Le Nom qu'Elle m'a Donné 2 [Tokyo Ghoul Re:]

Chapitre 3.1

Elle la découvrait enfin, cette grande salle au brouhaha permanent qui renfermait son avenir de bonheur familial. Au milieu de la foule, Sana observait la décoration, derrière un cache-cou camouflant maladroitement son visage, d'un œil admiratif. Il n'y avait pas que ses futures retrouvailles avec sa bien aimée Maman qui la réjouissait. Tout ici bas, lui semblait extraordinaire. Un palace dont le moindre fauteuil paraissait coûter plus cher que son propre foyer. Une pièce à la hauteur si époustouflante qu'elle en oubliait presque ce qui allait s'y dérouler. Il ne pouvait pas y avoir plus beau décors pour abriter cette rencontre tant attendu.

La jeune fille s'autorisait déjà à rêver de cet instant, qui n'arriverait que dans plusieurs heures. Des secondes magiques, où, mère et fille, leur regard se croiseraient à nouveau après tant d'années. Ce moment où les sourires fendront les visages et où la joie exploserait en embrassades larmoyantes. Où la vie serait belle et où chacune raconterait à l'autre ce qu'il s'était passé durant tout ce temps de séparation. Où les erreurs du passé seraient enfouies sous l'amour et le bonheur du contact retrouvé. Oui, parce que si la brune avait à une époque oublié son existence, aujourd'hui, elle ne pouvait se souvenir d'autre chose que de son attachement pour celle qui l'avait élevée. Cette adoration inconditionnelle qui paraissait être le seul moyen de combler ce vide affectif qu'elle ressentait depuis quelques années. Maman était son remède. Maman était devenue, de nouveau, son univers.

Trépignant d'impatience, laissant s'exprimer son admiration, Sana paraissait alors tout sauf une menace pour quiconque. Elle avait pu pénétrer en ces lieux saints grâce à un duo qu'elle avait bien connu dans une autre vie. Hinami et Ayato. L'une ayant été sa voisine durant quelque temps, recueillie plusieurs mois par Toka, et l'autre, le petit frère de cette dernière, avaient rejoint un organisme de Ghouls prénommé l'Arbre Aogiri. Leurs activités n'avaient pas toujours étaient bien claires. Ils avaient notamment été à l'origine de l'enlèvement de Ken à l'époque où l'Antique était encore debout. Mais aujourd'hui, leur mission était noble : protéger leur cliente, Big Madam.

Si cette solution ne lui avait pas paru comme une évidence dès lors qu'elle en avait appris plus sur les enchères de ce soir, c'était, tout d'abord, parce que la brunette n'avait su qu'Aogiri serait de la partie que lorsqu'Uta lui en informa. Mais aussi parce que ses deux cadets, bien qu'ils furent si familiers à son encontre, n'étaient aujourd'hui à ses yeux que de vagues souvenirs de connaissances pratiquement insignifiantes. Par ailleurs, ce n'était pas sans culpabilité Sana avait retrouvé le duo et qu'elle avait dû faire face à la joie non réciproque d'Hinami de la revoir. Mais ses remords paraissaient bien loin maintenant que son excitation avait pris le dessus.

Aujourd'hui, elle était un membre de la garde rapprochée de Maman. Elle se devait de se montrer exemplaire pour ne pas s'attirer les foudres du digne petit frère de Toka. Cependant, ses yeux pétillaient déjà si fort qu'il était impossible de ne pas s'apercevoir de son manque de concentration.

« Eh ! Sazuki ! Tu m'écoutes ? »

L'interpellée étouffa un sursaut à l'entente de son nom, puis, aussitôt se retourna en direction de cette voix interrogatrice et sévère. Ayato l'avait repérée.

« Pardon, s'excusa-t-elle sans perdre une instant les étoiles qui brillaient dans ses yeux. C'est juste que, tout ça... C'est si impressionnant !
- Je suis d'accord c'est vraiment très beau, acquiesça Hinami, se postant à ses côtés. »

À la remarque de sa camarade, il se radoucit un instant. La jeune fille avait le don de le calmer en se gardant bien de faire de grandes choses. À croire que son doux visage l'apaisait.

« Oui, oui, c'est très joli, soupira le lapin. Mais on n'est pas là pour s'extasier devant les moulures du plafond ! »

Finalement, son minois se durcit de nouveau. Peinant à camoufler son exaspération, il croisait et décroisait les bras sans cesse, tentant de garder son calme tant bien que mal. Mais finalement, le jeune homme finit par attraper par les épaules la tête en l'air, source de son anxiété, plongeant son regard sombre dans le sien.