Chapitre 6 : Vers l'ancienne muraille !

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Des collines escarpées et des montagnes recouvertes de mousse ; des forêts comblées de longs peupliers aux statures moroses, dont les branches à même de porter les milles et une nuances verdâtres qu'étais les feuilles et les bourgeons, s'imprégnaient des légers rayons du soleil.

Mais plus l'on s'avançait vers le cruel nord dont le chemin tracé des colonnes de cerisiers dénudés et de jonquilles noyées sous le puissant souffle glacial qu'étais le mistral, plus la nature autrefois si accueillante devenait du tout au tout d'une sauvagerie indescriptible.
Les parterres de fleur et les étendues de blés faisaient place aux marais des plus odorants.

Il se rapprochait de son objectif, Rim en était certain. Lui qui faisait si bien le lien avec son passé se trouvait confus. S'il connaissait par cœur ces routes et ces sentiers, cette nature envahissante et ces cerisier mourant, le mercenaire n'avait pas souvenir d'une si aggressive odeur de mort.

Quelques lieux seulement le séparait encore de la forteresse ; quelques pas seulement le détachait de la vérité.

La voilà ! Après avoir dépassé la petite ligne d'arbuste qui encadrait le chemin de terre battue, la petite équipée fut enfin en mesure d'admirer la merveille d'architecture défensive qu'on nommait l'ancienne porte.

Des tours hautes de plusieurs dizaines de mètres, cerclées par un nombre incalculable de machicoulis, une barbacane à en faire frissonner plus d'un, et de puissantes meurtrières. Des douves si profondes et de fossés garnis de pieux qui reflétaient à eux seuls le génie de leurs terrassiers. Enfin venait le rempart, solide et abrupte il avait été taillé à même le roc de la montagne.

Tous observaient le complexe sans dire mot, médusé par l'allure terrifiante de l'édifice.

Dans les comtes et les légendes qu'on lisait aux enfants afin qu'ils trouvent le sommeil, l'ancienne porte regorgeait de soldats, de vigiles et de sentinels. Aussi Rim trouvait l'endroit bien calme pour une place réputée la mieux gardée du continent.

-  Ne perdons pas de temps ! dit-il en s'avançant d'un pas décidé vers une petite porte à barreaux dissimulée dans la muraille.

Le reitre tira sur la poignée et poussa la porte d'un coup sec. À la grande surprise de toute l'équipe, elle s'entrouvrit en grinçant.

Rim dégaina sa lame, d'un bref regard il encouragea Darquois à faire de même. Prenant compte des avertissements, l'apprenti magicien tira sa dague.

Darquois fut forcé d'exploser la petite porte qui refusait de s'ouvrir complètement, afin de faire passer son énorme armure.

Le groupe pénétra un couloir sombre, uniquement éclairé d'une torche mourante.

Rim scruta l'horizon, il ne décela rien de plus que quelques tremblements chez ses coéquipiers.

Le regard frissonnant que portait le mage aux murs fissurés et aux statues de gargouilles trahissait sa crainte.

Rim lui tapota sur l'épaule pour le rassurer.

- Tout va bien, ne t'en fais pas.

Les tunnels fantomatiques le terrifiaient.

- Allez t'en fait pas Klyan, t'en fais pas ; tout va bien ! répétait-il doucement

Ça devait surement être son nom, après tout il n'avait jamais voulu nous le révéler. Pensa Rim

Se hissant jusqu'à l'étage supérieur, grace à un escalier en colimaçon, le petit groupe déboucha sur le chemin de ronde. Longeant le rempart, Darquois guettait l'arme à la main, en quête du moindre signe de vie.

Il n'y avait là rien de plus que des milliers de maccabés étalés les uns sur les autres, des échelles brisée et des bannières baignées de sang.

La légion de granite avait été entièrement décimée. Tous ses membres avaient défendus la porte fortifiée au péril de leur vie.

Rim cherchait du regard un éventuel survivant.
Ses yeux se posaient tantôt sur les visages, semblables à des masques mortuaires, de ses anciens équipiers, tantôt sur celui de recrues qui lui étaient inconnues.

L'odeur de la mort devint très vite insupportable, Klayan enveloppa son visage de son écharpe en laine.

Quant à son camarade mercenaire, un cadavre attirait particulièrement son attention. Il s'agissait de Sire Antoine, son ancien chef de bataillon.
Le commandant avait prit de l'âge depuis que Rim l'avait vu pour la dernière fois. Son air grondant quant à lui n'avait pas changé avec le temps. Le reitre profita de son éternel sommeil, pour le fouiller, et s'emparer de sa bourse.

La mélancolie de tous ces souvenirs qui remontaient en lui se mêlaient, indéniablement à l'horreur qu'il éprouvait en constatant cette triste scène.

- Venez voir ! S'écria Darquois, son doigts osseux désignant un écu marqué des armes d'Albionne.

Le cobra se retrouvaient sur des centaines d'écus, de bannières et de cadavres ...

- Mon maitre avait raison ! L'ancienne porte est tombée ... ! laissa échapper le jeune mage indiscrètement

Telle était la vérité, si bien défendue soit-elle, la porte avait cédé aux offensives de ses assaillants. Carcasses et cadavres jonchaient le sol, baignant pour la plus part dans un sens à demi sec semblable à du carmin. Devant cette abominable spectacle, Klayan était au bord de la suffocation.

Le jeune homme se bouchait le nez pour protéger ses narines de l'odeur affreuse qui émanait des corps, ses traits étiré par une telle vision d'horreur miroitait son état intérieur.

- Rim. Souffla Darquois, il vaudrait mieux rentrer, nous n'avons plus rien à faire ici.

Le mercenaire acquiesça, lui même commotionné par la scène à laquelle il avait eut le plaisir d'assister. Il ferma les paupières d'un de ses ancien camarades avant de quitter le bourbier sanglant.

Alors qu'il s'en retournait au souterrain, le reitre remarqua que Klayan demeurait figé au chevet d'un cadavre. Les yeux écarquillés, il inspecta les plaies, tata les blessures et dégagea la javeline qui lui perçait le torse.

Rim lui fit signe. Il détourna la tête. Darquois du le prendre à bras le corps pour enfin l'éloigner de ce maccabé sanglant aux flancs ouverts de longues griffures.

Rim sangla la scelle de sa monture. Il en délia ensuite la bride de l'arbuste auquel il l'avait attaché et caressa sa crinière amicalement.
Les trois hommes enfourchèrent leurs destriers et partirent au grand galop en direction du campement. La nouvelle devrait être livrée dans les plus brefs délais.

Klayan restait silencieux, il projetait son regard sur l'ombre de la forteresse qui disparaissait au loin, muet aux question de ses camarades.

Mercenaire le tribut du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant