Eleja Wilterson était lasse de toutes ces mondanités. Un verre de pétivigne dans sa main gantée, elle souriait pour faire bonne figure et tentait de donner le change en répondant des banalités à ses invités, qui n'étaient capables d'échanger que des platitudes.
N'en pouvant plus de tous ces sourires hypocrites et de ces faux semblants, elle prétexta un léger mal de tête pour sortir s'aérer l'esprit sur le balcon. Elle déposa sa coupe encore pleine d'alcool rouge pétillant sur le plateau d'un serveur qui était de passage, et le regarda partir à regret. Avec tout le stress qu'elle avait accumulé, une petite gorgée lui ferait le plus grand bien. Mais elle savait qu'elle ne pourrait pas se contenter d'une gorgée, et que ce breuvage la métamorphosait. Aussi résista-t-elle et elle sorti de la salle de réception.
Aussitôt, le froid de la nuit la saisie, lui mordant les joues, la laissant échapper un soupir d'aise. L'air de la salle bondée d'hommes d'affaires et de leurs épouses était étouffant et saturé d'odeurs artificielles, tandis que celui du dehors était frais, légèrement humide, et portait à son nez la senteur caractéristique de l'orage qui se préparait . Le calme du quartier résidentiel d'East Dives n'était troublé que par des klaxons et les rires de quelques passants, rentrant chez eux après la fermeture des derniers pubs.
Eleja sentait son cœur s'apaiser, et laissa son esprit divaguer quelques instants. Elle avait passé un temps fou à préparer cette réception et se sentait épuisée. Elle aurait tout donné pour regagner le fond de son lit. Cependant elle savait sa présence et son soutien indispensables à son mari, surtout ce soir.
Personne ne le savait, mais c'était en grande partie elle qui avait fait de Willow Wilterson l'homme qu'il était à ce jour, jusqu'à même lui donner le titre de comte. Certes, Willow était un inventeur brillant, charmeur et plein de ressources, mais lorsqu'elle l'avait rencontré il n'était pas à l'aise en société et ne connaissait rien au monde des affaires. Elle était immédiatement tombée amoureuse de cet homme maladroit, mais enthousiaste et déterminé.
Elle lui avait tout appris sur la façon de gérer une entreprise, l'avait mis en garde lorsque des contrats lui semblaient déséquilibrés, l'avait conseillé sur les matériaux sur lesquels misé. C'était elle qui l'avait incité à se tourner vers le marché des systèmes de sécurité, à une époque où les particuliers s'enrichissaient de plus en plus et où les vols se multipliaient. En plus de tout cela, elle avait écrit chacun de ses discours, organisé chacune de ses réceptions, et continuait encore à gérer les comptes de l'entreprise et son emploi du temps.
Ces derniers mois avaient été très difficiles. Willow s'était enfermé dans son bureau jour et nuit, pour mettre au point sa dernière invention, celle qui allait révolutionner le monde... Elle avait dû géré seule la grève des ouvriers engendrée par la délocalisation de certaines de leurs usines à Liang. Leurs concurrents avaient profité de la révolte pour débaucher des ouvriers qualifiés. La toute-puissance de W.W. Sécurité avait été sérieusement mise à mal et l'entreprise avait perdu beaucoup d'argent.
Eleja sentait une méchante migraine pointer le bout de son nez pour de bon. Des fois, elle se demandait pourquoi elle se donnait autant de mal ... Puis un éclat de rire lui fit tourner la tête, et tous ses doutes s'envolèrent. Au milieu d'hommes d'affaires en queue de pie sombres, Willow Wilterson resplendissait dans son audacieux costume blanc à la veste courte. Ses cheveux blond platine ébouriffés comme à son habitude, ses yeux noirs étaient plissés par un sourire franc et il s'amusait à divertir ses convives avec des anecdotes croustillantes sur ses nouvelles acquisitions à Liang. Il avait une aura resplendissante et une passion dévorante, ainsi qu'un charisme attractif à toute épreuve.
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La Bibliothèque d'Isodia
FantasiaKholm ne sait ni lire, ni écrire. Comme tous les citoyens des cinq royaumes. Depuis le Grand Effacement, il n'existe plus aucune trace écrite de quelque nature que ce soit, et les habitants de ce monde ont oublié ce précieux savoir. Pourtant l...