Chapitre 1 un monde en ruine

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Des étendues de sable qui recouvraient cette terre aride et pauvre sur laquelle rien ne poussait ,

des grains ocres qui s'étendaient à perte de vue et se hissaient  jusqu'à la penaude ligne d'horizon ....

C'était là tout ce que Rim contemplait ...

Matin et soir , comme transporté par le reflet du soleil sur ces dunes de miel, et aveuglé par les rayons ardents qui s'y réfléchissaient.

Il était comme absorbé par ce paysage si chaleureux qu'il s'efforçait de reproduire sur la toile avec la plus grande précaution ...

Entre les dunes et les monts de sable s'élevait l'imposante forteresse de Tryonn. Place forte de grande envergure, aux tours solides et oppressantes par leurs aspects de monstres endormis, figés dans la pierre. Les courtines qui les reliaient les unes aux autres supportaient le poids d'un épais parapet, lequel était garni de scorpions entre les maints interstices qu'offrait le crénelage de sa muraille. On distinguait l'obédience de la place fortifiée aux bannières ardentes plantées au sommet des bretèches. L'on y lisait malgré les pliures dont le vent était le responsable, un champ de lys gueule ( rouge en héraldique ). Ainsi, depuis sa prise il y a quelques années de cela, à l'aube de la guerre civile impériale, la compagnie du lys de sang régnait sans partage sur le bastion et ses alentours. Rim en voulait presque à sa compagnie de ne pas avoir rasé Tryonn, insensible à la beauté de l'édifice, il jugeait que le château enlaidissait ce paysage si singulier. Un jour, alors qu'il effectuait ses corvées dans les greniers, l'idée lui passa par la tête de débarrasser le désert de l'affreuse citadelle en lançant un incendie dans le garde mangé. En outre le mercenaire estimait que le brasier aurait été un magnifique modèle pour ses peintures. La distance réduisait le château à un minuscule point noir détaché de l'horizon, on peinait presque à l'apercevoir. Trois jour de chevauchée le séparait de Rim, celui ci partait pour écumer un nouveau contrat avec le reste de sa compagnie, en revanche il gardait un œil chargé de mépris envers ce qu'il qualifiait comme désastre d'architecture.

Le reître fut soudainement extrait de sa rêverie par les aboiements insolites d'une voix qui lui était familière.

- Rim t'es encore là ?

L'interrogé n'y répondit rien.

La voix se rapprocha de lui. Il sembla au mercenaire qu'un regard indiscret observait le fruit de son labeur.

- Toujours plongé dans tes peintures à ce que je vois.

- Ça m'aide à oublier. Répondit-il sans détourner le regard de son ouvrage.

L'autre fit une pause. Puis il reprit plus lentement :

- Je doute que l'art soit en mesure de la faire revenir.

Le poing de Rim se crispa. Il fit volte-face pour découvrir le visage navré de Darquois. Son sourit habituel paraissait absent, il savait comme son ami souffrait, en revanche la propension de ses boucles d'or à s'imprégner des couleurs du jour, elle n'avait pas changé. Sa crinière d'or se fondait parfaitement à travers le décor.

- Va droit au but, que viens-tu faire ici.

- Lars a demandé ta présence, comme celle de tous les membres de la compagnie d'ailleurs, il aurait apparement un discours à faire.

- Il t'as envoyé me chercher j'imagine.

- Pas vraiment non, je me suis porté volontaire. Une telle mission nécessitait d'aller te dénicher dans ta cachette, seul un vrai trappeur en est capable. Si tu savais comme ton obsession à toujours vouloir rester en retrait du groupe agace le capitaine. Les deux boomerangs du mercenaire s'entrechoquèrent alors qu'il effectuait d'amples mouvements, faisant trembler son baudrier de légère vibrations.

Mercenaire le tribut du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant