Chapitre 50 - La reine est morte, vive la reine !

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La silhouette de Valtor finit par tomber au sol ; s'évaporant dans une multitude de particules de poussières avant que tout son corps ne l'atteigne finalement. Je me tournais vers ma mère, c'est elle qui avait fait la majorité du travail. Mes pouvoirs n'étaient pas infinis, sans elle, jamais nous n'aurions pu vaincre Valtor.

- Maman ?

Ses genoux touchèrent le sol, son regard était aussi noir que de l'encre. Qu'était-il en train de se passer ? Je m'approcha d'elle, à bout de force. Sa tête posée sur mes genoux, je remarquais des larmes silencieuses couler le long de ses joues, elle semblait si triste mais pourquoi ?

- Olympe ma chérie, je t'aime et je t'aimerais toujours.

Son souffle était saccadé.

- Je ne veux pas que tu sois triste, nous avions de la chance, d'être réunis, elle sourit faiblement avant de reprendre. Sans toi, les mondes magiques n'auraient jamais pu être complets, ma fille, je suis si fière de toi, tu seras une excellente reine.

- Maman, non, reste avec moi, je t'aime maman, je ne veux pas être une reine maman, je veux juste être ta fille, maman, s'il te plaît, ne ferme pas les yeux, reste avec moi, reste avec moi ! Reste avec moi !

J'avais beau la supplier de rester en vie, près de moi, son souffle finit par s'arrêter, je ne voulais pas y croire. Ma mère ne pouvait pas être morte, pas en tuant Valtor, pas en m'ayant rejoint ici, tout ça, c'était de ma faute. Si je n'étais pas venue, jamais elle n'aurait mis les pieds à la Cité des Maux, jamais elle ne serait morte.

Ma pauvre maman venait de quitter ce monde, sous mes hurlements de douleurs, je hurlais à la mort, je voulais l'envoyer se faire foutre ; je voulais l'étriper mais comment étriper une chose si abject ? Une chose qui venait d'emmener ma mère dans un autre monde ? Comment allais-je faire sans elle ? Qui allait régner sur les royaumes ? Qui allait me dire de surveiller mon ton lorsque j'étais insolente ?

Elle venait de partir et pourtant elle me manquait tellement, les larmes roulaient le long de mes joues, je me détestais et je la détestais d'être morte aussi brutalement, je n'avais même pas eu le temps de lui dire au revoir dignement qu'elle s'était éteinte, sur le sol poussiéreux, dans mes bras.

Qu'allais-je faire sans elle ?

- Olympe,

La voix lointaine de Riven se fit entendre puis sa présence, par sa main sur mon épaule me fit sursauter ; tout le monde se trouvait autour de moi, formant un cercle. Je ne me souviens pas très bien de la suite, mon esprit avait volontairement coupé cette partie de mon cerveau, bien trop douloureuse à immortaliser. Tout ce que je savais en rentrant au château c'était que la reine de l'Eden n'était plus de ce monde.

Ma mère n'était plus de ce monde et ça, ça me paraissait insurmontable, j'aurais aimé pouvoir ne plus rien ressentir, juste quelques secondes, mon cœur se brisait en mille sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.

- Olympe.

Je n'avais pas entendu Saul entrer dans ma chambre et pourtant, il s'y trouvait, à quelques mètres de moi, j'avais pris une douche, changeant de tenue par la même occasion. Assise sur le rebords de mon lit, je laissais le professeur s'approcher : face à moi, il pointa son épée sur le sol puis se mit à genoux, paumes sur le manche de l'épée, tête baissée, je compris rapidement ce qu'il me faisait.

L'homme me faisait allégeance, me jurant silencieusement d'être à mon service, jusqu'à ce que mort s'en suive.

- Olympe D'Eden, je jure solennellement d'être toujours à votre service, quoi qu'il en advienne, que vous preniez le rôle de Reine des Royaumes qui vous revient de plein droit  ou que vous décidiez d'abdiquer, je serais à vos côtés comme j'ai été près de ceux de votre mère.

Une larme silencieuse roula le long de ma joue, que j'essuyais rapidement en me levant, le soldat fit de même ; me souhaiter allégeance à l'abri des regards était une bonne idée, on ne sait jamais quel ennemi pourrait se tapir dans l'ombre.

Le destin d'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant