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Les rayons colorés du soleil matinal envahissent peu à peu ma suite. Enroulée dans ma couette, je les observe danser avec les trous de mon volet. La poussière environnante scintille dans d'élégants mouvements circulaires. Mes yeux fatigués essaient de la suivre dans sa danse sensuelle. Pourtant, ils abandonnent vite, se refermant presque aussitôt. Je reste là, dans le noir de mes pensées, à me morfondre. Mon corps semble vide de toute force vitale. Je n'ai ni faim, ni soif, ni envi de dormir. Rien. Je veux juste rester là, dans ma couette, tout le reste de ma vie. Bon d'accord, c'est peut-être un peu exagéré. Je vais rester là, sans bouger, au moins tout le reste de la journée. Mon téléphone est étreint et ma porte fermée à clé. Je n'ai envie de voir personne. J'ai simplement besoin de rester là, dans mon lit. En réalité, je suis là depuis que je suis rentrée hier soir. Je n'ai que très peu dormi, voir même pas du tout, je n'en sais rien. Mais pourquoi suis-je dans cet état ? C'est une bonne question à laquelle j'aimerai pourvoir répondre. C'est drôle, plus je me la pose et plus j'ai du mal à y répondre rationnellement. Mes mains frottent délicatement mon visage pour tenter de me changer les idées. Inutile diront certains. Pas faux leur répondrais-je. Mes yeux s'ouvrent de nouveau. La lumière semble avoir changée. De sa couleur orangée initiale, elle semble être maintenant passée au jaune pâle. Je plisse un peu les yeux pour en être certaine. Non, en réalité c'est plutôt blanc. Me serais-je endormie ? Possible. Je n'en sais rien. Je ne me rends compte de rien. Mon esprit est en réalité ailleurs. Il est resté lors de ma soirée de hier. Il est encore là-bas, à ce moment. Des images d'une larme, sa larme, envahissent mon esprit déjà bien embrumé. Mon cœur se serre violemment. J'eus un sursaut. Dans un mouvement inopiné, ma main attrapa un des oreillers et le ramener vers ma poitrine. Mes jambes le rejoignirent et ma tête plongea dans son doux réconfort. Une larme solitaire coula le long de ma joue rosée par cette drôle de nuit. Je reste ainsi un long moment, à fixer le vide. Mon inconscient veut bouger mais bon corps refuse de lui obéir. Mes yeux se ferment de nouveau. L'atmosphère sombre de mon esprit m'engouasse. J'essaie de les rouvrir mais c'est un échec. Toutes mes forces m'abandonnent peu à peu. Je dois m'être endormi. Je ne sais pas. Mes pieds fourmillent. Je dois me lever. Mon corps roule dans le lit sans pour autant en sortir. La couette glisse peu à peu jusqu'à atteindre mes chevilles. Un frisson me traverse lorsque mes pieds touchent enfin le sol froid. Mes mains passent lentement sur mon visage. Ce geste naturel me procure une drôle de sensation de réconfort. Après avoir pris un peu d'élan sur mes bras, je réussi enfin à me lever et à faire quelques pas. La pièce est toujours dans la pénombre. Je traîne les pieds jusqu'à la salle de bain où je prends une très longue douche. L'eau chaude coule le long de mon dos et me ramène peu à peu à la réalité. La mousse dans mes cheveux me tombe dans les yeux et me pique. Super ! Je fini de me rincer et sors difficilement de la douche. À tâtons, je cherche la serviette et me frotte le visage. Puis je sèche mes cheveux et mon corps. Tout ça terminé, j'enroule cette dernière autour de ma poitrine et me penche vers le grand miroir. Mes yeux sont rouges. Génial ! Je tends un bras et attrape ma trousse à maquillage. Je m'applique une fine couche de fond de teint et un peu de mascara. Mais rien n'y fait, j'ai toujours une tête affreuse. Et c'est encore en traînant des pieds que je quitte la salle de bain en direction de la commode. Je ne me manque pas de me prendre un ou deux meubles sur mon chemin, car oui, la pièce est encore dans le noir. Je décide donc d'aller vers la fenêtre et d'ouvrir le volet. Je regarde ce fin rideau de fer se lever pour disparaître dans le plafond. Puis mon regard se pose sur le ciel. Il est d'un bleu étincellent. J'ai soudainement envie de sortir, de prendre l'air. Mais je me résigne et repart en direction de la commode. J'ouvre un tiroir et sors un jean délavé et partiellement troué. Je l'enfile en réfléchissant avec quoi le marier. J'opte finalement pour un sweat-shirt rose pâle. Je met une manche, puis l'autre pour enfin passer la tête. Mes mains lissent le tissu alors que je me dirige vers le miroir. Mon index caresse délicatement la petite rose brodée en haut du vêtement. J'aime beaucoup ce sweat-shirt. Je fais finalement demi-tour et retourne m'affaler sur mon lit. Mais mon regard se porte de nouveau sur la fenêtre. Une terrible envie de sortir me tiraille. Je me lève et avance lentement vers mon objectif. Ma main avance jusqu'à la poignée mais ne la saisie pas. Elle reste là, en suspension dans l'air, sans bouger. Je veux sortir mais en même temps j'ai peur. J'ai peur de le croiser. J'ai peur de ma réaction. J'ai peur de tout faire rater. Ma main fini par tomber le long de mon corps, comme résignée. Je soupire, ne quittant pas le ciel des yeux. Le soleil semble jouer avec les quelques nuages qui peuplent le ciel. C'est étonnant de voir un aussi beau ciel bleu, surtout pour un deuxième jour de décembre. Mon dieu, nous sommes déjà en décembre. Que le temps passe vite. Mais qu'ais-je fait pour que le temps passe aussi vite ? Mon coeur se serre de nouveau. Ethan envahi mon esprit fébrile. Je secoue mon inconscient, le suppliant d'arrêter. Pourquoi suis-je si mal ? Ma main se pose délicatement contre le verre froid de la vitre. Puis ma tête vint la rejoindre à son tour. Le froid éclair un peu mes pensées. Ma respiration se fait plus lente, plus maîtrisée. Je reprend le contrôle de mon moi intérieur. C'est tout de même plus agréable d'être de nouveau totalement maître de soi. Mes mains glissent dans mes poches et ma tête se relève difficilement. Le bout de mon pied tape lentement contre bas de la fenêtre. Que vais-je faire ? Je tourne finalement les talons et retourne sur mon lit. À peine ais-je eu le temps de m'asseoir en tailleur que mon ventre se mit à gronder méchamment. On dirai qu'inconsciemment, mon corps refuse de retourner au lit. Je me relève donc et me dirige vers le bar. J'ouvre un, puis deux, puis trois tiroirs. Tous vides. C'est également le cas pour le frigo. Rien. Je recule et m'appuie sur le bar en marbre. Un dilemme se pose à moi : commander ou sortir ? Dur de répondre. D'un coté je ne veux pas sortir de ma chambre sous peine de me mettre à psychoter. Et d'un autre, je refuse que Adam me voit dans cet état. Il ne manquerai plus qu'il prévienne Carole et les autres. Non, ça je ne veux pas.

My life at Royals 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant