Histoires courtes BTS (Kim Taehyung)

Blind Love (OS)

Los Angeles — L.A pour les intimes. Le rêve de nombreux étrangers qui fantasment sur la liberté que leur promet une installation dans cette grande ville américaine aux charmes infinis. De la télé-réalité aux grandes réussites entrepreneuriales, rien ne semble impossible dans cette ville ensoleillée de Californie.

Je ne fais pas exception à ces adeptes de l'american dream qui n'imposent pas de limites à leurs désirs, surtout professionnels. Si on m'interrogeait sur mon but dans la vie, officiellement et aux yeux de tous, il s'agirait de devenir manageuse pour marcher dans les pas de mon père et devenir son bras droit dans notre société d'assurance. Officieusement, je nourris le fallacieux espoir de réussir dans la photographie. Mais bon ... vivre dans une ville aussi libre, ne veut pas toujours dire l'être soi même.

Pour ma part, habiter parmi les palmiers légendaires de la grande ville ne me rend pas forcément plus maîtresse de mes décisions, ni de mes choix ou de mes actes. Fille unique d'une famille d'immigrés sud-coréens, le mode de vie américain n'a pas suffit à infléchir les coutumes de mon pays d'origine, ancrées au plus profond du cœur de mes parents et qui dictent encore nos habitudes de vie.

——

— Sérieux ? Ton père t'as encore fait le coup ?!

Les yeux écarquillés, Alison, ma meilleure amie depuis le collège, soit depuis mon arrivée sous ce soleil de plomb, peine à digérer le scoop que je lui livre.

Allongée sur mon matelas et la télécommande en main, la blonde se détourne de mon écran plat qui semble perdre de son attraction face à mon récit immersif.

— Attend, ton vieux est si pressé de te voir partir de chez lui ?

— Faut croire que oui, je déplore en prenant en grippe mon oreiller que je serre contre mon cœur.

— Mais ... tu vas y aller ?

—J'ai pas le choix Ali ... Si je n'y vais pas, il va m'incendier ! Tu connais mon père, il a menacé de ne plus me laisser aller à la fac si je refuse.

Les ongles déjà trop courts depuis toujours à force de les ronger, c'est à présent à mes cuticules que je m'attaque. Mes dents saisissent avec force la chair frontalière de mes ongles pour y exprimer toute la frustration que cette situation me procure.

—Mais il a pas le droit de faire ça, si ?

A présent la jeune femme se rapproche de moi et pose sa main sur la mienne, m'extirpant un soupir d'impuissance.

— C'est mon père, bien sûr qu'il a le droit.

— Et c'est quand cet énième rendez-vous arrangé ?

— Ce soir ! A vingt heures ! Je hurle dans mon oreiller en tapant du pied jusqu'à faire tomber ma couverture au sol.

Ces gestes capricieux font rire ma confidente qui s'allonge à mes côtés.

— Ben vois le bon côté des choses ...

— Parce qu'il y en a un ?

Curieuse, je retire l'oreiller de mon visage pour croiser la mine taquine d'Alison.

— Cette soirée arrivera vite et tu pourras passer à autres choses plus vite.

Nonchalante, elle hausse les épaules avant de se lever pour aller attraper une friandise sur mon bureau.