Chapitre 10

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Les jours étaient passés sans qu'aucun d'entre eux ne voient à nouveau le soleil. Le groupe de ghoul rescapé semblait condamné à vivre loin de la lumière du jour pour toujours. C'était ainsi. Déprimant, mais c'était le prix à payer pour rester en vie.

Sana, de son côté, était restée 48h entière enfermée dans la pièce qui lui servait de chambre. Personne ne savait trop quel chagrin la rongeait, mais ce qui était certain, c'était que leur situation n'arrangeait rien à son humeur. Muchi avait été accueillie par Toka et Ken et tous avaient continué leurs activités en tentant d'oublier la recluse colérique qu'était devenue leur amie. Peut-être aurait-elle pu rester cloîtrée le reste de sa vie ? Coincée entre quatre murs, là où personne ne venait lui reprocher quoi que ce soit, là où personne ne venait la faire souffrir. Seule. Elle était bien seule. N'est-ce pas ?

Seulement, à l'aube du troisième jour, alors qu'elle se faisait peu à peu à l'idée de ne plus jamais se lever de son lit de camp, le calme des souterrains se brisa. Des cris ? Non, des hurlements. Sortant de son état larvaire, Sana quitta son cocon non sans difficultés et se risqua à jeter un coup d'œil à l'extérieur. En glissant sa tête dans la galerie qui longeait sa chambre, elle aperçut l'une de ses camarades, dont elle n'avait jamais pris la peine de retenir le nom, se précipiter dans sa direction, paniquée. Ses pupilles dilatées et son air essoufflé lui donnait tout l'air d'un lapin pris en chasse. La brune se serait volontiers moquée d'elle si elle n'avait pas été curieuse des événements.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? l'interrogea-t-elle à la hâte.
- Les colombes ! répondit la jeune fille. Les colombes ! »

Une seconde et une explosion retentit non loin. Puis, au bout de la galerie où elles se tenaient, plusieurs têtes firent leur apparition. Son isolement fut entièrement rompu. Mais il n'y avait pas de quoi se réjouir. Les visages qu'elles découvrirent n'étaient pas ceux de leurs camarades. Encadrés d'un col gris, arborant un air tout aussi froid que déterminé, ces nouveaux arrivants ne cachèrent guère leur identité : des inspecteurs du CCG. Ils se tenaient prêt, arme à la main, s'imaginant déjà les découper en morceaux. Ils les avaient trouvé. C'était le moment où jamais de tous les exterminés. Seulement, ils ne s'attendaient sûrement pas à ce que l'une de leurs deux proies leur oppose autant de résistance.

Kagune déployé, Sana se battait avec rage contre l'envahisseur. Pour une fois, elle pouvait pleinement laisser exprimer tous ces émois qui la submergeaient sans cesse. Dans chaque coup, chaque attaque, elle mettait l'entièreté de sa frustration, de sa colère, de sa furie. Toute l'inégalité de ce monde, toute sa cruauté. Et dès lors que son arme éteignait sa cible, un sentiment de plénitude l'envahissait. Ces agents ne méritaient que la mort. Eux qui n'étaient rien de plus que l'incarnation de l'injustice qu'elle subissait. Eux qui ne souhaitaient que l'éradication des siens. Eux qui ne se comportaient même plus en être humain. Ils n'auraient pas le droit à la pitié, pas le droit d'être épargnés. Pour la première fois depuis longtemps, la brune s'était mise à frapper dans le but d'ôter la vie. Et cela aurait pu la terrifier si elle ne s'était pas sentie si bien !

Sur son chemin de tuerie, la jeune hybride avait fini par perdre la trace de la camarade qui l'avait accompagnée quelques instants. Mais à vrai dire, la brune s'en fichait royalement. L'appel du sang était si fort que rien ne comptait davantage que le nombre de victimes qu'elle ferait sur son passage. Elle les comptait. Deux, trois, quatre... Une pour chaque personne qu'on lui avait prise. Une pour chaque fois où son cœur avait été brisé. La précieuse notion de la vie n'avait plus aucune importance. On aurait cru qu'elle était retombée dans ses anciens travers, ceux qui l'avaient habité lorsqu'elle était encore cette enfant soldat élevée par Big Madam. Sauf qu'aujourd'hui, personne ne lui ordonnait de partir à la chasse. Personne ne lui demandait de se salir les mains. Elle ne songeait même pas à la culpabilité qui la rongerait une fois son carnage terminé.

Le Nom qu'Elle m'a Donné 2 [Tokyo Ghoul Re:]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant