinçant les lacets du bout des doigts. 

-De toute façon, personne ne vous connaît là où on va ! Et puis, je ne pense pas que vous vouliez abîmer vos précieux vêtements en grimpant sur cet engin avec.

Je désigne d'un geste mon véhicule, alors qu'il prend un air complètement choqué. On aurait dit que je viens de l'insulter de la pire des façons !

-Parce qu'en plus il va falloir que je monte là-dessus ? Hors de questions ! Il croise les bras sur son torse, l'air ferme sur ce qu'il avance.

-Bien ! Si vous préférez vous balader en tout "anonymat" en costard et avec votre jaguar dans mon petit quartier, surtout en cette période de tension, libre à vous.

Je lève les mains en signe d'impuissance devant son entêtement.

-On n'est pas obligé d'aller dans ton quartier, on peut simplement se contenter d'aller manger dans un petit resto tranquille, pour discuter. J'en connais un super bien en plus, je t'invite ! 

-Je regrette mais vous m'avez offert votre soirée, c'est moi qui décide, m'imposé-je.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux pendant quelques secondes. Secondes pendant lesquelles il semble peser le pour et le contre. 

Finalement, il fait demi-tour, non sans avoir souffler bruyamment.

-Donne-moi cinq minutes  !

                                                              *****

-Ya ! Je n'arrive pas à te voir, mais je t'entends. Je peux savoir ce qu'il y a de si drôle ?

Je pince mes lèvres entre elles. Arrêtée à un feu rouge, je profite pour croiser le regard noir du brun dans le rétroviseur. Je ne sais pas ce qui est le plus ridicule. Ses grandes jambes maladroitement posées sur mon petit véhicule, ses mains qui s'agrippent frénétiquement à ma veste alors que nous sommes à l'arrêt ou le t-shirt "Super Mario" de mon frère qu'il a enfilé sous le manteau marron emprunté à la même personne. Finalement j'imagine que le comble, c'est le casque, pas du tout glamour, qui lui donne l'air d'un aviateur de la première guerre mondiale.